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lieu commun

12 juin 2007

L'école de Maurice Carême

Merci à la Fondation Maurice Carême

Maurice Carême, instituteur belge (1899-1978) est présent dans chaque cahier de poésie des élèves de France et de Navarre (et de Belgique bien sûr).

L'école

L'école était au bord du monde,
L'école était au bord du temps.
Au dedans, c'était plein de rondes ;
Au dehors, plein de pigeons blancs.
On y racontait des histoires
Si merveilleuses qu'aujourd'hui,
Dès que je commence à y croire,
Je ne sais plus bien où j'en suis.
Des fleurs y grimpaient aux fenêtres
Comme on n'en trouve nulle part,
Et, dans la cour gonflée de hêtres,
Il pleuvait de l'or en miroirs.
Sur les tableaux d'un noir profond,
Voguaient de grandes majuscules
Où, de l'aube au soir, nous glissions
Vers de nouvelles péninsules.
L'école était au bord du monde,
L'école était au bord du temps.
Ah ! que n'y suis-je encor dedans
Pour voir, au dehors, les colombes.

Maurice Carême ("La flûte au verger")


Notre école

Notre école se trouve au ciel.
Nous nous asseyons prés des anges.
Comme des oiseaux sur les branches.
Nos cahiers d'ailleurs ont des ailes.

A midi juste, on y mange,
Avec du vin de tourterelle,
Des gaufres glacées à l'orange
Les assiettes sont en dentelle.

Pas de leçon, pas de devoirs
Nous jouons quelque fois, le soir
Au loto avec les étoiles.

Jamais nous ne rêvons la nuit
Dans notre petit lit de toile
L'école est notre paradis.

Maurice Carême ("le moulin de papier" - Nathan)


Trois escargots   

J'ai rencontré trois escargots
Qui s'en allaient cartable au dos
Et dans le pré trois limaçons
Qui disaient par cœur leur leçon.
Puis dans un champ, quatre lézards
Qui écrivaient un long devoir.
Où peut se trouver leur école ?
Au milieu des avoines folles ?
Et leur maître est-il ce corbeau
Que je vois dessiner là-haut
De belles lettres au tableau ?

Maurice Carême


L'enfant

A quoi jouait-il cet enfant ?
Personne n'en sut jamais rien.
On le laissait seul dans un coin
Avec un peu de sable blanc
On remarquait bien, certains jours,
Qu'il arquait les bras, tels des ailes
Et qu'il regardait loin, très loin,
Comme du sommet d'une tour.
Mais où s'en allait-il ainsi
Alors qu'on le croyait assis ?
Lui-même le sut-il jamais ?
Dès qu'il refermait les paupières,
Il regagnait le grand palais,
D'où il voyait toute la mer.

Maurice Carême


L'écolière

Bon Dieu ! que de choses à faire !
Enlève tes souliers crottés,
Pends donc ton écharpe au vestiaire,
Lave tes mains pour le goûter,

Revois tes règles de grammaire.
Ton problème, est-il résolu ?
Et la carte de l'Angleterre,
Dis, quand la dessineras-tu ?

Aurai-je le temps de bercer
Un tout petit peu ma poupée,
De rêver, assise par terre,
Devant mes châteaux de nuées ?
Bon Dieu ! que de choses à faire !

Maurice Carême ("La grange bleue")


[Ce message  est antidaté pour le rangement]


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11 juin 2007

Charles Cros - Indignation

Après Le hareng-saur, on retrouvera cet autre texte de Charles Cros dans POÉSIE d'humour, dérision, parodie
Gardons pour plus tard (promis ça) et par manque de temps, si court, l'histoire de cet oublié de l'Histoire.

Indignation

J'aurais bien voulu vivre en doux ermite,
Vivre d'un radis et de l'eau qui court.
Mais l'art est si long et le temps si court !
Je rêve, poignards, poisons, dynamite.

Avoir un chalet en bois de sapin !
J'ai de beaux enfants (l'avenir), leur mère
M'aime bien, malgré cette idée amère
Que je ne sais pas gagner notre pain.

Le monde nouveau me voit à sa tête.
Si j'étais anglais, chinois, allemand,
Ou russe, oh ! alors on verrait comment
La France ferait pour moi la coquette.

J'ai tout rêvé, tout dit, dans mon pays
J'ai joué du feu, de l'air, de la lyre.
On a pu m'entendre, on a pu me lire
Et les gens s'en vont dormir, ébahis ...

J'ai dix mille amis, ils ont tous des rentes.
Combien d'ennemis ?... Je ne compte pas.
On voudrait m'avoir aux fins des repas,
Aux cigares, aux liqueurs enivrantes.

Puis je m'en irais, foulant le tapis
Dans l'escalier chaud, devant l'écaillère;
Marchant dans la boue ou dans la poussière,
Je retournerais à pied au logis.

Las d'être traité comme les Ilotes
Je m'en vais aller loin de vous, songeant
Que je ne peux pas, sans beaucoup d'argent,
Contre tant de culs user tant de bottes.

Charles Cros ("Le collier de griffes")


11 juin 2007

L'école de Georges Jean

"L'école est fermée", pour retourner en vacances le temps d'un poème de Georges Jean (né en 1920) :

L'école est fermée

Le tableau s'ennuie ;
Et les araignées
Dit-on étudient
La géométrie
Pour améliorer
L'étoile des toiles :
Toiles d'araignées,
Bien évidemment.

L'école est fermée
Les souris s'instruisent,
Les papillons lisent
Les pupitres luisent,
Ainsi que les bancs.

L'école est fermée
Mais si l'on écoute
Au fond du silence,
Les enfants sont là
Qui parlent tout bas
Et dans la lumière,
Des grains de poussière,
Ils revivent toute l'année qui passa,
Et qui s'en alla …

Georges Jean


10 juin 2007

L'école de Corinne Albaut

Corinne Albaut écrit, publie, interprète des comptines pour les petits (Collection "Petits bonheurs" chez Actes Sud junior).livre_comptines_pyjama
Elle dirige aussi la collection "Les Romans Bleus" (Gulf Stream éditeur - 2006), pour les ados de 11 à 14 ans, dans laquelle elle a écrit Chicago Blues. D'autres romans sont parus chez Acte Sud junior.
J'ai trouvé la comptine ci-dessous dans un petit livre de la jolie collection illustrée "Petits Bonheurs" : Comptines en pyjama - 1997 (illustrations Madeleine Brunelet). À commander et à recommander aussi aux parents. 6,50 € en librairie.

Le jour et la nuit

Quand on dit "bonjour",
Que les enfants courent
Vers l'école pour
Jouer dans la cour,
C'est le jour.

Quand la lune luit
Que les chats sont gris,
Qu'on est dans son lit
Au calme et sans bruit,
C'est la nuit.

On trouvera sur ce blog, de Corinne Albaut : Les  crayons (poésies Cycle 2).
Autre recueil de comptines du même auteur : Comptines pour la rentrée des classes - Actes Sud Junior, 1997.livre_comptines_rentr_e

Les trois classes (bis)

Dans la classe
de Monsieur Leblond,
On cultive des potirons.

Dans la classe
de Madame Levert,
On cultive des primevères.

Dans la classe
de Mademoiselle Legris,
On cultive des radis.

Dans son bureau
La directrice, elle
fait pousser des myosotis.

On trouve dans le recueil cité deux autres variantes de cette comptine. Leur structure peut être reprise et adaptée au cours d'une séance de création poétique orale en maternelle. L'occasion de jouer avec les sons, les rimes. Voyez ICI un exemple de ce travail effectué dans une classe de cycle 2.

Un troisième recueil de comptines de Corinne Albaut, "Comptines pour compter", toujours dans la même collection  :livre_comptines_compter

Sept jours sur sept 

Sept jours, dans la semaine,
    Pour porter tout ce que j'aime.
Lundi, mon tee-shirt canari,
    Mardi, mon pull gris souris,
    Mercredi, mon short kaki,
    Jeudi, mon bermuda fleuri,
    Vendredi, ma chemise bleu nuit,
    Samedi, mon polo cramoisi,
    Dimanche, ma casquette blanche.

Chic, des pieds à la tête,
    Sept jours sur sept.

Corinne Albaut propose également des rencontres avec les élèves, autour des comptines. Voyez ICI les conditions.

Ce message est antidaté pour le rangement dans la catégorie. 


9 juin 2007

(page 2) - L'école de Pierre Gamarra

Pierre Gamarra , écrivain ("Le maître d'école") et poète, est né en 1919.
les textes ci-dessous sont extraits du recueil Mon Cartable et autres poèmes à réciter, illustré par Bernard Lafont, dans lequel on trouvera 36 poèmes pour les enfants.

Mon école (les deux premières strophes, il y en a trois)

Mon école est pleine d'images,
pleine de fleurs et d'animaux,
mon école est pleine de mots
que l'on voit s'échapper des pages,
pleine d'avions, de paysages,
de trains qui glissent tout là-bas
où nous attendent les visages
des amis qu'on ne connaît pas.

Mon école est pleine de lettres,
pleine de chiffres qui s'en vont
grimper du plancher au plafond
puis s'envolent par les fenêtres,
pleine de jacinthes, d'oeillets,
pleine de haricots qu'on sème ;
ils fleurissent chaque semaine
dans un pot et dans nos cahiers.

[...]

Pierre Gamarra  ("Mon Cartable et autres poèmes à réciter" - ID livre jeunesse, 2006)

Mon cartable

Mon cartable a mille odeurs,
mon cartable sent la pomme,
le livre, l’encre, la gomme
et les crayons de couleurs.

Mon cartable sent l’orange,
le bison et le nougat,
il sent tout ce que l’on mange
et ce qu’on ne mange pas.

La figue et la mandarine,
le papier d’argent ou d’or,
et la coquille marine,
les bateaux sortant du port.

Les cow-boys et les noisettes,
la craie et le caramel,
les confettis de la fête,
les billes remplies de ciel.

Les longs cheveux de ma mère
et les joues de mon papa,
les matins dans la lumière,
la rose et le chocolat.

Pierre Gamarra  ("Mon Cartable et autres poèmes à réciter" - ID livre jeunesse, 2006)


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8 juin 2007

L'école de Jean-Luc Moreau

Jean-Luc Moreau est né en 1937. Il a publié des histoires et des poèmes pour les enfants et les adolescents, (Sous le masque des mots, Devinettes, Poèmes de la souris verte … ) et des anthologies de poésie contemporaine ou plus classique (Poèmes à saute-mouton, Poèmes de Russie ...)

La cour de mon école

La cour de mon école
Vaut bien, je crois,
La cour de Picrochole,
Le fameux roi :
Elle est pleine de charme,
Haute en couleur;
On y joue aux gendarmes
Et aux voleurs;
Loin des Gaulois, des Cimbres
Et des Teutons,
On échange des timbres,
À croupetons;
Des timbres des Antilles,
De Bornéo…
Et puis on joue aux billes
Sous le préau.
Qu'on ait pris la Bastille,
C'est merveilleux,
Mais que le soleil brille,
C'est encor mieux !
Orthographe et problèmes
Sont conjurés.
École, ah ! que je t'aime
À la récré !

Jean-Luc Moreau

Voici un autre texte de Jean-Luc Moreau (déjà présent sur ce blog dans POÉSIES pour la CLASSE - CYCLES 2 et 3), qui peut servir de base, par sa structure, à des jeux de création poétique. Un document présente la démarche pédagogique d'une séance ICI (à partir de la page 28). Voyez un exemple de ce travail réalisé ICI par des élèves de CE1, dans un CM2 ICI, ou encore ICI dans un CP.

Locataires

J'ai dans mon cartable
(C'est épouvantable !)
Un alligator
Qui s'appelle Hector.

J'ai dans ma valise

(Ça me terrorise !)
Un éléphant blanc
Du nom de Roland.

J'ai dans mon armoire
(Mon Dieu, quelle histoire !)
Un diplodocus
Nommé Spartacus.

Mais pour moi le pire,
C'est sous mon chapeau
D'avoir un vampire
Logé dans ma peau.

Jean-Luc Moreau


La rentrée

Un oiseau chantonne
Un air de Mozart
Que le vent d'automne
Emporte au hasard.
Bernard et Nicole,
La main dans la main,
Ont pris de l'école
Le joli chemin.
On voit sous les pommes
Crouler les pommiers.
Les crayons, les gommes
Sortent des plumiers.
Le ciel est morose :
Il verse des pleurs...
Mais Rosa-la-rose*
Est toujours en fleurs.

Jean-Luc Moreau
*allusion à la déclinaison latine de "rosa", que les élèves apprenaient au collège (cf la chanson de Jacques Brel : Rosa).

Ce message sera antidaté pour le rangement dans la catégorie 


7 juin 2007

L'école de Victor Hugo

Victor Hugo [1802-1885)  est un poète trop important pour ne pas être présent ici. Sur quel thème n'a-t-il pas écrit ? On devine déjà son regard d'enfant, poète critique, sur le monde, par les fenêtres de l' école.

Les enfants lisent, troupe blonde

Les enfants lisent, troupe blonde ;
Ils épellent, je les entends ;
Et le maître d'école gronde
Dans la lumière du printemps.

J'aperçois l'école entrouverte ;
Et je rôde au bord des marais ;
Toute la grande saison verte
Frissonne au loin dans les forêts.

Tout rit, tout chante ; c'est la fête
De l'infini que nous voyons ;
La beauté des fleurs semble faite
Avec la candeur des rayons.

J'épelle aussi moi ; je me penche
Sur l'immense livre joyeux ;
Ô champs, quel vers que la pervenche !
Quelle strophe que l'aigle, ô cieux !

Mais, mystère ! rien n'est sans tache.
Rien ! - Qui peut dire par quels noeuds
La végétation rattache
Le lys chaste au chardon hargneux ?

Tandis que là-bas siffle un merle,
La sarcelle, des roseaux plats,
Sort, ayant au bec une perle ;
Cette perle agonise, hélas !

C'est le poisson qui, tout à l'heure,
Poursuivait l'aragne, courant
Sur sa bleue et vague demeure,
Sinistre monde transparent.

Un coup de fusil dans la haie,
Abois d'un chien ; c'est le chasseur.
Et, pensif, je sens une plaie
Parmi toute cette douceur.

Et, sous l'herbe pressant la fange,
Triste passant de ce beau lieu,
Je songe au mal, énigme étrange,
Faute d'orthographe de Dieu.

Victor Hugo ("Les chansons des rues et des bois")

6 juin 2007

L'école de Jean Follain

Jean Follain (1903-1971) a côtoyé les poètes André Salmon, Pierre Reverdy, Pierre Mac Orlan, Max Jacob, dans la mouvance surréaliste,dont il s'est tenu à l'écart, puis Eugène Guillevic et Pierre Albert-Birot.

L’ordre

L’écolier qui balayait la classe
à tour de rôle était choisi
alors il restait seul
dans la crayeuse poussière
près d’une carte du monde
que la nuit refroidissait
quelquefois il s’arrêtait, s’asseyait
posant son coude sur la table aux entailles
inscrit dans l’ordre universel.

Jean Follain

[Ce message d'août 2007 est antidaté pour le rangement]


 

6 juin 2007

L'école de Paul Vincensini

Nous avons déjà présenté Paul Vincensini (1930-1985), ainsi qu'un lien vers le site dédié à cet auteur (colonne de droite) atypique. Quelques unes de ses nombreuses poésies sont présentes sur le blog, par exemple dans POÉSIES pour la CLASSE - CYCLES 2 et 3. Voici son école :

Un enfant veut répondre

Un enfant veut répondre
Il a levé le doigt
Dans une vieille école
Qui n'existe plus.
La neige a fondu sous les bancs
Il fait chaud comme à l'écurie
Et l'instituteur
A souligné tous les verbes à la craie bleue.
L'enfant qui veut répondre
Fait claquer ses doigts
Tachés d'encre violette
Dans la vieille école
Qui n'existe plus.

Paul Vincensini ("Le point mort" - Editions Chambelland - 1969)


6 juin 2007

L'école de Jacques Charpentreau

Jacques Charpentreau, né en 1928 a aussi été instituteur, et il est aussi présent que Maurice Carême dans les pages des cahiers de poésie. Il est l'auteur de nombreux recueils de poésies, et d'anthologies poétiques pour les enfants (Les plus beaux poèmes d'hier et d'aujourd'hui, avec Jacqueline Saint-Jean -Hachette jeunesse - 1998 ; Poèmes pour peigner la girafe, avec Florence Koenig - Gautier-Languereau - 1994 ... et récemment "Jouer avec les poètes, coll Fleurs d'encre - Le Livre de Poche - 2002). La poésie qui suit est déjà présente sur le blog dans POÉSIES pour la CLASSE - CYCLES 2 et 3

L'école

Dans notre ville, il y a
Des tours, des maisons par milliers,
Du béton, des blocs, des quartiers,
Et puis mon coeur, mon coeur qui bat
Tout bas.

Dans mon quartier, il y a
Des boulevards, des avenues,
Des places, des ronds-points, des rues
Et puis mon coeur, mon coeur qui bat
Tout bas.

Dans notre rue, il y a
Des autos, des gens qui s'affolent,
Un grand magasin, une école,
Et puis mon coeur, mon coeur qui bat
Tout bas.

Dans cette école, il y a
Des oiseaux chantant tout le jour
Dans les marronniers de la cour.
Mon coeur, mon coeur, mon coeur qui bat
Est là.

Jacques Charpentreau


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