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LES VOIX DU POÈME EN FRANÇAIS - sommaire
PRINT POÈTES 2013 : LES VOIX DU POÈME EN FRANÇAIS
La plupart des textes publiés n'ayant pas fait l'objet d'une demande d' autorisation, les ayants droit peuvent nous en demander le retrait.
- Les textes mis en ligne sont antidatés pour le rangement, ne pas en tenir compte !
- Les textes sont présentés dans leur orthographe originale.
Lieucommun n'appliquera pas davantage dans la présentation et les commentaires, les nouvelles révisions orthographiques sensées simplifier l'écriture, mais qui ne sont pas encore généralisées dans les écoles.
Les puristes corrigeront aussi les erreurs et les fautes de frappe ! (n'hésitez pas à nous les signaler en commentaire)
"De ma vie je n'ai jamais vu
Plus beau visage que sa voix (…)"
(Angèle Vannier, Poèmes choisis 1947-1978, Rougerie, 1990)
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"Les voix du poème"
15e Printemps des Poètes : "Les voix du poème"
DU SAMEDI 9 AU DIMANCHE 24 MARS 2013
"Dès sa naissance, au début des temps humains, la poésie est une parole levée. Qu'il soit murmure, cri ou chant, le poème garde toujours quelque chose de son oralité native. Il est donc peu ou prou une affaire de voix, la voix intérieure du poète répondant aux voix du monde".
la suite ici : http://www.printempsdespoetes.com" - Jean-Pierre Siméon, directeur artistique du Printemps des Poètes
- pour illustrer le thème LES VOIX DU POÈME, lieucommun propose un éventail de textes
sur le thème de la communication à haute voix, parfois sous forme de dialogues, de conversations - adaptés aux niveaux des classes de l'école primaire, et d'autres textes peut-être plus difficiles d'accès.
Quelques propositions de production d'écrit accompagnent les textes.
- "lieucommun" reprend dans ces catégories nouvelles une partie des propositions de création
poétique dont l'ensemble est ici >> PRINT POÈTES 2009 : L'HUMOUR des poètes
PRINT POÈTES 2013 : LES VOIX DU POÈME EN FRANÇAIS
- - - - SOMMAIRE - - - -
(choisir le texte et cliquer sur le n° de page)
<< ce logo signale des propositions de création poétique liées aux textes d'auteurs
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- page 1 (vous y êtes, déroulez la page)
- COMPTINES, HAÏKUS, CHANSONNETTES
comptines - avec les notes de la gamme, avec les jours de la semaine, avec les saisons , avec les mois, numériques, alphabétiques, sur les personnes et les choses, diverses, comptines d'auteurs
haïkus
- chansonnettes, chansons de divers auteurs
poèmes d'auteurs
poésies et chansons
des auteurs et interprètes de chansons sur le thème de l'enfance (PP 2012)
sont rangés ici (cliquer sur le nom) :
page 1
A B C D
- Corinne Albaut - Pierre Albert-Birot - Alphonse Allais
- Charles Baudelaire - Pierre Béarn - Guy Béart (ci-dessus) - Michel Besnier - Christian Bobin - Alain Bosquet - Alain Boudet - Jacques Brel
- Hélène Cadou - Maurice Carême - Anne-Marie Chapouton
- Jacques Charpentreau - Malcolm de Chazal - Andrée Chedid - Paul Claudel
- Robert Clausard - Pierre Coran
- Charles Cros
- Yvan Dautin - Luc Decaunes - Lise Deharme - Lucie Delarue-Mardrus - Marc Delouze
- Henri Dès - Robert Desnos - Jean-Pierre Develle
E F G H I J K L
- Michel Deville, Maurice Donnay
- Paul Éluard
- Pierre Ferran - Maurice Fombeure - Xavier Forneret
- Georges Fourest - André Frédérique
- Pierre Gamarra - Robert Gélis
- Claire Goll - Luce Guilbaud - Guillevic
- Jacqueline et Claude Held - Henri Heurtebise
- Max Jacob, Georges Jean
- Jean L'Anselme - Boby Lapointe - Michel-François Lavaur
- Madeleine Le Floch - Madeleine Ley
L M O P Q R
- Jean Lescure - Bernard Lorraine
- Gabriel Macé - Jean-Hugues Malineau - Pierre Menanteau
- Henri Michaux - Michel Monnereau - Jean-Luc Moreau
- Carl Norac - Géo Norge
- René de Obaldia
- Louisa Paulin - Georges Perec - Benjamin Péret
- Francis Ponge - Christian Poslaniec - Jacques Prévert
- Raymond Queneau
- Jules Renard - Yak Rivais - Ghislaine Roman
- Jacques Roubaud - Jean Rousselot - Claude Roy
S T U V
- Joël Sadeler - Gilbert Saint-Pré - Paul Savatier
- Philippe Soupault - Lucie Spède
- Jean Tardieu - Tristan Tzara
- Paul-Vaillant Couturier, Boris Vian
- Louise de Vilmorin - Paul Vincensini
- le sommaire est susceptible d'évoluer -
PP 2013 - comptines chansonnettes
PRINT POÈTES 2013 : LES VOIX DU POÈME EN FRANÇAIS
COMPTINES à dire ou à chanter
Quelques comptines ou petits poèmes à murmurer ou à dire à haute voix, en conversation, en chanson, ou juste pour jouer à s'écouter avec les assonances ...
certains textes se trouvent déjà dans les catégories du printemps des Poètes des précédentes éditions, et les titres sont pour la plupart suggérés.
Le cheval de bois
Dame, belle dame, au pas grave et lent,
Une, deux,
De ton fier cheval, de ton cheval blanc,
Sans me regarder, tu vas fièrement,
Une, deux.
Si je le voulais, j'irais comme toi
Une, deux,
Sur un vrai cheval, mais le mien, à moi,
M'obéit bien mieux, car il est en bois.
Une, deux.
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Une souris verte
Une souris verte,
Qui courait dans l'herbe,
Je l'attrape par la queue,
Je la montre à ces messieurs.
Ces messieurs me disent :
" Trempez-la dans l'huile,
trempez-la dans l'eau,
ça fera un escargot tout chaud !
Traditionnel
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C’est qui ?
C’est la poule grise,
Qui pond dans l’église,
C’est la poule noire,
Qui pond dans l’armoire,
C’est la poule brune,
Qui pond dans la lune,
C’est la poule blanche,
Qui pond sur la planche.
Comptine traditionnelle du Périgord
Comptine "C'est ... qui..."
Répétition de la même structure, jeu avec les rimes et les assonances.
exemple : Drôles d'oiseaux
C'est le moineau / Qui fait son nid dans un tonneau
C'est l'alouette / Qui fait son nid dans la brouette
C'est ...
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Deux comptines qui jouent sur les sonorités :
Amstramgram*
plouf plouf
amstramgram*
pique et pique et colégram
bourre et bourre et ratatam
amstramgram
*variante :
Am, stram, gram
Am, stram, gram
Pic et pic et colégram
Bour et bour et ratatam
Am, stram, gram
Comptine traditionnelle
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Timélou lamélou
Timélou lamélou
Panpan timéla
Padi lamélou
Coucoudou
La baya
ah!
Comptine traditionnelle (datée de La Belle époque)
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Un petit bonhomme
Un petit bonhomme
Assis sur pomme,
La pomme dégringole,
Le petit bonhomme s’envole
Sur le toit de l’école.
Traditionnel
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Les mensonges
Ah ! j'ai vu, j'ai vu.
Compèr' qu'as-tu vu ?
J'ai vu une vache,
Qui dansait sur la glace,
À la Saint Jean d'été.
Compèr' vous mentez.
Ah ! j'ai vu, j'ai vu.
Compèr' qu'as-tu vu ?
J'ai vu une grenouille,
Qui faisait la patrouillle,
Le sabre au côté.
Compèr' vous mentez.
Ah, j'ai vu j'ai vu
Compèr' qu'as-tu vu ?
J'ai vu un loup,
Qui vendait des choux,
Sur la place Labourée*. * variante : "du marché"
Compèr' vous mentez.
Oh, j'ai vu j'ai vu
Compèr' qu'as-tu vu ?
J'ai vu une anguille,
Qui coiffait sa fille,
Pour s'aller marier.
Compèr' vous mentez.
Chanson-comptine traditionnelle du XVIIIe siècle
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Jamais on n'a vu...
Jamais on n'a vu
jamais on n'verra
la queue d'une souris
dans l'oreille d'un chat, chat, chat.
Comptine traditionnelle
Il y a de nombreuses variantes, en voici une, chantée,
avec répétition des finales, dont il existe
de nombreuses variantes:
Jamais on n'a vu vu vu
Jamais on n'verra ra ra
Un petit chien chien
Porter des lunettes
Jamais on n'a vu vu vu
Jamais on n'verra ra ra
Le nez d'une souris ri ri (ou un' petit' souris, ou la queue)
dans l'oreille d'un chat cha cha.
Comptines sur les modèles "Ah j'ai vu, j'ai vu..." et "Jamais on n'a vu ..."
"Ah j'ai vu, j'ai vu..."
Le premier modèle compose un dialogue, dont on peut garder le personnage ou lui donner un nom (Compère est un vieux mot), remplacé par X dans l'exemple qui suit. Les deux premiers vers riment (loup/chou ; vache/glace - assonance) et le dernier vers du mensonge devra rimer si possible en "é" avec "mentez". On acceptera, puisqu'elle est dans la version originale, l'apparente contradiction entre le tutoiement et le vouvoiement.
Une autre option consiste à ne pas utiliser la forme dialogue à chaque strophe, mais une suite de "mensonges" qui réunit toutes les productions retenues. On peut alors introduire la comptine par Compèr qu'as-tu vu ? , énoncer la suite de mensonges, et terminer par Compèr' vous mentez.
Ex : Ah ! j'ai vu, j'ai vu... / X qu'as-tu vu ? /
J'ai vu une poule /qui jouait aux boules /avec un oeuf carré /
X vous mentez
"Jamais on n'a vu ..."
La rime ici est un son voyelle commun à deux finales de vers. Sur cette structure question-réponse : Jamais on n'a vu, vu, vu, jamais on n'verra, ra, ra... on pourra proposer un jeu phonologique oral avec des sons voyelles (a, i, o, u , ou...). Les mots seront regroupés par rime commune. On cherchera à construire des situations impossibles et amusantes, comme dans la comptine.
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2. Comptines d'auteurs divers :
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Les trois classes
Dans la classe
de Monsieur Leblond,
On cultive des potirons.
Dans la classe
de Madame Levert
(...)
- La suite plus bas au paragraphe Corinne Albaut , avec des idées pour la création poétique.
Corinne Albaut ("Comptines pour la rentrée des classes" - collection "Les Petits Bonheurs", Actes Sud Junior, 1997)
De "Corinne Albaut", aussi, la comptine "Sept jours sur sept" avec d'autres idées pour la création poétique" :
Sept jours sur sept
Sept jours, dans la semaine,
Pour porter tout ce que j'aime.
Lundi, mon tee-shirt canari,
Mardi, mon pull gris souris,
(...)
- La suite plus bas au paragraphe Corinne Albaut , avec des idées pour la création poétique.
Corinne Albaut ("Comptines pour compter" - collection "Les Petits Bonheurs", Actes Sud Junior, 1997)
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On trouvera le texte intégral de cette comptine au paragraphe Robert Gélis :
Alphabet
A B C D
Je ne veux pas céder !
E F G H
Il faut que je me fâche !
I J K L
Cette sacrée demoiselle
... pour la suite voir Robert Gélis
Robert Gélis ("En faisant des galipoètes" - Anthologie de Poche - Éditions Magnard, 1983)
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Comptine du trappeur (début du texte)
Toi, renard bleu,
je t’aime un peu.
Toi, castor blanc,
passablement.
...
Bernard Lorraine - voir le paragraphe de l'auteur pour la suite
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Les petits lapins
Deux petits lapins,
quatre pommes de pin
ont déjeuné à Moscou,
ont soupé à Tombouctou,
sont rentrés coucher
chez
nous.
Guy-Charles Cros
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Le clown Coquelicot
Un clown rigolo
Qui s'appelait Coquelicot
Je lui donne une claque
Ca le rend patraque
Je lui donne un baiser
Il tombe de côté
Il tombe sur un os
Ca lui fait une bosse
Il tombe dans le feu
Ca lui fait des bleus
Ouie ! Aïe ! Ca me fait mal !
J'ai le nez qui mouille
Comme une grenouille
Roland Topor (dans "60 poèmes et 60 comptines" - éditions Le Centurion)
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Cache-cache
Dans la maison
Broute un bison.
Dans le buffet
Rit un orvet.
Dans le tiroir
S’éveille un loir.
Dans le placard
Guette un guépard.
Dans le fauteuil
Niche un bouvreuil.
Jean-Claude Renard
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La linotte
Je suis idiote
dit la linotte.
J'ai oublié mes bottes,
ma redingotte,
et ma culotte.
[…]
Le dromadaire
Un jour au Caire
un dromadaire
entra chez un libraire
et prit une grammaire.
C'est pas vrai, ça fait rien,
ça sera vrai demain
[…]
Le kangourou
Le papa kangourou
N’est pas un loup-garou,
C’est un sauteur,
[…]
lire la suite de ces trois comptines au paragraphe de l'auteur :
Paul Savatier
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Dans le panier
Qu’y a-t-il dans le panier ?
- De la paille.
Qu’y a-t-il dans la paille ?
- Une poule.
Qu’y a-t-il sous la poule ?
- Un oeuf.
Qu’y a-t-il dans l’oeuf ?
- Le blanc.
Qu’y a-t-il dans le blanc ?
- Le jaune.
Qu’y a-t-il dans le jaune ?
- Une aiguille.
Qu’y a-t-il dans l’aiguille ?
- Un trou.
Qu’y a-t-il dans le trou ?
- Une grosse bête qui court après toi.
Georges Jan ("Il était une fois, la poésie" - Éditions Messidor La Farandole, 1974)
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Le petit pou
Assis sur le genou
d'un hibou
le petit pou
cherchant son joujou
...
Robert Clausard - voir le paragraphe de l'auteur pour la suite
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Comptine du pacha
Le pacha
Des émirats
A plus de chats
Que de rats
Les souris
Se le sont dit
Et sont parties
Pour Paris
Le pacha
Ébaudi
Et ses chats
Ébahis
Restent là
Aujourd'hui
Et c'est toi
Qui es sorti.
Bernard Clavel ("Rouge pomme" - Éditions L'École des Loisirs, 1982)
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Rossignol
Rossignol joli
Do si do ré mi
Joli rossignol
Mi fa mi fa sol
Rossignol cendré
Fa sol fa mi ré
Fais chanter l'écho
Fa sol mi ré do
Pierre Roy
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La gamme
Qui chante en do ?
L'escargot !
Qui chante en ré ?
L'araignée !
Qui chante en mi ?
La fourmi !
Qui chante en fa ?
Le lama !
Qui chante en sol ?
La boussole !
Qui chante en la ?
Le cobra !
Qui chante en do ?
Le chameau !
Mais moi je chante de bas en haut :
Do, ré, mi, fa, sol, la, si, do !
Jacques Charpentreau
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Les comptines sont en général très rythmées. Les enfants utilisent celle-ci dans un jeu d'"élimination". Ils forment un cercle, et le meneur de jeu désigne successivement chacun des participants en scandant la comptine syllabe par syllabe. Celui sur qui "tombe" le "hors" de "dehors" est éliminé. D'autres comptines, c'est leur rôle initial, serviront au contraire à désigner quelqu'un.
Quelle heure est-il ?
Bonjour Madame.
Quelle heure est-il ?
Il est midi.
Qui est-ce qui l'a dit ?
La petite souris.
Où est-elle ?
Dans la chapelle.
Qu'y fait-elle ?
De la dentelle.
Pour qui ?
Pour les dames de Paris
Qui portent des souliers gris.
Pin pon d'or
La plus belle, la plus belle,
Pin pon d'or
La plus belle est en dehors.
Traditionnel
Comptines questions-réponses
Les comptines qui précèdent s'apparentent à un jeu question-réponse. Sur ce modèle, on peut imaginer un dialogue autour d'un thème.
- La première comptine est construite en "poupées russes" (comme le poème de Charpentreau Dans notre ville il y a ...). On apportera de la fantaisie avec des contradictions, des impossibilités, et peut-être une surprise finale.
- La seconde comptine, fait penser au dialogue "loup y-es tu ?" (en moins inquiétant). De la même manière, on pourra s'amuser à décaler les réponses aux questions avec des rimes ou des assonances.
exemple (proposé par le blog) :
Bonjour madame la souris
Qu'avez-vous mangé à midi ?
- Un très gros chat
- Je ne vous crois pas
- Alors c'était une vache à lait
- Je le crois, vous vous êtes tâchée.
- En gardant la structure dialogue mais avec des éléments de phrase indépendants, dissociés, l'exercice se rapproche du jeu du Cadavre exquis (cf André Breton).
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La famille Hurluberlu
Dans la famille Hurluberlu
Il y a dix chiens et dix tortues
Où sont les chiens ?
on n'en sait rien !
Et les tortues ?
On ne sait plus !
anonyme
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Bonjour
Bonjour, mon p'tit amour.
S'il te plaît, mon p'tit bébé.
Merci, mon p'tit chéri.
Pardon, mon p'tit mignon.
Coucou, mon p'tit loup.
A tout à l'heure, mon p'tit cœur.
A bientôt, mon p'tit oiseau.
Au revoir, Mon p'tit canard.
Bonne nuit, mon p'tit ami.
A demain, mon p'tit lapin.
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anonyme
Bonjour madame
Bonjour madame, comment ça va ?
Ça va pas mal et votre mari ?
Il est malade à la salade
Il est guéri au céleri
anonyme ("Petites comptines pour tous les jours" - Nathan)
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Une comptine express (texte adapté par le blog) :
Bonjour lundi !
Comment va mardi ?
- Très bien, mercredi.
Je viendrai jeudi
pour dire à vendredi
qu'il se prépare samedi
à danser dimanche.
Comptine des jours de la semaine
Cette comptine peut aider à mémoriser les jours de la semaine, dans l'ordre chronologique (oui, c'est déjà ça). Elle ne se prête pas facilement à la construction d'une histoire séquentielle, ni à une mise en rimes autre qu'en "i".
On peut cependant tourner la difficulté en situant ailleurs rimes ou asonances, et créer avec les noms des jours une comptine en forme d'emploi du temps plutôt inhabituel (cf le poème de Luc Bérimont Emploi du temps, qu'on trouvera plus haut dans cette page).
Exemple :
Le lundi je pilote un avion
Le mardi je joue d' l'accordéon
Le mercredi je reste au lit (pour structurer l'emploi du temps un minimum !)
Le jeudi je danse le tango
Le vendredi je fais le zigoto
Le samedi je pèle des oranges
et le dimanche je les mange.
(texte proposé par le blog)
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Une autre comptine, qui rime en "i" cette fois :
Le lundi tout petit
le mardi tout gentil
le mercredi à l'abri
le jeudi étourdi
le vendredi dégourdi
le samedi endormi
et le dimanche tout recommence
anonyme
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avec les saisons
En automne, tout m'étonne.
En hiver, j'espère.
Au printemps, j'apprends.
L'été : j'aurai tout oublié !
anonyme
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avec les mois de l'année
Cette chanson est interprétée par Anne Sylvestre et Manick (paroles d'Emmanuelle Parrenin) :
La chanson des 12 mois
C'est janvier le premier né,
sa couronne sur la tête,
il dévore une galette!
Février c'est le second,
qui s'enrhume et qui grelotte,
qui réclame une bouillotte.
Regardez le mois de mars,
il dessine sur les branches
des pétales de soie blanche.
Le suivant s'appelle avril
et c'est le mois qui réveille
les oiseaux et les abeilles.
Quand le mois de mai s'en vient,
il met tout le monde à l'aise
devant un panier de fraises.
Pour fêter le mois de juin,
il faut entrer dans la danse
du soleil et des vacances.
En juillet s'en va dormir
entre deux bottes de paille
la chevelure en bataille.
Le mois d'août n'est qu'un voyou,
il invente des orages
pour taquiner les nuages.
Et septembre tout doré
prend la route de l'école
sous les feuilles qui s'envolent.
C'est octobre le suivant
qui te fait une frimousse
parsemée de tâches rousses.
Et novembre tout en gris
se dépêche dans la brume
d'attraper son premier rhume.
C'est décembre le dernier
qui réclame à tous ses frères
des cadeaux d'anniversaire.
Emmanuelle Parrenin
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Pour construire une comptine à la manière de, il y a aussi ce beau poème d'Alain Bosquet (1919-1998). Ne pas oublier de "s'amuser" en l'imitant :
Les mois de l’année
Janvier pour dire à l’année "bonjour !"
Février pour dire à la neige "il faut fondre"
Mars pour dire à l’oiseau migrateur "reviens"
Avril pour dire à la fleur "ouvre-toi"
Mai pour dire "ouvriers nos amis"
Juin pour dire à la mer "emporte-nous très loin"
Juillet pour dire au soleil "c’est la saison"
Août pour dire "l’homme est heureux d’être homme"
Septembre pour dire au blé "change-toi en or"
Octobre pour dire "camarades la liberté"
Novembre pour dire aux arbres "déshabillez-vous"
Décembre pour dire à l’année " adieu, bonne chance"
Et douze mois de plus par an,
Mon fils,
Pour te dire que je t’aime.
Alain Bosquet
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Comptine des mois de l'année
Exemples de structures imitées de ce poème :
Janvier pour dire, pour dire à ... / Janvier pour ... + verbe d'action / Janvier parce que... / etc.
1, 2, 3 nous irons au bois
Un deux trois
nous irons au bois
quatre cinq six
cueillir des cerises
sept huit neuf
dans un panier neuf
dix onze douze
elles seront toutes rouges.
Comptines numériques
- On observera dans les comptines présentées ici, qui ne sont pas toujours amusantes, différentes formes d'organisation. On se procure des rimes et des assonances en regroupant les suites de nombres, ce qui réduit la difficulté de recherche et permet de raccourcir le texte.
- Un, deux, trois (ci-dessus) rime avec le son oi, et on arrive à douze (on n'y est pas obligé!) en seulement quatre étapes.
- Plus loin, on trouve des suites de deux nombres : "un, deux, vl'à les oeufs / trois quatre, faut les battre "... et il faut six étapes pour atteindre dix, etc.
- Choisir donc d'abord le modèle à construire, repérer les rimes et assonances nécessaires, rechercher, lister les mots qui conviendront. Laisser l'imagination déborder, thème de l'humour oblige.
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Cette nuit, j’ai vu…
Cette nuit, j’ai vu…une libellule
éteindre la lune.Deux oies
casser des noix.Trois limaçons
jouer du violon.
Quatre canards
courir sur la mare.Cinq chevaux
cueillir des poireauxSix souris
manger des radisSept poulettes
danser en chaussettesHuit lapins
faire du patinNeuf hirondelles
démonter la Tour EiffelEt dix fourmis
en chemise de nuit
qui m’ont crié :
réveille-toi !
assez dormi !----------------------------------------
Bonjour monsieur SoleilBonjour monsieur Soleil que faites-vous donc là ?
je fais mûrir des bananes pour tous ces enfants là !
Bonsoir madame la Lune, que faites-vous là ?
je fais mûrir des prunes, pour tous ces enfants-là
Bonjour monsieur le Soleil, que faites-vous là ?
je fais mûrir des groseilles pour tous ces enfants-là.
Bonjour monsieur soleil que faites-vous donc là ?
je fais mûrir des bananes pour tous ces enfants là !etc.
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Do ré mi, la perdrix
Do ré mi, la perdrix
mi fa sol, elle s'envole
fa mi ré, dans le pré
mi ré do, tombe à l'eau.----------------------------------------
Pomme de reinette et pomme d'api
Pomme de reinette et pomme d'api
tapis tapis rouge
Pomme de reinette et pomme d'api
tapis tapis gris----------------------------------------
Les deux comptines qui suivent ont été trouvées ici : http://www.momes.net/comptines
Paysage d'Afrique
Le crocodile
Croque Odile.
Le féroce rhinocéros
S’est fait des bosses.
L’hippopotame
Joue du tam-tam.
À une branche,
Le serpent se pend.
Le léopard repart.
Et mademoiselle la gazelle
Se trouve très belle
Dans son miroir.---------------------------------
Brousse
Brousse, brousse
J'aime ma brousse
J'aime ma brousse
Et ma jolie savane (2 fois)
Y'a des tigres, y'a des lions
Y'a des léopards
J'aime ma brousse
Et ma jolie savane (2 fois)
(On recommence en accélérant)--------------------------------------------------------------------------------
CHANSONS
Monsieur le vent
Soufflez monsieur le vent,
faites danser les nuages
et les cheveux des enfants sages.
Soufflez monsieur le vent,
Emportez les papiers
et le chapeau du jardinierFernande Huc - lien pour la partition musicale, d'autres comptines chantées, et des pistes pédagogiques détaillées : http://www.crdp-strasbourg.fr/cddp68/maternelle/aria/aria.htm#monsieur
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Derrière chez moi
Derrière chez moi devinez ce qu'il y a* ? (bis)
Y a un arbre, le plus bel arbre, arbre du bois
petit bois derrière chez moi
Et la lon là lon lère et la lon là lon là
Et la lon là lon lère et la lon là lon là
Et sur cet arbre devinez ce qu'il y a (bis)
Y a une branche, la plus belle branche, branche sur l'arbre, arbre du bois,
Petit bois derrière chez moi
Et la lon là lon lère et ...
Et sur cette branche devinez ce qu'il y a (bis)
Y a une feuille, la plus belle feuille, feuille sur la branche,
branche sur l'arbre, arbre du bois
Petit bois derrière chez moi
Et sur cette feuille devinez ce qu'il y a (bis)
Y a un nid, le plus beau des nids, nid sur la feuille,
feuille sur la branche, branche sur l'arbre, l'arbre du bois
Petit bois derrière chez moi
Et dans ce nid, devinez ce qu'il y a (bis)
Y a une aile...
Et sur cette aile, devinez ce qu'il y a (bis)
Y a une plume...
Et sur cette plume, devinez ce qu'il y a (bis)
Y a un poil..
Et dans ce poêle, devinez ce qu'il y a (bis)
Y a un feu...
Et dans ce feu devinez ce qu'il y a (bis)
Y a un arbre, le plus bel arbre, arbre du bois
Petit bois derrière chez moi* variante traditionnelle, pour détourner un peu le langage : "devinez quoi qui n'y a..."
Auteurs A - PRINT POÈTES 2013 EN FRANÇAIS - Corinne Albaut - Pierre Albert-Birot
PRINT POÈTES 2013 : LES VOIX DU POÈME EN FRANÇAIS
AUTEURS lettre A
- Corinne Albaut -
Corinne Albaut écrit, publie, interprète des comptines pour les petits.
Elle dirige aussi la collection "Les Romans Bleus" (Gulf Stream éditeur - 2006), pour les ados de 11 à 14 ans, dans laquelle elle a écrit Chicago Blues. D'autres romans sont parus chez Acte Sud junior.
Dans la jolie collection "Les Petits Bonheurs", toujours chez Acte Sud junior, on trouvera plusieurs petits recueils intitulés "Comptines pour ...", à commander et à recommander aussi aux parents (6,50 € chacun en librairie).
Les trois classes
Dans la classe
de Monsieur Leblond,
On cultive des potirons.
Dans la classe
de Madame Levert,
On cultive des primevères.
Dans la classe
de Mademoiselle Legris,
On cultive des radis.
Dans son bureau
La directrice, elle
fait pousser des myosotis.
Corinne Albaut ("Comptines pour la rentrée des classes" - collection "Les Petits Bonheurs", Actes Sud Junior, 1997)
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Une autre comptine, trouvée dans le recueil "Comptines pour compter" :
Sept jours sur sept
Sept jours, dans la semaine,
Pour porter tout ce que j'aime.
Lundi, mon tee-shirt canari,
Mardi, mon pull gris souris,
Mercredi, mon short kaki,
Jeudi, mon bermuda fleuri,
Vendredi, ma chemise bleu nuit,
Samedi, mon polo cramoisi,
Dimanche, ma casquette blanche.
Chic, des pieds à la tête,
Sept jours sur sept.
Corinne Albaut ("Comptines pour compter" - collection "Les Petits Bonheurs", Actes Sud Junior, 1997)
À la manière de Corinne Albaut : " Dans la classe de ... "
On trouve dans le recueil cité deux autres variantes de cette comptine. Leur structure peut être reprise et adaptée au cours d'une séance de création poétique orale en maternelle. L'occasion de jouer avec les sons, les rimes. Voyez ICI un exemple de ce travail dans une classe de CP.
À la manière de " Sept jours sur sept ... "
Exemple proposé par le blog lieucommun, avec des rimes ou assonances diverses :
Une semaine de vacances
Sept jours, dans la semaine,
Pour faire tout ce que j'aime.
Lundi, gagner à la loterie
Mardi, acheter un hélicoptère
Mercredi, faire le tour de la Terre
Jeudi, acheter un paquebot
Vendredi, voyager jusqu'à Rio
Samedi, la semaine s'achève,
Dimanche, me reposer de mes rêves.
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Pour le thème de la voix, une comptine très expressive :
Cadeaux par ci, jouets par là
Qu' y a-t-il dans ce paquet-ci ?
Qu' ya-t-il dans ce paquet-là ?
Oh, le beau jouet que voici !
Oh, le beau jouet que voilà !
Moi, je préfère celui-ci.
Moi, je préfère celui-là.
Celui-ci est à moi, mais si !
Mais celui-là, je n'en veux pas.
Tu le gardes pour aujourd'hui
Et demain, on échangera.
Encore un paquet par ici !
Oh, encore un paquet par là !
Corinne Albaut
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La comptine qui suit est présente avec d'autres sur le site de l'auteure, à visiter ici :
http://www.corinne-albaut.fr
Les sauterelles
Deux sauterelles au bord de l’eau,
jouent à qui saute le plus haut.
- Hop ! c’est qui ?
- Hop ! c’est moi !
Hop, par-ci,
Hop par-là !
A force de sauter,
Elles tombent dans l’eau glacée.
- Hou ! c’est froid !
Sortez-nous de là !
Corinne Albaut
- Pierre Albert-Birot -
Pierre Albert-Birot (1876-1967), est un écrivain, poète, metteur en scène et dramaturge de théâtre. Sculpteur aussi avec "La veuve", oeuvre monumentale commandée par l'état.
Il a côtoyé, dans la revue SIC (Sons, Idées, Couleurs et Formes) dont il est le fondateur, Guillaume Apollinaire, Louis Aragon, Max Jacob, Pierre Reverdy, Philippe Soupault, Tristan Tzara ...
Proche des surréalistes, sans vraiment appartenir à ce mouvement, il joue avec les mots, les sons et les graphies.
"Que vas-tu peindre, ami ?
- L'invisible.
- Que vas-tu dire, ami ?
- L'indicible, Monsieur,
car mes yeux sont dans ma tête".
N'ayez pas peur, c'est un poète.
Pierre Albert-Birot
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Le thème de la voix trouve ici une interprétation originale, avec ce Poème à crier et à danser, qui est aussi une oeuvre graphique, un poème à voir :
Poème à crier et à danser
êêêê èèè éé
a ouou a ouou êê
(1) Bing - - - - - - - - - bing - - - - - - - -
(1) brrrrrrr - - - - brrrrrrrr tzinnn
(1) ô - - - - ô - - - - ôôô
a iii a iii a iii i i i
âo âo âo âo âo âo tzinnn
âo âo âo âo âo âo tzinnn
rrrrrrrrr rrrrrrrrr
rrrrrrrr
(2) ououououououououououou
(3) uuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu
i
notes de l'auteur : (1) prolonger le son - (2) mettre la main en soupape sur la bouche - (3) mettre la main en porte-voix
Pierre Albert-Birot ("Poème à crier et à danser" - chant 3 - ces poèmes sont parus en 1917 dans la revue SIC).
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D'autres poèmes à dire :
Cœur cœur cœur
Cœur cœur cœur
Ton cœur bat trop fort
Toctoctoc toctoctoc
Quel printemps dans ton cœur
Il bat double
Il bat triple
Toctoctoc toctoctoc
Il bat les ans froids
Il bat les ans chauds
Il bat les ans fluides
Ton cœur bat trop fort
Le cœur de ton corps
Le cœur de ton âme
Ton cœur est en flammes
Etends-toi toujours
Cette onde courte qui t’emporte
Eh quoi déjà si loin déjà si loin
Déjà si près déjà si près
Déjà si loin déjà si loin
Pierre Albert-Birot
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Admiration
J'ai été devant les maisons de la ville
Et j'ai dit C'est admirable
J'ai été devant les roues et les machines
Et j'ai dit C'est admirable
Et j'ai été devant les monts immobiles
Et j'ai dit C'est admirable
J'ai été devant les mers bleues les mers vertes
Et j'ai dit C'est admirable
J'ai été devant les arbres des forêts
Et j'ai dit C'est admirable
Et j'ai été devant les grosses bêtes
Et j'ai dit C'est admirable
Et j'ai été devant les petites bêtes
Et j'ai dit C'est admirable
Et j'ai été devant les femmes
Et j'ai dit C'est admirable
Et j'ai été devant les hommes
Et j'ai dit C'est admirable
J'ai été devant l'ombre
Et j'ai dit C'est admirable
Et devant la lumière
Et j'ai dit C'est admirable
Parce que j'ai regardé
Pierre Albert-Birot ("Grabinoulor - réédité aux éditions jean-michel place, 2007) - absence de ponctuation respectée
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L'oreille fine (titre proposé)
L'herbe dites-vous
Ne fait aucun bruit pour pousser
L'enfant pour grandir
Le temps pour passer
Vous n'avez vraiment pas l'oreille fine.
Pierre Albert-Birot (Poème 88 à lire dans "Cent dix gouttes de poésie" - éditions Seghers, 1952)
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Le silence (titre proposé)
Ni ombre ni lumière
Pas un mot
On tend la main pour cueillir le silence
C’est le silence
Qui prend la main.
Pierre Albert-Birot
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Chatterie
Chat chat chatte
Noir et blanc
Jour couchant
Prends ma patte
Dans ta main
Trop humain
Trop humain
Trop félin
Trop félin
Ton nez rose
Me repose
Des maisons
Des raisons
Mes prisons
Tu t'en fiches
Tu te niches
Sur mon cou
Ton miaou
Me câline
Dodeline
Ton ronron
Me fait rond
Le coeur blond
Amoureuse
Et frileuse
Tu me dis
Mon ami
L'heure sonne
Mais personne
Que nous deux
Poil soyeux
Qui se joue
Sur ma joue
L'allumeur
Le bruit meurt
Chatte et homme
Font un somme
Plus un bruit
C'est la nuit
Pierre Albert-Birot ("Les amusements naturels" - éditions Rougerie, 1985)
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Ça (titre proposé)
Ça dans ma main c’est moi
ça sous mes pieds c’est moi
ça devant moi c’est moi
mais l’autre pareil
prend ce que je prends
marche sur ma marche
voit ce que je vois
et me dit que c’est lui
mais je dis tout est moi
tout et toi
lui dit je
je dis JE et je me serre la main
avec MA main.
Pierre Albert-Birot
- Alphonse Allais -
Alphonse Allais (1854-1905) est un poète, nouvelliste, journaliste, humoriste français, plus connu par ses nouvelles et ses facéties de journaliste (entre autres un pseudo-courrier des lecteurs et des compte-rendus de soi-disants faits divers loufoques), que par ses poésies.
C'est au cabaret du Chat noir, avec d'autres humoristes, écrivains et poètes, qu'Alphonse Allais a pratiqué divers jeux de poésie.
Alphonse Allais était né au Havre (Calvados), et bien que disparu, La Bibliothèque de Lisieux nous donne à cette adresse de bonnes nouvelles de l'écrivain :
http://www.bmlisieux.com/litterature/allais/allais.htm
"Le caoutchouc serait un matériau très précieux, n'était son élasticité
qui le rend impropre à de nombreux usages."
Alphonse Allais
Déjà publié dans PRINT POÈTES 2009 : L'HUMOUR des poètes voici une excellente occasion de "révisionner" votre subjonctif. On trouve ce texte souvent raccourci. Il est ici intégral et conforme à l'original.
Ce poème est à dire en insistant sur les subjonctifs tordus que l'auteur a revisités et parfois assassinés :
Complainte amoureuse
Oui dès l'instant où je vous vis,
Beauté féroce, vous me plûtes ;
De l'amour qu'en vos yeux je pris
Sur-le-champ vous vous aperçûtes.
Mais de quel air froid vous reçûtes
Tous les soins que pour vous je pris !
Combien de soupirs je rendis ?
De quelle cruauté vous fûtes ?
Et quel profond dédain vous eûtes
Pour les vœux que je vous offris !
En vain je priai, je gémis,
Dans votre dureté vous sûtes
Mépriser tout ce que je fis ;
Même un jour je vous écrivis
Un billet tendre que vous lûtes,
Et je ne sais comment vous pûtes
De sang-froid, voir ce que je mis.
Ah ! Fallait-il que je vous visse
Fallait-il que vous me plussiez,
Qu'ingénument je vous le dise,
Qu'avec orgueil vous vous tussiez ;
Fallait-il que je vous aimasse,
Que vous me désespérassiez,
Et qu'en vain je m'opiniâtrasse
Et que je vous idolâtrasse
Pour que vous m'assassinassiez !
Alphonse Allais (texte publié dans "Le Journal")
C'est aussi une chanson, que Juliette Gréco a interprétée, sur une musique de Jean Spanos.
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autre texte à dire en détachant la moralité saugrenue :
La fille du vieux Peau Rouge
La brune Shemulpa, fille du vieux Peau Rouge,
Apprenait à danser avec que sa maman.
Or, sa maman lui dit : " Eh là, ma pauvre enfant,
Tu sautes bien fort.
C'est le ventre qui bouge,
Non tout le corps.
Danse avec moi et fais le pas très sagement."
Moralité : Le pas sage de la mère rouge
Alphonse Allais (dans "Le Journal" en novembre 1899)
Auteurs B - PP 2013 EN FR - Baudelaire - Pierre Béarn - Michel Besnier - Christian Bobin - Alain Bosquet - Alain Boudet - J Brel
PRINT POÈTES 2013 : LES VOIX DU POÈME EN FRANÇAIS
AUTEURS lettre B
- Charles Baudelaire -
La poésie de Charles Baudelaire (1821-1867) s'écarte du modèle classique respecté jusqu'ici. La forme des "Fleurs du mal" n'est pas totalement nouvelle, mais c'est sur le fond qu'il libère la poésie des barrières éthiques et morales de son temps, n'hésitant pas à inviter la laideur et le vice dans les rimes de ce recueil, ce qui lui vaudra quelques ennuis pour "offense à la morale religieuse" et "outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs". Une amende et surtout l'obligation de retirer les textes les plus dérangeants. Ce jugement ne sera "cassé" qu'un siècle plus tard, en 1949 ... On citera un deuxième ouvrage remarquable par sa liberté d'écriture : "Petits poèmes en prose ou Le Spleen de Paris ", qui ne sera hélas publié qu'à titre posthume. En voici le poème le plus connu :
L'étranger
- Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta sœur ou bien ton frère ?
- Je n'ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.
- Tes amis ?
- Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu.
- Ta patrie ?
- J'ignore sous quelle latitude elle est située.
- La beauté ?
- Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle.
- L'or ?
- Je le hais comme vous haïssez Dieu.
- Eh! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
- J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages !
Charles Baudelaire ("Petits poèmes en prose ou Le Spleen de Paris " publication posthume en 1869)
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L'invitation au voyage
Mon enfant, ma soeur,
Songe à la douceur
D’aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillants à travers leurs larmes.
Là tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l’ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
A l’âme en secret
Sa douce langue natale.
Là tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe calme et volupté.
Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l’humeur est vagabonde ;
C’est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu’il viennent du bout du monde.
– Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D’hyacinthe et d’or ;
Le monde s’endort
Dans une chaude lumière.
Là tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe calme et volupté.
Charles Baudelaire ("Les Fleurs du Mal" - 1857)
- Pierre Béarn -
Homme, / qui que tu sois / tu n’emporteras rien / avec toi. (Pierre Béarn)
Pierre Béarn (1902-2004), poète et romancier français, a traversé entièrement le XXe siècle.
Il est connu des écoliers pour ses recueils de fables,
avec ici, un langage direct qu'on devra autoriser les enfants à utiliser, voyez la chute !
Le second texte joue davantage sur les sonorités, avec là encore, c'est une caractéristique des fable, une chute inattendue.
Un raton-laveur
Un raton-laveur scrupuleux
cherchait à justifier son nom
en fréquentant le bord des mares.
Un matin d’orage au repos
il rencontra sous la feuillée
un escargot la mine en pleurs.
– Un cochon m’a éclaboussé
en se roulant dans son fumier,
dit le pauvret fort mal à l’aise
et me voilà défiguré !
– Ne suis-je pas raton-laveur ?
répondit le rat scrupuleux
je vais lessiver ta coquille.
Mais le raton qui voulait plaire
n’avait de laveur que le nom
il escrabouilla l’escargot
Car il n’était qu’un salaud !
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Poisson-scie et sa cousine
Un poisson-scie s’encolérait
d’avoir perdu chez les sardines
une cousine qu’il aimait.
Rendez-la-moi! sales gamines !
leur criait-il d’un air mauvais,
ou je vous ferai orphelines !
Foutriquet ! dit une bambine,
ne vois-tu pas que ta cousine
est dans ce filet prisonnière
comme tout le peuple des sardines ?
L’énervé dut scier les rets
d’où s’échappèrent les sardines
mais lui resta dans le filet.
Il s’était trompé de cousine.
Pierre Béarn ("Fables" - éditions Nathan et EDITINTER)
- Michel Besnier -
Michel Besnier (né en 1945) , enseignant, romancier et poète, écrit pour la jeunesse.
Mes résidences
Je n’habite pas du côté de l’océan
mais du côté de la goutte d’eau
Je n’habite pas du côté de la forêt
mais du côté du brin d’herbe
Je n’habite pas du côté de l’ouragan
mais du côté du courant d’air
Je n’habite pas du côté de l’aigle
mais du côté du pingouin
Dites-moi où vous habitez
si vous habitez mon quartier
Je viendrai un de ces jours
vous dire un petit bonjour
Michel Besnier ("Le Verlan des oiseaux et autres jeux de plumes" illustré par Henri Galeron, éditions Motus, Collection Pommes Pirates Papillons, 1995)
- Christian Bobin -
"La certitude d'avoir été, un jour, aimé, c'est l'envol définitif du cœur dans la lumière".
citation de Christian Bobin dans "Paroles de bonheur" (Albin Michel).
Nous n'habitons pas des régions.
Nous n'habitons même pas la Terre.
Le coeur de ceux que nous aimons est notre vraie demeure.
Qui n'a pas connu l'absence ne sait rien de l'amour
Christian Bobin
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Tu sais ce que c'est la mélancolie ? Tu as déjà vu une éclipse ?
Et bien c'est ça : la lune qui se glisse devant le coeur, et le coeur qui ne donne plus sa lumière.
La nuit en plein jour.
La mélancolie c'est doux et noir.
Christian Bobin ("La folle allure")
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On ne peut pas penser quand on est amoureux.
On est trop occupé à brûler sa maison.
On ne garde aucune pensée pour soi.
On les envoie toutes vers l'être aimé.
Comme des colombes, comme des étoiles, comme des rivières.
Quand on est amoureux on est ivre.
Comme cet homme hier dans la rue.
Il avançait, étourdi de boisson.
La voix forte, le geste ample.
Il s'entretenait avec lui-même.
Il a soudain fouillé dans son manteau, en a sorti de l'argent
Qu'il a jeté par poignées sur la route.
Puis s'en est allé.
Dédaigneux de sa fortune. Délié de soi.
Déprit de tout royaume.
Oui l'on est un peu comme ça lorsqu'on est amoureux.
On vide ses poches, on perd son nom.
On découvre avec ravissement la certitude de n'être rien.
Christian Bobin
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J'ai trouvé
J'ai trouvé, mon amour, le nom le plus secret et le plus clair pour dire ce qu'est ta vie dedans ma vie : l'air.
Tu es l'air qui ne me fait jamais défaut, cet air si nécessaire à la pensée et au rire,
cet air qui rafraîchit mon coeur et fait de ma solitude une place battue par tous les vents.
Christian Bobin ("L'éloignement du monde")
- Alain Bosquet -
Alain Bosquet est le nom d'auteur d'Anatole Bisk (1919-1998). C'est un écrivain français d'origine russe, auteur de théâtre, de nouvelles, de romans, de récits, et de poésies très adaptées aux enfants d'élémentaire, et aux grands enfants que nous sommes restés, parfois.
Ici un texte qui pourrait être interprété à plusieurs voix :
Un enfant m’a dit
Un enfant m’a dit :
"La pierre est une grenouille endormie."
Un autre enfant m’a dit :
"Le ciel, c’est de la soie fragile."
Un troisième enfant m’a dit :
"L’océan, quand on lui fait peur, il crie."
Je ne dis rien, je souris.
Le rêve de l’enfant, c’est une loi.
Et puis, je sais que la pierre,
Vraiment, est une grenouille,
Mais au lieu de dormir
Elle me regarde.
Alain Bosquet ("Le cheval applaudit" - Enfance heureuse, éditions Ouvrières, 1977)
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J'écrirai
J’écrirai ce poème,
pour qu'il me donne
un fleuve doux
comme les ailes du toucan
J’écrirai ce poème
pour qu'il t'offre une aurore
quand Il fait nuit
entre ta gorge et ton aisselle
J'écrirai ce poème
pour que dix mille marronniers
prolongent leurs vacances
pour que sur chaque toit
vienne s'asseoir une comète
J'écrirai ce poème
pour que le doute ce vieux loup
parte en exil
pour que tous les objets reprennent
leurs leçons de musique
J'écrirai ce poème
pour aimer comme on aime par surprise
pour respecter comme on respecte en oubliant
pour être digne
de l'inconnu de l'impalpable
J'écrirai ce poème
mammifère ou de bois
il ne me coûte rien
il m'est si cher
Il vaut plus que ma vie.
Alain Bosquet ("Le cheval applaudit" - Enfance heureuse, éditions Ouvrières, 1977)
- Alain Boudet -
Alain Boudet est né en 1950. Il exerce le métier de documentaliste et a publié une vingtaine de recueils de poésie, des textes de chansons pour des auteurs compositeurs-interprètes, etc (voir son site).
Pas de titre pour ce texte :
Elle souffle sur la lune
et fait tomber le ciel
dans la buée du soir.
Et quand la lune éclate
on voit soudain filer le rire des étoiles.
Alain Boudet ("Poèmes pour sourigoler" - Blanc Silex, 1999)
- Jacques Brel -
Jacques Brel (1929-1978), poète, auteur-compositeur et chanteur belge, cinéaste et acteur, a chanté comme personne son "plat pays", et les îles Marquises, où il choisit de finir ses jours.
Le plat pays
Avec la mer du Nord pour dernier terrain vague
Et des vagues de dunes pour arrêter les vagues
Et de vagues rochers que les marées dépassent
Et qui ont à jamais le cœur à marée basse
Avec infiniment de brumes à venir
Avec le vent de l'est écoutez-le tenir
Le plat pays qui est le mien
Avec des cathédrales pour uniques montagnes
Et de noirs clochers comme mâts de cocagne
Où des diables en pierre décrochent les nuages
Avec le fil des jours pour unique voyage
Et des chemins de pluie pour unique bonsoir
Avec le vent d'ouest écoutez-le vouloir
Le plat pays qui est le mien
Avec un ciel si bas qu'un canal s'est perdu
Avec un ciel si bas qu'il fait l'humilité
Avec un ciel si gris qu'un canal s'est pendu
Avec un ciel si gris qu'il faut lui pardonner
Avec le vent du nord qui vient s'écarteler
Avec le vent du nord écoutez-le craquer
Le plat pays qui est le mien
Avec de l'Italie qui descendrait l'Escaut
Avec Frida la Blonde quand elle devient Margot
Quand les fils de novembre nous reviennent en mai
Quand la plaine est fumante et tremble sous juillet
Quand le vent est au rire, quand le vent est au blé
Quand le vent est au sud, écoutez-le chanter
Le plat pays qui est le mien.
Jacques Brel (éditions Musicales Barclay, 1962)
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Les Marquises
Ils parlent de la mort
comme tu parles d'un fruit
ils regardent la mer
comme tu regardes un puits
les femmes sont lascives
au soleil redouté
et s'il n'y a pas d'hiver
cela n'est pas l'été
la pluie est traversière
elle bat de grain en grain
quelques vieux chevaux blancs
qui fredonnent Gauguin*
et par manque de brise
le temps s'immobilise
aux Marquises
Du soir montent des feux
et des pointes de silence
qui vont s'élargissant
et la lune s'avance
et la mer se déchire
infiniment brisée
par des rochers qui prirent
des prénoms affolés
et puis plus loin des chiens
des chants de repentance
des quelques pas de deux
et quelques pas de danse
et la nuit est soumise
et l'alizé se brise
aux Marquises
Le rire est dans le coeur
le mot dans le regard
le coeur est voyageur
l'avenir est un hasard
et passent des cocotiers
qui écrivent des chants d'amour
que les soeurs** d'alentour
ignorent d'ignorer
les pirogues s'en vont
les pirogues s'en viennent
et mes souvenirs deviennent
ce que les vieux en font
veux tu que je dise
gémir n'est pas de mise
aux Marquises
** les soeurs : les religieuses
Jacques Brel (éditions Musicales Barclay, 1977) - * Paul Gauguin est enterré aux Marquises, comme Jacques Brel :
"Vous regardez ensemble / Se lever le soleil / Au-dessus des lagunes / Où galopent des chevaux blancs" (extrait de la lettre-poème de Barbara à Jacques Brel, après la disparition du chanteur)
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Et puisqu'il est question de "voix" en ce printemps 2013, voici une chanson qui s'en moque :
La parlote
C'est elle qui remplit d'espoir
Les promenades les salons de thé
C'est elle qui raconte l'histoire
Quand elle ne l'a pas inventée
C'est la parlote, la parlote
C'est elle qui sort toutes les nuits
Et ne s'apaise qu'au petit jour
Pour s'éveiller après l'amour
Entre deux amants éblouis
La parlote la parlote
C'est là qu'on dit qu'on a dit oui
C'est là qu'on dit qu'on a dit non
C'est le support de l'assurance
Et le premier apéritif de France
La parlote la parlote
La parlote la parlote
Marchant sur la pointe des lèvres
Moitié fakir et moitié vandale
D'un faussaire elle fait un orfèvre
D'un fifrelin elle fait un scandale
La parlote la parlote
C'est elle qui attire la candeur
Dans les filets d'une promenade
Mais c'est par elle que l'amour en fleurs
Souvent se meurt dans les salades
La parlote la parlote
Par elle j'ai changé le monde
J'ai même fait battre tambour
Pour charger une Pompadour
Pas même belle pas même blonde
La parlote la parlote
La parlote la parlote
C'est au bistrot qu'elle rend ses sentences
Et nous rassure en nous assurant
Que ceux qu'on aime n'ont pas eu de chance
Que ceux qu'on n'aime pas en ont tellement
La parlote la parlote
La parlote la parlote
Si c'est elle qui sèche les yeux
Si c'est elle qui sèche les pleurs
C'est elle qui déssèche les vieux
C'est elle qui déssèche les coeurs
Gna gna gna gna gna gna
Gna gna gna gna gna gna
C'est elle qui vraiment s'installe
Quand on n'a plus rien à se dire
C'est l'épitaphe c'est la pierre tombale
Des amours qu'on a laissé mourir
La parlote la parlote
La parlote la parlote
Jacques Brel
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Une chanson à chanter ou à dire :
Regarde bien petit
Regarde bien petit, regarde bien
Sur la plaine là-bas
A hauteur des roseaux
Entre ciel et moulin
Y a un homme qui vient
Que je ne connais pas
Regarde bien petit, regarde bien
Est-ce un lointain voisin
Un voyageur perdu
Un revenant de guerre
Un montreur de dentelles
Est-ce un abbé porteur
De ces fausses nouvelles
Qui aident à vieillir
Est-ce mon frère qui vient
Me dire qu'il est temps
D'un peu moins nous haïr
Ou n'est-ce que le vent
Qui gonfle un peu le sable
Et forme des mirages
Pour nous passer le temps
Regarde bien petit, regarde bien
Sur la plaine là-bas
A hauteur des roseaux
Entre ciel et moulin
Y a un homme qui vient
Que je ne connais pas
Regarde bien petit, regarde bien
Ce n'est pas un voisin
Son cheval est trop fier
Pour être de ce coin
Ou revenir de guerre
Ce n'est pas un abbé
Son cheval est trop pauvre
Pour être paroissien
Ce n'est pas un marchand
Son cheval est trop clair
Son habit est trop blanc
Et aucun voyageur
N'a plus passé le pont
Depuis la mort du père
Ni ne sait nos prénoms
Regarde bien petit, regarde bien
Sur la plaine là-bas
A hauteur des roseaux
Entre ciel et moulin
Y a un homme qui vient
Que je ne connais pas
Regarde bien petit, regarde bien
Non ce n'est pas mon frère
Son cheval aurait bu
Non ce n'est pas mon frère
Il ne l'oserait plus
Il n'est plus rien ici
Qui puisse le servir
Non ce n'est pas mon frère
Mon frère a pu mourir
Cette ombre de midi
Aurait plus de tourment
S'il s'agissait de lui
Allons c'est bien le vent
Qui gonfle un peu le sable
Pour nous passer le temps
Regarde bien petit, regarde bien
Sur la plaine là-bas
A hauteur des roseaux
Entre ciel et moulin
Y a un homme qui part
Que nous ne saurons pas
Regarde bien petit, regarde bien
Il faut sécher tes larmes
Y a un homme qui part
Que nous ne saurons pas
Tu peux ranger les armes.
Jacques Brel
Auteurs C 1 - PP 2013 EN FRANÇAIS - Hélène Cadou - Maurice Carême - Anne-Marie Chapouton
AUTEURS lettre C
- Hélène Cadou -
Hélène Cadou est née en 1922. Son mari, le poète René Guy Cadou, avait écrit, comme une prémonition : "Je ne ferai jamais que quelques pas sur cette terre". À partir de 1943, Hélène Cadou, poète comme lui, l'accompagne pour ce court séjour. C'est pour elle qu'il écrit "Hélène ou le règne végétal", publié en février 1951. Il meurt de maladie en mars de la même année, à l'âge de 31 ans. Hélène Cadou a écrit et continue à écrire de nombreux recueils de poésie ("Le Prince des Lisières" - Rougerie, 2007), et à faire vivre la poésie et la mémoire de Guy Cadou. voir les catégories PRINT POÈTES 2010 : DES FEMMES POÈTES et PRINT POÈTES 2010 : LE FÉMININ EN POÉSIE. et les autres éditions (2011 en particulier)
Plus d’avenir
Et le dos au mur
que sauveras tu ?
Un seul arbre
pour le regard
avec des volées d’oiseaux.
Un nuage aussi
pour croire au soleil
et son reflet contre la vitre
la mer encore
pour le voyage
j’entends son souffle à mes pieds
le monde enfin
avec des femmes et ses hommes
toute la vie contre sa joue
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Encore un dimanche à rêver ...
Encore
Un dimanche à rêver
Sur les collines
Encore
Au jardin
L'ombre du frêne
Et la longue lecture
Des riches heures
De l'été
Quand le monde à notre porte
Nous verse en milliers d'éclats
Sa beauté.
Hélène Cadou ("Si nous allions vers les plages" - éditions Rougerie, 2003)
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Il faut laver ce que tu dis ...
Il faut laver
Ce que tu dis
les galets blancs
Les planètes
Il faudrait laver
Le ciel et la pluie
Pour que l'amour
rutile sous l'averse
Il faut laver ton regard
Laver le jour à grande eau
Laver ton coeur
De tes larmes
Si tu veux lire enfin
Le monde en clair
dans la fenêtre.
Hélène Cadou ("La mémoire de l'eau" - éditions Rougerie, 1993)
- Maurice Carême -
Maurice Carême, instituteur et poète belge (1899-1978) est présent dans chaque cahier de poésie des élèves de France et de Navarre (et de Belgique bien sûr), et ses textes se baladent un peu partout sur le blog. Explorez les catégories !
Avez-vous vu ?
Avez-vous vu le dromadaire
Dont les pieds ne touchent pas terre ?
Avez-vous vu le léopard
Qui aime loger dans les gares ?
Avez-vous vu le vieux lion
Qui joue si bien du violon ?
Avez-vous vu le kangourou
Qui chante et n'a jamais le sou ?
Avez-vous vu l'hippopotame
Qui minaude comme une femme ?
Avez-vous vu le perroquet
Lançant très haut son bilboquet ?
Avez-vous vu la poule au pot
Voler en rassemblant ses os?
Mais moi, m'avez-vous bien vu, moi,
Que personne jamais ne croit ?
Maurice Carême
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Fantaisie
L'homme habitait un quart de pomme ;
La femme, un huitième de poire.
Leur vieille cousine Opportune
Vaquait dans une demi-prune.
Il y avait monsieur Léon
Qui débordait d'un gros citron
Et sa soeur, madame Émérence,
Qui emplissait toute une orange.
Quant à moi, chétive fillette,
Je tenais dans une noisette
Et, comme je n'étais pas grosse,
Il arrivait, les jours de fête,
Que je m'y déplace en carrosse.
Maurice Carême
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Mon petit chat
J’ai un petit chat,
Petit comme ça.
Je l’appelle Orange.
Je ne sais pourquoi
Jamais il ne mange
Ni souris ni rat.
C’est un chat étrange
Aimant le nougat
Et le chocolat.
Mais c’est pour cela,
Dit tante Solange,
Qu’il ne grandit pas !
Maurice Carême ("La lanterne magique" - éditions Ouvrières, 1947)
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L’ogre
J’ai mangé un œuf
Deux langues de bœuf
Trois rôtis de mouton
Quatre gros jambons
Cinq rognons de veau
Six couples d’oiseaux
Sept immenses tartes
Huit filets de carpe
Neuf kilos de pain
Et j’ai encore faim
Peut-être ce soir
Vais-je encore devoir
Manger mes deux mains
Pour avoir enfin
Le ventre bien plein.
Maurice Carême ("L'Arlequin" - éditions Fernand Nathan, 1970)
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Trois escargots
J'ai rencontré trois escargots
Qui s'en allaient cartable au dos
Et dans le pré trois limaçons
Qui disaient par cœur leur leçon.
Puis dans un champ, quatre lézards
Qui écrivaient un long devoir.
Où peut se trouver leur école ?
Au milieu des avoines folles ?
Et leur maître est-il ce corbeau
Que je vois dessiner là-haut
De belles lettres au tableau ?
Maurice Carême
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Un poème pour mémoriser une règle d'orthographe en s'amusant :
Le hibou
Caillou, genou, chou, pou, joujou, bijou,
Répetait sans fin le petit hibou .
Joujou, bijou, pou, chou, caillou, genou
Non, se disait-il, non, ce n' est pas tout.
Il y en a sept pourtant, sept en tout :
Bijou, caillou, pou, genou, chou, joujou.
Ce n' est ni bambou, ni clou, ni filou
Quel est donc le septième ? Et le hibou,
La patte appuyée au creux de sa joue,
Se cachait de honte à l'ombre du houx.
Et il se désolait, si fatigué
Par tous sesdevoirs de jeune écolier
Qu' il oubliait, en regardant le ciel
Entre les branches épaisses du houx
Que son nom, oui, son propre nom, hibou,
Prenait, lui aussi, un X au pluriel.
Maurice Carême
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Ce qui est comique
Savez-vous ce qui est comique ?
Une oie qui joue de la musique,
Un pou qui parle du Mexique,
Un bœuf retournant l'as de pique,
Un clown qui n'est pas dans un cirque,
Un âne chantant un cantique,
Un loir champion olympique.
Mais ce qui est le plus comique,
C'est d'entendre un petit moustique
Répéter son arithmétique.
Maurice Carême
"Savez-vous ce qui est comique...?"
Imaginer encore (les rimes en ique sont nombreuses), ce qui peut être comique.
Construire d'autres poèmes avec ce qui est amusant (rimes simples encore plus nombreuses) ; ce qui est drôle, et puis toujours avec humour, ce qui est agaçant, énervant, insupportable, étonnant, possible ou impossible, incroyable, inadmissible, etc.
Ici encore on pourrait imaginer un genre de Cadavre exquis (voir André Breton plus haut) en deux étapes pour les vers du poème (dans l'exemple, la séparation est indiquée par / ), en respectant la rime dans la seconde partie du vers (avec les élèves plus grands on peut même décider du nombre de syllabes de chaque partie). On gardera le maximum de productions correctes en réorganisant peut-être le poème et on imaginera collectivement la chute, si chute il y a ("Mais ce qui est le plus agaçant... c'est ...")
ex : Ici, avec "Ce qui est agaçant", on a essayé d'imaginer, sans savoir quel serait le sujet, des situations en rapport avec le thème. Dans la consigne, si on ne décide pas du singulier ou du pluriel (ça laisse plus de champ), on accordera grammaticalement lors de la mise au point, dans chaque doublette de Cadavre exquis ou en grand groupe :
Un kangourou / qui vous fait perdre votre temps
Une tortue / qui ne se lave pas les dents
Une fleur fanée / qui prend son bain en chantant ...
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Deux petits éléphants
C’était deux éléphants
Deux petits éléphants tout blancs.
Lorsqu’ils mangeaient de la tomate
Ils devenaient tout écarlates.
Dégustaient-ils un peu d’oseille,
On les retrouvait vert bouteille.
Suçaient-ils une mirabelle,
Ils passaient au jaune de miel.
On leur donnait alors du lait,
Ils redevenaient d’un blanc frais.
Mais on les gava, près d’Angkor,
Pour le mariage d’un raja,
D’un grand sachet de poudre d’or.
Et ils brillèrent, ce jour-là,
D’un tel éclat que plus jamais,
Même en buvant des seaux de lait,
Ils ne redevinrent tout blancs,
Ces jolis petits éléphants.
Maurice Carême ("Pomme de reinette" - Fondation Maurice Carême, 1962)
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L'heure du crime
Minuit. Voici l'heure du crime.
Sortant d'une chambre voisine,
Un homme surgit dans le noir.
Il ôte ses souliers,
S'approche de l'armoire
Sur la pointe des pieds
Et saisit un couteau
Dont l'acier luit, bien aiguisé.
Puis, masquant ses yeux de fouine
Avec un pan de son manteau,
Il pénètre dans la cuisine
Et, d'un seul coup, comme un bourreau
Avant que ne crie la victime,
Ouvre le cœur d'un artichaut.
Maurice Carême ("Au clair de la lune" - éditions Hachette, Le Livre de Poche jeunesse, 2003)
- Anne-Marie Chapouton -
Anne-Marie Chapouton (1939-2000) est une auteure de poésies, de contes, d'ouvrages pédagogiques et de romans pour les enfants et la jeunesse ("Poèmes petits", "1, 2, 3, comptines à compter", "La vache Amélie", " Méthode de lecture CP-CE1", etc).
Deux poèmes dans deux recueils différents d'Anne-marie Chapouton, pour le même animal, la tortue :
Tortue (sans titre, ce titre est proposé par le blog)
Tortue, je t'observe.
Tu restes tapie
sous ta carapace,
puis, timidement,
tu sors ta tête.
Et tu attends
que les fruits mûrs
tombent tranquillement
sous l'arbre fruitier.
Tu es gourmande !
Le sais-tu, tortue ?
Anne-Marie Chapouton (Mon ABC en comptines - Père Castor - Flammarion, 1999)
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Quand on est tortue
Quand on est tortue,
On peut rentrer la tête
Sous sa carapace
Quand vient la pluie.
Alors on peut rêver
À l'abri,
Et repartir
À petits pas
Jusqu'à l'herbe prochaine
Qu'on atteindra
Ce soir...
Demain...
Ou même un peu plus tard...
Pas de problème
De retard !
Quand on est tortue,
On a toujours le temps
De vivre lentement !
Anne-Marie Chapouton ("Comptines pour les enfants bavards" - Père Castor, Flammarion)
Auteurs C 2 - PP 2013 EN FRANÇAIS - Jacques Charpentreau - Malcolm De Chazal - Andrée Chedid - Paul Claudel
- Jacques Charpentreau -
Jacques Charpentreau (né en 1928), est un poète français. Il est l'auteur d'anthologies, aux éditions Ouvrières, qui ont fait connaître beaucoup de poètes pour la jeunesse, et il a publié de nombreux recueils. Quelques-unes de ses poésies sont présentes sur le blog.
Voir en particulier dans la catégorie PP 09 : l'humour de JACQUES CHARPENTREAU
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La réunion de famille
Ma tante Agathe
Vient des Carpates
À quatre pattes
Mon oncle André
Vient de Niamey
À cloche-pied
Mon frère Tchou
Vient de Moscou
Sur les genoux
Ma sœur Loulou
Vient de Padoue
À pas de loup
Grand-mère Ursule
Vient d’Ashtabule
Sur les rotules
Grand-père Armand
Vient de Ceylan
En sautillant
Ma nièce Ada
Vient de Java
À petits pas
Mon neveu Jean
Vient d’Abidjan
Clopin-clopant
Oncle Firmin
Vient de Pékin
Sur les deux mains
Mais tante Henriette
Vient à la fête
En bicyclette
Jacques Charpentreau (dans son anthologie "La nouvelle Guirlande de Julie"- éditions Ouvrières,1976)
Avec les prénoms:
En s'inspirant du poème ci-dessus, associer les prénoms de la classe à des noms de lieux (villes, pays) connus des élèves, à diverses activités ou occupations, ou encore comme dans l'exemple 3, imaginer un texte sur un thème (cadeaux, collections ...)
Exemple 1 :
Mes projets de voyage
Je partirai au Sahara sur mon chameau* avec Emma
Je visiterai l'Australie en kangourou avec Lucie,
etc.
* D'accord, il n'y a pas de chameaux mais des dromadaires au Sahara, mais bon, pour une fois ...
Exemple 2 :
Le métier de mes amis
Dimitri découpe les confettis
Mariam tricote des bananes
etc.
Exemple 3 :
Le Père Noël bizarre
(bien entendu, c'est lui qui raconte)
J'ai cueilli des radis pour Annie
des rideaux et des radeaux pour Anna
J'ai trouvé un pantin persan pour Marie
un tapis percé pour Myriam.
J'ai acheté un lapin de Noël pour Ali
un sapin de soleil pour Célia
J'ai cherché les étoiles pour des prunes
mais j'ai décroché la lune
pour toi ...
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Le batteur-mixeur
Mixe mixe rage
pour faire du fromage
Mixe mixe à l'aise
pour la mayonnaise
Mixe mixe au net
pour la vinaigrette
Mixe mixe reine
pour faire de la crème
Mixe mixe tout
pour la pâte à choux
Mais pour faire une omelette
je la bats à la fourchette.
Jacques Charpentreau ("La ville enchantée" - éditions de l'École, 1976) - Ce texte, récité, existe aussi en livret-CD ("Poèmes de la ville enchantée Vol 1" - Benjamins Media, 2000) avec d'autres poèmes de l'auteur.
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Une poésie-comptine avec les notes de la gamme (voir aussi plus haut les COMPTINES)
Au bois de Panama
Chaque jour à midi,
do, ré, mi,
Au bois de Panama
ré, mi, fa,
En sortant de l'école,
mi, fa, sol,
Sur un grand acacia,
fa, sol, la,
Sans cesse et sans souci,
sol, la, si,
Chante un petit oiseau,
do, ré, mi, fa, sol, la, si, do !
Jacques Charpentreau ("Poésie en jeu" - éditions Ouvrières, 1981)
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La mer s'est retirée
La mer s’est retirée,
Qui la ramènera ?
La mer s’est démontée,
Qui l’a remontera ?
La mer s’est emportée,
Qui la rapportera ?
La mer est déchaînée,
Qui la rattachera ?
Un enfant qui joue sur la plage
Avec un collier de coquillages.
Jacques Charpentreau (encore une anthologie : "Poèmes d'aujourd'hui pour les enfants de maintenant" - éditions Ouvrières, 1958)
À la manière de "La mer s'est retirée, qui..." :
Des productions d'élèves ici à partir de ce poème et d'autres poèmes (copier-coller l'adresse):
http://www.ac-nancy-metz.fr/petitspoetes/HTML/SALLESDEJEUX/JEUALAMA.html
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Suppositions
Si la Tour Eiffel montait
Moins haut le bout de son nez,
Si l'Arc de Triomphe était
Un peu moins lourd à porter,
Si l'Opéra se pliait,
Si la Seine se roulait,
Si les ponts se dégonflaient,
Si tous les gens se tassaient
Un peu plus dans le métro,
Si l'on retirait des rues
Les guéridons des bistrots,
Les obèses, les ventrus,
Les porteurs de grands chapeaux,
Si l'on ôtait les autos,
Si l'on rasait les barbus,
Si l'on comptait les kilos
À deux cents grammes pas plus,
Si Montmartre se tassait,
Si les trop gros maigrissaient,
Si les tours rapetissaient,
Si le Louvre s'envolait,
Si l'on rentrait les oreilles,
Avec des SI on mettrait
Paris dans une bouteille.
Jacques Charpentreau ("Mots et merveilles" - Éditions SGPP, 1981)
À la manière de "Si la Tour Eiffel..." :
Beaucoup d'autres poèmes sont construits sur ce modèle, voir le sommaire. Des exemples de création poétique à partir de ce texte ici, dans une classe de 5e (fichier pdf, copier-coller l'adresse) :
http://www.ac-nice.fr/college-dufy/file/DOC_FORMULAIRES/Printemps_poetes_08.pdf
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- Acrostiche -
Prénom
Je viens de perdre mon prénom
Au bord d'une page nouvelle,
Ce plaisantin, ce vagabond
Qui se sauve quand je l'appelle.
Un lecteur peut-il le chercher
Et me dire où il s'est caché ?
Saurez-vous me le retrouver ?
Jacques Charpentreau ("Poésie en jeu" - éditions Ouvrières, 1981)
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- Jeux de mots -
Le blé
Au plus fort de l'été,
Dans la chaleur de midi,
J'épie,
Disait le blé.
Le fermier
L'estima
Coupable.
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L'épouvantail
L'épouvantail
Se levant tôt
Met son chandail
Dans les champs d'aulx*.
* Un ail > des aulx
Jacques Charpentreau ("Poésie en jeu" - éditions Ouvrières, 1981)
- Malcolm de Chazal -
Malcolm de Chazal (1902-1981), écrivain, essayiste, poète surréaliste et peintre, a vécu sur l'Île Maurice où il est né.
Les poèmes en forme d'aphorismes du recueil "Sens magique", sont de courts textes imagés et surréalistes,
petits textes à dire :
La vitre (titre proposé)
La vitre
Ne sait
Par
Quel côté
Se regarder
Pour se reconnaître.
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L'eau (titre proposé)
L'eau dit à la vague :
"Tu me bois.
-Comment le pourrais-je ?
Reprit la vague,
Je suis ta bouche."
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L'auto (titre proposé)
L'auto
N'atteindra
Jamais
La vitesse
de la route.
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Les animaux (titre proposé)
Tous les animaux
Sourient
Quand
Ils boivent.
Malcolm de Chazal ("Sens magique" 1957 - dans Oeuvres, tome 14, éditions Léo Scheer, 2004)
- Andrée Chedid -
Andrée Chedid ( pas d'accent sur le "e"") est une poétesse française aux racines multiples.
Née en 1920 en Égypte (Le Caire) de parents libanais, elle vit au Liban de 1942 à 1946 puis vient s'installer en France (où elle avait séjourné enfant) et adopte la nationalité française. Elle nous a quitté en février 2011.
Auteure de nombreux romans, récits, pièces de théâtre, recueils de poésies, ainsi que des contes et comptines pour les enfants, elle écrit aussi des textes de chansons pour son petit-fils Matthieu Chedid ("M"), le fils de Louis Chedid.
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Pour le Pinntemps 2013, un poème à dire, véritable exercice d'élocution
L'onomatopée
Lolo, nono,
Mama, topée !
C'est pas possible
A prononcer !
Glou-glou, tic-tac
Do-do, pé-pé,
Tout ça
C''est de l'O
NOMATOPÉE !
Lolo, nono
Mama, topée !
Un mot
A vous rendre toqué !
Cui-cui, chut-chut
Boum-Boum, yé-yé
Voilà des O
NOMATOPÉE ! *
Lolo, nono
Mama, topée!
Pourquoi vouloir
Tout compliquer !
Andrée Chedid [* écrit sans S]
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L’anniversaire
J’ai neuf ans
Salut les vétérans !
J’aime l’élan
Mais pas les caïmans
J’ai neuf ans
Salut les descendants !
J’aime Laurent
Un peu plus que maman
Andrée Chedid
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Le caillou
Le caillou
Passe-partout
Sans froufrou
Sans bagout
Est jaloux, très jaloux
De Nicéphore, le Pou
Ce casse-cou
Vent-debout
Qui court le guilledou !
Andrée Chedid ("Le Cœur et le temps" - éditions de l'École des Loisirs, 1976)
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La cervelle de papa
La sardine a des arêtes,
Papa n'en a pas !
Papa, lui, a un squelette,
Que la sardine n'a pas !
La machine a des ailes,
Papa n'en a pas !
Papa, lui, a de la cervelle,
Il dit que la machine, pas !
Andrée Chedid ("Fêtes et lubies" - éditions Guy Levis et l'École des Loisirs, chanterimes, 1979)
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La fringale
Holà ! Holà !
Tous, garez-vous !
Les durs les doux
Les secs les mous
Holà ! Holà !
Je donne le signal :
Voilà que Dame Noix
A sa FRINGALE !
Les petits gâteaux
Font le gros dos
Les Cochonailles
De peur, défaillent
Les Confitures
Se claquemurent
Tous les Anchois
Sont aux abois
Mais rien rien Rien
Ne résistera
À la FRINGALE
De Dame Noix !
Andrée Chedid ("Le Cœur et le temps" - éditions de l'École des Loisirs, 1976)
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La fourmi et la cigale
"Fini, fini !"
Dit la fourmi.
"Au diable la parcimonie ! Dès aujourd’hui
Je convie
Toutes cigales affranchies
A me chanter leurs mélodies,
Et nous fêterons, en compagnie,
La vie qui bouge,
La vie qui fuit !"
"Holà, holà !"
Fit la cigale
Poussant un cri très vertical.
"Pour moi, adieu le carnaval !
L’hiver, l’hiver m’a tant appris,
Et le souci tant rétrécie,
Que j’ai rangé toutes mes rêveries
Pour m’établir
En Bourgeoisie !"
Andrée Chedid
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L'éponge
Une éponge
Songe
Songe
Songe aux songes
D'une éponge
Qui songe
Andrée Chedid ("Fêtes et lubies" - éditions Guy Levis et l'École des Loisirs, chanterimes, 1979)
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La chèvre magique
La chèvre magique
A des tiques
Dans l'oreille gauche
Dans l'oreille droite
Et tic et tac
Et gratte et gratte
La chèvre magique
Se détraque
Andrée Chedid
- Paul Claudel -
Paul Claudel (1868-1955) est connu pour ses pièces de théâtre ("Le soulier de satin") et son oeuvre poétique, marquée par sa foi catholique. Il a été aussi diplomate.
On trouvera ci-dessous quelques textes moins attendus.
Paul Claudel a été en poste d'ambassadeur au Japon de 1921 à 1927. Les courts poèmes qui suivent s'apparentent à des haïkus ou des tankas japonais. Certains se retrouvent dans le recueil Dodoitzu et l’escargot alpiniste (Gallimard, 1945), réédité en 2005 sous ce même titre dans la collection Enfance en Poésie (Gallimard).
Ceux-ci ont été empruntés à l'adresse (fichier PDF) : http://dspace.wul.waseda.ac.jp/dspace/bitstream/2065/493/11/Honbun-3749-09.pdf
Obscurité
Votre voix, je l’entends bien ; mais
Votre silhouette, je ne la vois :
Vous êtes comme dans un trou
Le grillon !
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Coucou
On vous entend bien
Vous voir pas moyen
Ainsi dans son trou
Le grillon
Coucou !
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Ma figure dans le puits
Pas moyen que je me l’ôte
Ma figure dans le puits
Pas moyen que je me l’ôte
Et que j’en mette une autre
Et si l’on me trouve jolie
Tant pis ! c’est pas ma faute !
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Escargot,
Tout doux, tout doux, va, monte
Le Fuji !
L’escargot alpiniste
L’escargot à l’escalade
Sac au dos s’est mis en campagne
L’escargot à l’escalade
Va digérer la montagne !
Paul Claudel ("Dodoitzu et l’escargot alpiniste", 1945 et Enfance en Poésie - Gallimard, 2005)
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Cent phrases pour éventails
"Qui m'aurait permis de résister à la tentation, là-bas partout ambiante, de la calligraphie ?"
La dernière version originale en 1927 de cette oeuvre de Paul Claudel (avant la réédition en 1942 et celle de 1996 en Poésie-Gallimard) est composée de "trois accordéons de papier, qu'on feuillette de droite à gauche, réunis dans un emboîtage. Elle reproduit cent soixante-douze phrases manuscrites, et des idéogrammes calligraphiés par Ikuma Arishima, et porte pour la première fois le titre de "Cent phrases pour éventails". Deux poèmes (sans titre), haïkus au sens large (voir la catégorie du blog consacrée aux haîkus), choisis pour l'image :
Accroupi
près
du
bocal
Monsieur le Chat
les yeux à demi fermés
dit :
Je n’aime pas
le poisson
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Dans
la lune
morte
Il y a
un lapin
vivant !
Paul Claudel ("Cent phrases pour éventails", Gallimard 1942 et Poésie- Gallimard, 1996)
Poème court
Voir la catégorie haïkus
Auteurs C 3 - PP 2013 EN FRANÇAIS - Robert Clausard - Pierre Coran
- Robert Clausard -
Robert Clausard est un poète contemporain.
Recueils : Poèmes de la marguerite et du bouton d'or (Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1973) ; Lisière de nuages (Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1978) ; Les Berceuses de la marmotte (Éditions de l'OCDL,1979).
Poèmes à dire pour le Printemps 2013, avec celui-ci, qui peut être joué en dialogue :
La puce
Une puce prit le chien
pour aller de la ville
au hameau voisin.
À la station du marronnier
elle descendit
"Vos papiers !" dit l'âne
coiffé d'un képi.
"Je n'en ai pas
.
- Alors que faites-vous ici ?
- Je suis infirmière
et je fais des piqûres
à domicile."
Robert Clausard
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Le petit pou (Comptine)
Assis
sur le genou
d’un hibou
le petit pou
cherchant son joujou
jette le bijou
comme un caillou
dans le chou.
Robert Clausard
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Les petits lapins
Quatre petits lapins couraient
Trois petits lapins sautaient
Deux petits lapins dansaient
Un petit lapin chantait:
Quatre carottes pour mon grand-père
Trois carottes pour ma grand-mère
Deux carottes pour mon grand frère
Une carotte pour Roudoudou
Je la croque d'un seul coup
Robert Clausard ("Poèmes de la marguerite et du bouton d'or" - Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1973)
Pierre Coran, auteur belge de langue française, est né en 1934. Instituteur, poète et romancier pour la jeunesse, la liste de ses écrits est longue.
Quelques titres :
Comptines en Mots d'Ici et d'Ailleurs (éditions Casterman, collection Direlire, à paraître). Autour de 6 € le livre.
<< Comptines pour ne pas zozoter, avec Gabriel Lefebvre (éditions Casterman, collection Direlire, 1993).
Pierre Coran a publié de nombreux recueils de comptines et de jeux de langage aux éditions Casterman dans la même collection Direlire : Comptines pour jongler avec les rimes (2007), Comptines pour délier les langues à noeuds (2007), Comptines pour garder la cadence (1993), Comptines pour ne pas bredouiller (1993), Comptines pour nasiller comme un canard (1993),etc.À parcourir aussi : Jaffabules ( Hachette Jeunesse, 1983) et Comptines et poèmes pour jouer avec la langue >> (avec Irène Coran, et Anne Letuffe, illustratrice - éditions Casterman, Les Grands livres, 2005). Ce beau livre est vendu 16 €.
Des textes sont présents sur ce blog : Paris blanc, Le chameau (poésies cycle 2), Le poisson rouge (poésies par thème : l'école, p 3)
Le poème qui suit est à rapprocher de ceux de Claude Roy (Avec des si...) et de Jean-Luc Moreau (Si).
Si
Si les mille-pattes
Chaussaient des savates,
Si les girouettes
Portaient des lunettes,
Si les gelinottes
Mettaient des culottes,
Si les escargots
Se grattaient le dos,
Si les écrevisses
Avaient la jaunisse
Si tante Héloïse
Perdait sa chemise,
Si d’une patate
Sortait un zébu,
Toi que rien n’épate,
T’épaterais-tu ?
Pierre Coran ("Jaffabules" - Collection Hachette Jeunesse, 1983)
En imitation de ce texte
voyez des productions d'élèves en CP-CE1 (copier-coller les liens) : http://educ73.ac-grenoble.fr/nectar/nectar_enseignant/docs_pedas/bcu82_textes_enfants/index.php
et ici en collège : http://209.85.135.104/search?q=cache:nfpmcYQnCzIJ:www.seneffe.be/theme_commune/enseignement/e-com-petit-roeulx/archives-du-journal/2004-2005/correspondance-et-poesie/
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Anagrammes
Par le jeu des anagrammes,
Sans une lettre de trop,
Tu découvres le sésame
Des mots qui font d‘autres mots.
Me croiras-tu si je m‘écrie
Que toute neige a du génie ?
Vas-tu prétendre que je triche
Si je change ton chien en niche ?
Me traiteras-tu de vantard
Si une harpe devient phare ?
Tout est permis en poésie.
Grâce aux mots, l‘image est magie.
Pierre Coran ("L‘écharpe d‘Iris" - titre en recherche de références)
Anagrammes
La recherche d'anagrammes permet de collecter une grande quantité de couples de mots. La difficulté principale, pour les élèves est de construire une phrase, amusante pour le thème, avec ces associations.
niche > chien semble par exemple un couple trop familier, mais ...
Pour finalement, créer un texte imité du poème de Pierre Coran, on peut imaginer une histoire commune à quelques-uns des anagrammes formés.
- En cas de panne dans la recherche, vous trouverez ici un générateur d'anagrammes (copier-coller le lien) :
Un "petit dico" : http://www.barbery.net/anagram/index.htm ou un "gros dico" pour davantage de résultats : http://www.barbery.net/anagram/index2.htm
- A cette adresse, une démarche possible de travail (expérimentée ici en CM1) pour une création poétique à partir du poème de Pierre Coran et du livre "Les mots décollent" de Gildas Feré. La fiche de préparation présente les séquences, des exemples, des conseils et des productions d'élèves (NB : le texte s'ouvre dans un pdf protégé en copie) :
http://www.ecole-marianne-chauconin.ac-creteil.fr/ressources/prepspoesie/anagramprep_CM1.pdf
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La grenouille
Une grenouille
Qui fait surface,
Ça crie, ça grouille
Et ça agace.
Ça se barbouille,
Ça se prélasse,
Ça tripatouille
Dans la mélasse.
Puis ça rêvasse
Et ça coasse
Comme une contrebasse
Qui a la corde lasse.
Mais pour un héron à échasses,
Une grenouille grêle ou grasse
Qui se brochette ou se picore,
Ce n'est qu'un sandwich à ressorts.
Pierre Coran ("Jaffabules", Livre de poche Jeunesse - Hachette)
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pour le jeu des sonorités pour ces petits poèmes à dire :
Le dindon
Le dindon dîne,
Le dindon dort.
Le dindon dort,
Le dindon dîne.
Mais quand il ne dort pas,
Le dindon,
Quand il ne dîne pas,
Le dindon,
Que fait-il donc ? Devine !
Le dindon se dandine.
Pierre Coran ("Comptines pour jongler avec les rimes"- Casterman, collection Direlire, 2007)
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Six escargots gris
Couci
Couça
Couci
Six gros escargots gris
Ho hisse
Et hisse
et hue
Grimpaient sur une grue
Arrivés tout en haut,
Ho hisse
Et hisse
Et ho
Les gros escargots las
Cahin
Cahin
Caha
Revinrent tout en bas
Couci
Couci
Couça.
Pierre Coran et Gabriel Lefebvre ("Comptines pour ne pas zozoter" - Casterman, collection Direlire, 1993)
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Encore avec des si...
Si six cents couteaux-scies
Si six cents couteaux-scies,
Si six cents couteaux-scies,
Scient, en six,
Si six cents couteaux-scies,
Scient, en six,
Six cents saucisses,
Si six cents couteaux-scies,
Scient, en six,
Six cents saucisses,
Qu’obtient-on au total ?
Une cuisine sale.
Pierre Coran et Gabriel Lefebvre ("Comptines pour ne pas zozoter" - Casterman, collection Direlire, 1993)
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Là, c'est vraiment un exercice oral :
Tic tac
Tic tac
Clic clac
Cric crac
Flic flac.
Tic clac
Clic tac
Cric flac
Flic crac.
Tic crac
Clic flac
Cric tac
Flic clac.
Tic tac
Clic clac
Flic flac
Cric crac.
Boum !
Pondu poème sans queue ni tête.
Réciter contre bonne récompense.
Pierre Coran ("La tête en fleurs" - Éditions Le Cyclope, 1979)
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et ça, alors ?
Voici un poème en allitérations (voir le même procédé avec Boby Lapointe plus loin : "Ta Katie t'a quitté").
K.K.O.
Un kangourou
En kimono kaki
Faisait du karaté
Sur un kiosque de kermesse
Avec un koala
Et un kakatoès.
Les kilos du kangourou,
Les kilos du koala,
Le bec du kakatoès
Ont fini par faire un trou
Dans le kiosque de la kermesse.
Et quand le kiosque craqua,
Kakatoès, koala,
Kangourou en kimono
Furent tous trois mis K.O.
Pierre Coran ("Bédérimes" - poésie et BD pour les enfants - Casterman, 1985)
Allitérations
Voir Boby Lapointe, plus loin.
Auteurs C 4 - PP 2013 EN FRANÇAIS - Charles Cros
- Charles Cros -
Charles Cros (1842–1888) est un poète français ("Le Collier de griffes", "Le Coffret de santal") méconnu de ses contemporains et quelque peu oublié aujourd'hui. Il reste quand même son hareng saur, sec, sec, sec, qui se balance aux murs des écoles. Charles Cros est aussi un inventeur dépossédé : qui sait ce qu'il a apporté à la photographie ? Et le phonographe, qu'il avait théorisé, a été réalisé par Thomas Edison.
Le hareng saur
à Guy *
Il était un grand mur blanc - nu, nu, nu,
Contre le mur une échelle - haute, haute, haute,
Et, par terre, un hareng saur - sec, sec, sec.
Il vient, tenant dans ses mains - sales, sales, sales,
Un marteau lourd, un grand clou - pointu, pointu, pointu,
Un peloton de ficelle - gros, gros, gros.
Alors il monte à l’échelle - haute, haute, haute,
Et plante le clou pointu - toc, toc, toc,
Tout en haut du grand mur blanc - nu, nu, nu.
Il laisse aller le marteau - qui tombe, qui tombe, qui tombe,
Attache au clou la ficelle - longue, longue, longue,
Et, au bout, le hareng saur - sec, sec, sec.
Il redescend de l’échelle - haute, haute, haute,
L’emporte avec le marteau - lourd, lourd, lourd,
Et puis, il s’en va ailleurs, - loin, loin, loin.
Et, depuis, le hareng saur - sec, sec, sec,
Au bout de cette ficelle - longue, longue, longue,
Très lentement se balance - toujours, toujours, toujours.
J’ai composé cette histoire, - simple, simple, simple,
Pour mettre en fureur les gens - graves, graves, graves,
Et amuser les enfants - petits, petits, petits.
Charles Cros ("Le Coffret de santal", 1873 - Gallimard poésie 1972) - * Guy-Charles Cros, son fils, qui deviendra poète
Auteurs D 1 - PP 2013 EN FRANÇAIS - Yvan Dautin - Luc Decaunes - Lise Deharme - Lucie Delarue-Mardrus - Marc Delouze
- Yvan Dautin -
Yvan Dautin, poète-chanteur, est né en 1945. Il se joue des mots, les mets en scène. L'humour, l'amour et le désamour sont ici et là dans ses textes poétiques. Deux textes imagés, surprenantes scènes surréalistes, ci-dessous pour Le Printemps des Poètes 2009.
Voyez le blog http://yvandautin.canalblog.com/
Les mains dans les poches sous les yeux
Tel un Picasso de banlieue ...
Deux textes, à dire ou ... à chanter :
La méduse
La méduse de la plage de Saint-Malo
Fait du vélo sur la plage à Saint-Malo
Les coquillages et les crustacés
En ont assez de se faire écraser
Sous les rayons d'un vélo majuscule
Et d'une méduse qui vous tentacule
Ouille, ouille, ouille !
C'est là qu'il faut pas s'en méli-mélo les pinceaux
Dans la chaîne de vélo...
Je continue
La méduse de la plage de Saint-Malo
Fait du vélo sur la plage à Saint-Malo
Elle en pince pour un crabe
Elle en pince pour un crabe
Fabricant de chateaux de sable
Mais qui recule dès qu'il la voit
Alors la méduse de Saint-Malo fait du mélo
Sur la plage de Saint-Malo
A pied, à ch'val, en voiture et à vélo
Les coquillages et les crustacés
En ont assez de se faire écraser
Sous les rayons d'un vélo majuscule
Et d'une méduse qui vous tentacule
Ouille, ouille, ouille !
C'est là qu'il faut pas s'en méli-mélo les pinceaux
Dans la chaîne de bicyclette...
Je continue
La méduse de la plage de Saint-Malo
Fait du mélo sur la plage à Saint-Malo
C'est alors qu'un vieux dromadaire
Qui passait par là en lisant son bréviaire
Et on ne sait trop ce qui se passa
Mais le dromadaire devint papa, ah !
Une méduse un peu volage à Saint-malo
Qui fait du vélo sur la plage à Saint-Malo
Les coquillages et les crustacés
En ont assez de se faire écraser
Sous les rayons d'un vélo majuscule
Et d'une méduse qui vous tentacule
Ouille, ouille, oh, oh, oh, trop tard !
C'est déjà fait, ouh, ouh, ouh, ah, ah !
Yvan Dautin (paroles et musique)
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Les mains dans les poches
Les mains dans les poches sous les yeux
Tel un Picasso de banlieue
Trempe tes pinceaux dans la débine
Si le monde est beau, toi, t'as mauvaise mine
Sur le trottoir des Deux Magots
Tu fais Prévert, tu fais Rimbaud
Tu fais désert, tu fais chameau
Tu vends au noir des esquimaux
Les mains dans les poches sous les yeux
Tel un Picasso de banlieue
Tu croûtes et tu peins, toi, l'anonyme
Le dernier mégot, comme on fait cantine
Près du comptoir qui rit, qui pleure
Un homme saoul fait l'ascenseur
Le vieil hibou berce les coeurs
Quand y en a marre, salut, c'est l'heure
Les mains dans les poches sous les yeux
Tel un Picasso de banlieue
Trempe tes pinceaux dans la débine
Si le monde est beau, toi, t'as mauvaise mine
Sur le trottoir des Deux Magots
Y avait Prévert
Y avait Rimbaud
Tout est désert, pas un chameau
Bonjour, bonsoir, les esquimaux
Yvan Dautin (paroles et musique)
- Luc Decaunes -
Luc Decaunes (1913-2001), instituteur et journaliste français, était écrivain, biographe ("Les idées noires" , "Vie de Paul Éluard"...) et poète ("Le feu défendu", "Récréations", "Le cœur légendaire"...).
Sans appartenir lui-même réellement au Mouvement surréaliste, il était proche d'Éluard, Aragon, Tzara.
Du recueil Chansons pour un bichon, qui comprend 60 chansons pour enfants (dont Luc Decaunes a écrit également la musique) qu'on peut considérer comme des poèmes,à dire, bien entendu, voici deux titres :
Le porc-épic (chanson)
Avez-vous vu le porc-épic
Qui se baladait place du Trône ?
Avez-vous vu le porc-épic
Qui remontait la rue Lepic ?
Pic pic pic !
Dit le porc-épic,
Je ne pique pas, ma parole !
Pic pic pic !
Dit le porc-épic,
Je ne pique pas les aspics !
Luc Decaunes ("Chansons pour un bichon" - Éditions Seghers, 1979 et réédition 1999)
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Le tamanoir n'est pas bien vu (chanson)
Refrain :
Non !
Je ne veux pas vous voir,
Monsieur le Tamanoir !
I
Dans notre ferme il est un chien
Qui sent mauvais, qui ne vaut rien ;
Chacun se sauve quand il vient.
Moi... je l'appelle mon copain.
II
Dans la montagne il est un loup
Avec des yeux comme des trous
Et le cœur dur comme caillou
... À qui j'ai donné rendez-vous.
III
Dans la rivière est un poisson
Qui ne mord pas les hameçons,
Seulement les petits garçons.
... On est amis comme cochons !
IV
Et dans mon lit sont des souris
Rongeant mes pieds à petits cris.
... Je leur apporte chaque nuit
Du bon fromage et du pain bis.
V
J'ai rencontré un éléphant,
Trompe terrible et grandes dents,
Qui fait peur à tous les enfants !
... Il a mon cœur, ce bon géant.
Luc Decaunes ("Chansons pour un bichon" - Éditions Seghers, 1979 et réédition 1999)
- Lise Deharme -
Lise Deharme (1907-1981), est une romancière et poétesse française, proche des Surréalistes.
L'horloger
La petite bête
Qui est dans la montre
Je l’entends gratter
Je l’entends taper
Je l’entends sonner
Que dit-elle ? Tic-tac
Tic-tac-tic
La petite bête
Est morte ce soir
Monsieur l’horloger
Veux-tu la retrouver
Veux-tu la ramener
Ma petite bête.
Ne veut plus chanter
La petite bête
Monsieur l’horloger
Me l’a retrouvée
Elle était coincée
Par un grain de blé
Que dit-elle ? Tic-tac
Tic-tac-tic
Lise Deharme ("Le coeur de Pic" - photographies de Claude Cahun - éditions Corti, 1937 et Éditions MeMo, 2004)
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La poule noire
La poule noire
dans le potager
a crié
comme une enragée.
Les fermiers
sont allés la voir ;
elle a dit qu'il allait pleuvoir.
on ne l'a pas crue lanturlu,
et mon beau chapeau est perdu !
Lise Deharme ("Cahiers de curieuse personne" - éditions des Cahiers libres, 1933)
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La plume
Une plume est tombée
par terre.
Va la ramasser.
- Pour quoi faire ?
Il va pousser un plumier.
Lise Deharme ("Le coeur de Pic" - photographies de Claude Cahun - éditions Corti, 1937 et Éditions MeMo, 2004)
- Lucie Delarue-Mardrus -
Lucie Delarue-Mardrus (1874-1945) a écrit de nombreux poèmes, romans, contes et nouvelles.
Elle était aussi dessinatrice, sculptrice et historienne.
Notre recueil référence est "Poèmes mignons pour les enfants". C'est de cet ouvrage que sont tirés tous les poèmes ci-dessous.
S'il y a un poème de cette auteure à dire, c'est bien celui-ci :
Mauvaise rencontre
Antoine Lenoir dans le noir
Monte l'escalier sans y voir.
Henri Leborgne qui le lorgne
Soudain d'un coup de poing l'éborgne.
" Oh ! oh ! " dit Lenoir
" Hi ! hi ! " dit Leborgne.
- Répondez Lenoir
Fait-il toujours noir,
Ou vos marches s'allument-elles
Au clair de trente-six chandelles ? "
Lucie Delarue-Mardrus (ouvrage cité)
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Petites souris
C’est la petite souris grise,
Dans sa cachette elle est assise.
Quand elle n’est pas dans son trou,
C’est qu’elle galope partout.
C’est la petite souris blanche
Qui ronge le pain sur la planche.
Aussitôt qu’elle entend du bruit,
Dans sa maison elle s’enfuit.
C’est la petite souris brune
Qui se promène au clair de lune,
Si le chat miaule en dormant,
Elle se sauve prestement.
C’est la petite souris rouge,
Elle a peur aussitôt qu’on bouge !
Mais, lorsque personne n’est là,
Elle mange tout ce qu’on a.
Lucie Delarue-Mardrus (ouvrage cité)
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Le chat noir
J'ai dans ma cave un chat noir.
Ses yeux sont de couleur claire.
Mais s'il les ferme, bonsoir !
Pour le trouver, rien á faire !
Lucie Delarue-Mardrus (ouvrage cité)
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Les poissons rouges
- Les poissons rouges du bocal
Ont de l'eau par-dessus la tête.
Cela ne leur fait donc pas mal ?
- Bien sûr que non, petite bête !
Vois s'ils sont vifs et déliés !
C'est dans l'air qu'ils seraient noyés.
Lucie Delarue-Mardrus (ouvrage cité)
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Les vaches
Quand je traverse le terrain,
Les vaches des fermes modèles,
Pourquoi donc me regardent-elles ?
Pourtant je ne suis pas un train !
Lucie Delarue-Mardrus (ouvrage cité)
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Le cochon
- Pourquoi marche-t-il, le cochon,
Si fier à travers la prairie ?
- C'est qu'à lui tout seul, des pieds au front,
Il est une charcuterie.
Lucie Delarue-Mardrus ("Poèmes mignons pour les enfants" - Gedalge, 1929)
- Marc Delouze -
Marc Delouze est né en 1945.
Extraits de sa biographie sur le site du Printemps des Poètes :
"Son premier recueil paraît en 1971. Quelques années plus tard, se refusant à "faire le poète", il s'installe dans un silence éditorial d'une vingtaine d'années, pendant lesquelles il travaille à la recherche de nouveaux supports d'expression poétique liés à la Cité : spectacles de rue, poésie musicale, interventions diverses...et, en 1982, il crée l'association "Les Parvis Poétiques", qui organise des événements, des festivals, des expositions sonores, des lectures-spectacles, etc."
Dernière publication en date : "C'est le monde qui parle" (récit - éditions Verdier, 2007).
Marc Delouze a mis en poèmes animaux les instruments de musique, en voici deux, jeux de mots et de sonorités, à haute voix :
Le tambourin
Chitiki le kangourou
a volé plein de grelots
se karapatte à grands sauts
mais son ventre fait un bruit
à réveiller les nuages
Chitiki Chitiki
Chitiki le kangourou
n'est pas surpris
IL EST SOURD
Marc Delouze
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La grosse caisse
Tontakès
le dinosaure
patatauge
dans la gadoue
puis il s'essore
comme un torchon
À PATTES
Marc Delouze
Auteurs D 2 - PP 2013 EN FRANÇAIS - Henri Dès - Robert Desnos - Jean-Pierre Develle
- Henri Dès -
Henri Dès, né en 1940, un chanteur connu des enfants, des écoliers.
Il est même passé à l'Olympia.
Plus de 20 albums.
Le site officiel du chanteur, où on peut écouter des extraits de tous les titres, rangés par album, et imprimer est ici :
http://www.henrides.net/
On trouve une sélection de textes (31) avec partition, ici :
http://perso.orange.fr/partitions/primaire/des/des.htm
Voici le début d'une chanson extraite du CD Les bêtises (photo):
Avec les copains
On aime bien avec les copains
Aller faire un tour dans le bois tout près.
On y passe l'après-midi
On fait les malins
On est comme des fous.
On aime bien avec les copains
Aller faire un tour en forêt
On y passe l'après-midi
La forêt elle est rien qu'à nous.
On prend des fusils de chasse
Bout de bois sur un bout d'tuyau
On se frotte la figure
Les deux mains trempées dans de la boue.
On dit qu"on part à la chasse
Dans le pays des zozos
Ça nous fait une drôle d'allure
Y a des loups garous partout ...
Henri Dès (CD "Les bêtises" - Disques Mary Josée, 1999)
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Un deuxième texte, extrait d'un autre disque :
La marche des chapeaux
Quand je mets mon chapeau gris
C'est pour aller sous la pluie
Quand je mets mon chapeau vert
C'est que je suis en colère
Et je mets mon chapeau mou
Quand ça ne va plus du tout
Quand je mets mon galurin
C'est pour aller au jardin
Quand je mets mon chapeau bleu
C'est que ça va déjà mieux
Et je mets mon chapeau blanc
Quand je suis très content
Quand je mets mon p'tit béret
C'est pour aller au muguet
Et je mets mon chapeau rond
Pour aller aux champignons
Avec une plume au bout
C'est pour aller partout
Quand je mets mon grand chapeau
C'est pour jouer du piano
Quand je mets ma p'tite casquette
C'est pour jouer d'la trompette
Et je mets mon capuchon
Pour jouer du violon
Henri Dès (dans le disque "Flagada" - Disques Mary Josée, 2005)
- Robert Desnos -
Robert Desnos (1900-1945) a fait partie avec Benjamin Péret et André Breton du mouvement Dada et du surréalisme. Il rompra plus tard avec eux. Auteur de nombreux textes poétiques, ses poèmes pour les enfants sont très connus ("Chantefables et Chantefleurs" - Gründ éditeur, 1952).
"Je suis un acrobate de fortune
qui termine son numéro
dans l'exacte nuance de dérisoire."
Robert Desnos, poème "Identité"
Des textes de Desnos sont déjà présents sur le blog dans les catégories C2 et C3 pour la classe (La fourmi - Le pélican - L'escargot - La grenouille aux souliers percés - Les hiboux - Le zèbre - L'oiseau du Colorado - Il était une feuille). Une autre série de textes, souvent plus graves*, sont rangés dans la catégorie du "Printemps des Poètes 2008 : l'Autre" - *voir le complément à la biographie de Desnos dans cette catégorie.
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Ce poème joue sur les échanges de lettres ou de syllabes, à la manière (mais sans l'intention grivoise évidemment), de contrepèteries, et l'invention de mots :
Le canapé de Paméla
Le canapé de Paméla
Le Panapé de Caméla
Le Panala de Camépé
Est un beau canaquois
Est un nabeau est un naquois
Charmante Panapé
Charmante Paméla
Le charme de Paméla
Le charme du canapé
Il est passé par ici
Il repassera par là
C’est un nabeau c’est un naquois
Charmante Paméla
Délicieux canapé
Robert Desnos ("Youki 1930 Poésie" - publication posthume dans "Destinée arbitraire" - Gallimard, 1975)
Jouer avec les syllabes
Les élèves peuvent rechercher des mots connus dans le dictionnaire en suivant, comme dans le poème de Robert Desnos, certains critères : le même nombre de syllabes et des voyelles communes, ou pas. Ils s'exercent à la permutation simple de syllabes entre deux mots, et en vérifient le possible effet amusant. On construit ensuite autour des mots appariés un texte structuré, en enrichissant le thème développé, sur le mode humoristique.
L'exemple ci-dessous, avec des prénoms et quelques entorses à la règle pour rester dans le thème choisi est déjà placé au paragraphe Jacques Charpentreau :
Mes trouvailles
J'ai cueilli des radis pour Annie
des rideaux et des radeaux pour Anna ...
(texte complet au paragraphe Charpentreau)
On retrouvera avec d'autres auteurs [Boby Lapointe par exemple] d'autres procédés basés sur les jeux de mots.
Voir également "La Belle Lisse Poire du prince de Motordu" de Pef, ainsi que les autres livres de la série, et le "Dictionnaire des mots tordus ", du même auteur.
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Dans le texte qui suit, on observera l'emboîtement des vers. Seule la partie en couleur de ce texte est proposée en élémentaire.
Chant du ciel
La fleur des Alpes disait au coquillage : « tu luis »
Le coquillage disait à la mer : « tu résonnes »
La mer disait au bateau : « tu trembles »
Le bateau disait au feu : « tu brilles »
Le feu me disait : « je brille moins que ses yeux »
Le bateau me disait : « je tremble moins que ton coeur quand elle paraît »
La mer me disait : « je résonne moins que son nom en ton amour »
Le coquillage me disait : « je luis moins que le phosphore du désir dans ton rêve creux »
La fleur des Alpes me disait :« elle est belle »
Je disais : « elle est belle, elle est belle, elle est émouvante ».
Robert Desnos ("Corps et biens", les ténèbres - Gallimard,1930 et Poésie/Gallimard, 1968)
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Dans celui-ci, l'humour est sujet du poème :
Le souci
Et pour qui sont ces six soucis ?
Ces six soucis sont pour mémoire.
Ne froncez donc pas les sourcils,
Ne faites donc pas une histoire,
Mais souriez, car vous aussi,
Vous aussi, aurez des soucis.
Robert Desnos ("Chantefables et Chantefleurs" - Gründ éditeur, publication posthume en 1952)
[La première édition réunit les recueils Chantefables (1944*) et Chantefleurs (1952) ainsi que des jeux de langages, des "poèmes à dire, à chanter, à danser", que Robert Desnos avait écrits pour les enfants de ses amis pendant l'occupation. La préface est de sa compagne, Youki, et les textes sont illustrés par Gabrielle Sauvain.] source : www.marelibri.com *Robert Desnos a été arrêté en 1944 et déporté, avant d'avoir vu la parution de "Chantefables".
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C'était un bon copain
Il avait le cœur sur la main
Et la cervelle dans la lune
C'était un bon copain
Il avait l'estomac dans les talons
Et les yeux dans nos yeux
C'était un triste copain
Il avait la tête à l'envers
Et le feu là où vous pensez
Mais non quoi il avait le feu au derrière
C'était un drôle de copain
Quand il prenait les jambes à son cou
Il mettait son nez partout
C'était un charmant copain
Il avait une dent contre Étienne
A la tienne Étienne à la tienne mon vieux
C'était un amour de copain
Il n'avait pas la langue dans sa poche
Ni la main dans la poche du voisin
Il ne pleurait jamais dans mon gilet
C'était un copain
C'était un bon copain.
Robert Desnos ("Corps et biens" - Gallimard,1930 et Poésie/Gallimard, 1968)
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L’hippocampe
Gloire, gloire au bel hippocampe,
Cheval marin, cheval de trempe,
Qu’aucun jockey n’a chevauché,
Hip ! Hip ! Hip ! pour l’hippocampe.
Gloire ! Gloire au bel hippocampe,
Dans une poche, sur son ventre,
Il porte et il couve ses œufs.
Là, ses petits sont bien chez eux.
Hip ! Hip ! Hip ! pour l’hippocampe.
Robert Desnos ("Chantefables et Chantefleurs" - Gründ éditeur, publication posthume en 1952)
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Les hiboux
Ce sont les mères des hiboux
Qui désiraient chercher les poux
De leurs enfants, leurs petits choux,
En les tenant sur les genoux.
Leurs yeux d'or valent des bijoux
Leur bec est dur comme cailloux,
Ils sont doux comme des joujoux,
Mais aux hiboux point de genoux !
Votre histoire se passait où ?
Chez les Zoulous ? Les Andalous ?
Ou dans la cabane bambou ?
A Moscou ? Ou à Tombouctou ?
En Anjou ou dans le Poitou ?
Au Pérou ou chez les Mandchous ?
Hou ! Hou !
Pas du tout, c'était chez les fous.
Robert Desnos ("Chantefables et Chantefleurs" - Gründ éditeur, publication posthume en 1952)
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Le pélican
Le capitaine Jonathan,
Étant âgé de dix-huit ans
Capture un jour un pélican
Dans une île d'Extrême-orient,
Le pélican de Jonathan
Au matin, pond un oeuf tout blanc
Et il en sort un pélican
Lui ressemblant étonnamment.
Et ce deuxième pélican
Pond, à son tour, un oeuf tout blanc
D'où sort, inévitablement
Un autre, qui en fait autant.
Cela peut durer pendant très longtemps
Si l'on ne fait pas d'omelette avant.
Robert Desnos ("Chantefables et Chantefleurs" - Gründ éditeur, publication posthume en 1952)
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Le blaireau
Pour faire ma barbe
Je veux un blaireau,
Graine de rhubarbe,
Graine de poireau.
Par mes poils de barbe !
S'écrie le blaireau,
Graine de rhubarbe,
Graine de poireau,
Tu feras ta barbe
Avec un poireau,
Graine de rhubarbe,
T'auras pas ma peau.
Robert Desnos ("Chantefables et Chantefleurs" - Gründ éditeur, publication posthume en 1952)
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<< ci-contre, fourmi au feutre indélébile sur fond gouache et huile. Techniques d'illustration visibles sur le blog
http://jourssemisentre2.canalblog.com/
La fourmi
Une fourmi de dix-huit mètres
Avec un chapeau sur la tête,
Ça n'existe pas, ça n'existe pas.
Une fourmi traînant un char
Plein de pingouins et de canards,
Ça n'existe pas, ça n'existe pas.
Une fourmi parlant français;
Parlant latin et javanais,
Ça n'existe pas, ça n'existe pas.
Eh ! Pourquoi pas ?
Robert Desnos ("Chantefables et Chantefleurs" - Gründ éditeur, publication posthume en 1952)
À la manière de "une fourmi de dix-huit mètres ..."
voici une adresse où vous trouverez des textes imités de "La fourmi" : http://clicnet.swarthmore.edu/rire/textes/desnos.html
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La dame pavot nouvelle épousée
La dame pavot nouvelle épousée
a demandé à son mari
Quelle est l'année ?
Quel est le mois ?
Quelle est la semaine ?
Quel est le jour ?
Quelle est l'heure ?
Et son mari a répondu
- Nous sommes en l'an quarante
nous sommes au mois de Juillobre
semaine des quatre jeudis
jour de gloire
midi sonné.
Belle année, agréable mois,
charmante semaine,
jour merveilleux
Heure délicieuse.
Robert Desnos ("Le parterre d'Hyacinthe" publication posthume dans "Destinée arbitraire" - Gallimard, 1975).
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Par un point situé sur un plan...
Par un point situé sur un plan
On ne peut faire passer qu'une perpendiculaire
à ce plan.
On dit ça...
Mais par tous les points de mon plan à moi
On peut faire passer tous les hommes, tous les animaux de la terre
Alors votre perpendiculaire me fait rire.
Et pas seulement les hommes et les bêtes
Mais encore beaucoup de choses
Des cailloux
Des fleurs
Des nuages
Mon père et ma mère
Un bateau à voiles
Un tuyau de poêle
Et si cela me plaît
Quatre cents millions de perpendiculaires.
Robert Desnos ("La géométrie de Daniel" 1939 - publié aux éditions Gallimard dans "Destinée arbitraire", en 1975)
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L'oiseau du Colorado
L’oiseau du Colorado
Mange du miel et des gâteaux
Du chocolat et des mandarines
Des dragées des nougatines
Des framboises des roudoudous
De la glace et du caramel mou.
L’oiseau du Colorado
Boit du champagne et du sirop
Suc de fraise et lait d’autruche
Jus d’ananas glacé en cruche
Sang de pêche et navet
Whisky menthe et café.
L’oiseau du Colorado
Dans un grand lit fait un petit dodo
Puis il s’envole dans les nuages
Pour regarder les images
Et jouer un bon moment
Avec la pluie et le beau temps.
Robert Desnos ("La ménagerie de Tristan" publié dans "Destinée arbitraire" - Poésie Gallimard, 1975)
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Le poisson sans-souci (extrait)
Le poisson sans-souci
Vous dit bonjour vous dit bonsoir
Ah ! qu’il est doux qu’il est poli
Le poisson sans-souci.
Il ne craint pas le mois d’avril
Et tant pis pour le pêcheur
Adieu l’appât adieu le fil
Et le poisson cuit dans le beurre.
[...]
Le poisson sans-souci
Qui dit bonjour qui dit bonsoir
Ah ! qu’il est doux et poli
Le poisson sans-souci
Le souci sans souci
Le Poissy sans Soissons
Le saucisson sans poids
Le poisson sans-souci.
Robert Desnos ("La ménagerie de Tristan" publié dans "Destinée arbitraire" - Poésie Gallimard, 1975)
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Les passages du poème qui suit sont semblables à des bribes d'images au sortir d'un rêve qu'on ne parvient pas à reconstituer. Des collages de mots, un bout de phrase.
Un texte à dire, à écouter ...
Demi-rêve (extrait)
abougazelle élaromire
Elaroseille a la mijelle
a la mirate a la taraise
[...]
Il est bonjour au coeur de lune
Le ciel alors lagélami
Lagélasou lagésommeil
Lagébonneil Légésonjour.
Robert Desnos ("Destinée arbitraire" - Poésie Gallimard, 1975)
Inventer des mots : Les mots inventés ici par Robert Desnos sont choisis pour leur sonorité, leur pouvoir d'évocation, et pour le rythme du poème.
On peut obtenir un effet approchant en partant d'un poème court , existant ou original, et en remplacer la plupart des mots par des associations de syllabes aux sonorités plaisantes.
Voir Guillevic, Boby Lapointe, Boris Vian.
- Jean-Pierre Develle -
Jean-Pierre Develle est un auteur contemporain.
Ce texte à dire a été trouvé dans le recueil du Concours de poésie de la RATP :
Qu’est-ce qui ne va pas sur la terre ?
C’est le chat, dit la souris
C’est le lion, dit la gazelle
C’est le loup, dit l’agneau
C’est l’homme, dit l’homme
Jean-Pierre Develle ("Des rimes et des rames" - recueil de textes du concours Concours de poésie dans le métro 2002-2003, éditions de la Voûte)