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28 avril 2007

"L'autre" - Paul-Louis Rossi

Paul-Louis Rossi est né en 1933. Romancier, poète, essayiste,  Il a participé à la rédaction des revues "L'Action poétique" et "Change".
Quelques recueils poétiques : Liturgie pour la nuit (éditions Millas Martin, 1958) ; Quand Anna murmurait (éditions Chambelland, 1963 et anthologie des poésies, Flammarion, 1999) ; Les états provisoires (POL éditeur, 1984) ; Visage des Nuits (éditions Flammarion, 2005)

Chaque nuit
Chaque nuit
je me promène
solitaire et calme
contemplant
sous un amas de poussières
les objets de mon insomnie

Paul-Louis Rossi (extrait de "Quand Anna murmurait", anthologie de poésies, Flammarion, 1999)


Un texte image pour le thème du Printemps des Poètes :

Les enfants crient (titre proposé)

Les enfants crient        ce soir      dans les ruelles
      obscures tous Italiens       Gitans     Espagnols
Siciliens  Tziganes moitié Juifs moitié       Arabes
    moitié    Sardes    Egéens    Corses     Egyptiens
Grecs     tous fils indignes      des        Villes
   Corinthe   Gênes    Béotie   Massilia   la
Porte       de la Narbonnaise      un point   humide
    chaud
             sans un
                       souffle ...

Paul-Louis Rossi ("Les états provisoires"  - POL éditeur, 1984)


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28 avril 2007

"L'autre" - Jacques Roubaud

Jacques Roubaud est né en 1932. Il se définit lui-même comme un "compositeur de mathématiques et de poésie". Traducteur et auteur de recueils de poésies pour les enfants, il est membre de l'Oulipo, l’Ouvroir de Littérature Potentielle (voir la présentation de Raymond Queneau sur ce blog).

Le texte suivant a été mis en ligne sur le site officiel du Printemps des Poètes, ici, pour l'édition 2008.

L’autre, 1 ...

L’autre, 1
si je est un autre
de quel autre
alors, suis-je l’autre ?

L’autre, 2

ce je qui est autre
est-ce moi ?
est-ce moi encore ?

L’autre, 3

es-tu toi aussi
es-tu autre ? es-tu, toi, une autre ?

Jacques Roubaud (éditions Printemps des poètes 2008, Poèmes sur Eloge de l'autre).


Je pense à toi

Quand je pense
quand je pense
quand je pense à toi
je me demande
je me demande
si tu penses à moi

et s’il se trouve que tu penses
que tu penses à moi
au moment même où je me demande
où je me demande
si tu penses à moi
est-ce que tu te demandes
te demandes
si je pense à toi ?

et tant je me demande
demande
si tu penses à moi
qu’à la fin je me demande
je me demande
si j’ai pensé à toi

Jacques Roubaud  (dans "Poète toi-même, anthologie" - Le Castor Astral, collection Escales du Nord, 2000)


28 avril 2007

"L'autre" - Rutebeuf

Rutebeuf (1230-1285 - dates approximatives) est le plus grand poète de son temps.

La complainte Rutebeuf

Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L'amour est morte
Ce sont amis que vent me porte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta

Avec le temps qu'arbre défeuille
Quand il ne reste en branche feuille
Qui n'aille à terre
Avec pauvreté qui m'atterre
Qui de partout me fait la guerre
Au temps d'hiver
Ne convient pas que vous raconte
Comment je me suis mis à honte
En quelle manière

Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L'amour est morte
Le mal ne sait pas seul venir
Tout ce qui m'était à venir
M'est advenu

Pauvre sens et pauvre mémoire
M'a Dieu donné, le roi de gloire
Et pauvre rente
Et droit au cul quand bise vente
Le vent me vient, le vent m'évente
L'amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta

Rutebeuf
Ce texte est une adaptation pour la chanson "Pauvre Rutebeuf, musique de Léo Ferré, de deux passages des "Poèmes de l'infortune" dont voici le texte original, en ancien français :

La complainte Rutebeuf

Ne covient pas que vous raconte
Comment je me suis mis à honte,
Quar bien avez ouï le conte
En quel manière,
Je pris ma fame derreniere,
Qui bele ne gente ne iere

Li mal ne sevent seul venir :
Tout ce m'estoit a avenir
S'est avenu.
Que sont mi ami devenu
Que j'avoie si près tenu
Et tant amé ?
Je cuit qu'il sont trop cler semé :
Il ne furent pas bien semé
Si sont failli.
Itel ami m'ont mal bailli ;
C'onques tant com Dieu m'assailli
En maint costé,
N'en vis un seul en mon hoste :
Je cuit li vent les m'a osté.
L'amor est morte :
Ce sont ami que vent emporte,
Et il ventoit devant ma porte
Les emporta,
C'onques nul ne m'en conforta,
Ne du sien rien ne m'aporta.

La griesche d'yver

Contre le temps qu'arbre desfueille,
Qu'il ne remaint en branche fueille
Que n'aut a terre,
Por povreté qui moi aterre,
Qui de toutes pars me muet guerre,
Contre l'yver,
Dont molt me sont changié li ver,
Mon dit commence trop diver
De povre estoire.
Povre sens et povre mémoire
M'a Dieu doné, li rois de gloire,
Et povre rente,
Et droit au cul, quand bise vente.
Li vent me vient, li vent m'esvente,
Et trop sovent
Plusors foïes sent le vent.


28 avril 2007

"L'autre" - Claude Roy

Claude Roy (1915-1997) est lui aussi présent dans les catégories pour la classe (Le chat blanc - Chevaux : trois ; oiseau : un - J'ai trouvé dans mes cheveux - Les corridors où dort Anne qu'on adore - Le soleil dit bonjour).

Le texte ci-dessous est plutôt pour le collège ou le lycée.

On en propose en général la première partie, jusqu’à “J'y suis pour tout le monde”...

Jamais je ne pourrai

Jamais jamais je ne pourrai dormir tranquille aussi longtemps
que d'autres n'auront pas le sommeil et l'abri
ni jamais vivre de bon coeur tant qu'il faudra que d'autres
meurent qui ne savent pas pourquoi
J'ai mal au cœur mal à la terre mal au présent
Le poète n'est pas celui qui dit Je n'y suis pour personne
Le poète dit J'y suis pour tout le monde
Ne frappez pas avant d'entrer
Vous êtes déjà là
Qui vous frappe me frappe
J'en vois de toutes les couleurs
J'y suis pour tout le monde
Pour ceux qui meurent parce que les juifs il faut les tuer
pour ceux qui meurent parce que les jaunes cette race-là c'est fait pour être exterminé
pour ceux qui saignent parce que ces gens-là ça ne comprend que la trique
pour ceux qui triment parce que les pauvres c'est fait pour travailler
pour ceux qui pleurent parce que s'ils ont des yeux eh bien c'est pour pleurer
pour ceux qui meurent parce que les rouges ne sont pas de bons Français
pour ceux qui paient les pots cassés du Profit et du mépris des hommes

Claude Roy ("Les Circonstances"  - Éd Gallimard 1970)


Un autre poème de Claude Roy autour du thème :

Limerick* des gens excessivement polis

Excusez-moi, je vous en prie
Disait le Monsieur Très Poli
tout ourlé de Bonnes Manières
quand il croisait un dromadaire

Je suis charmé vraiment ravi
Disait le Monsieur Si Gentil
en rencontrant rue de Lisbonne
un pangolin avec sa bonne

Je vous présente mes respects
Disant le Monsieur Circonspect
en dépassant dans l'escalier
un i sans point très essoufflé

Veuillez agréer mes hommages
Disait le Monsieur Tout en Nage
en arrivant très en retard
au bal masqué des nénuphars

Après vous je n'en ferai rien
Disait le Monsieur Vraiment Bien
lorsque la Mort sonnant chez ui
le trouvera toujours poli

L'ennui avec les gens polis
c'est qu'ils n'ont jamais fini
tout en saluts et en courbettes
mais trop polis pour être honnêtes.

* Un limerick est une forme de poème burlesque ou absurde.
Claude Roy ("Le Parfait Amour" - Éditions Seghers)


Voici une réhabilitation de l'étourneau, cet animal trop souvent sujet de moquerie chez les humains :

Étourdis étourneaux

Les étourneaux
sont étourdis.
On le dit.

Ils font des tours
et des détours
et ils rient.

Les étourneaux
n'ont pas de tête.
On le dit.

Mais ils sont gais,
les étourneaux,
légers là-haut !

Ils font dans le ciel
des anneaux,
des anneaux gais à tire-d'aile
les étourneaux.

Claude Roy ("La cour de récréation" - Éditions Gallimard)


27 avril 2007

"L'autre" - Robert Sabatier

Robert Sabatier est né en 1923. C'est un écrivain connu du grand public pour la saga en sept tomes d’Olivier, le personnage des Allumettes suédoises (1967), qui traverse les remous de l'Histoire, et dont le dernier épisode :  Olivier 1940 est paru en 2003.
Robert Sabatier a publié d'autres romans et des recueils de poésies. Il est l'auteur d'une Histoire de la poésie française en 11 volumes, chez Albin Michel (éditée de 1961 à 1988). Cet ouvrage rassemble des textes de poètes, du Moyen Âge jusqu' à la période contemporaine.

Les semblables (extrait)

Autant le dire à celui qui m'écoute :
Je te ressemble à ce point qu'au soleil
Je crois me voir dans ton corps de passage
Et je t'entends en m'écoutant moi-même.

Mon œil a soif des autres, je les crois
Jaillis de moi comme un oiseau de l'oeuf
Et leur coeur bat comme battent mes veines,
Je suis lié par un pacte de sang.

Pas d'ennemis dans l'absolu du monde,
Un même corps, Une même épouvante
Et l'espérance avec sa robe verte
Pour nous unir dans un même refus.

Robert Sabatier ("L'Oiseau de demain" - 1981 - éditions Albin Michel)


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27 avril 2007

"L'autre" - Pierrette Sartin

On retrouvera ces textes  de Pierrette Sartin, poétesse contemporaine, et d'autres auteurs, dans le recueil "Les plus beaux poèmes d'hier et d'aujourd'hui", textes choisis et présentés par Jacques Charpentreau (collection "Fleurs d'encre" Le Livre de Poche Jeunesse - Hachette - 2006)

L'ami

L'ami est celui qui comprend
Sans avoir besoin de paroles.
D'un seul regard il nous console
De nos chagrin petits ou grands.

L'ami est la chaleur et lumière
Il est flamme et flambeau
La source qui devient lumière
L'âme soeur le frère jumeau.

Il est autre et pourtant nous-mêmes
Notre reflet et notre écho
Dans le miroir d'un seul poème
Dans le secret du jardin clos.

Pierrette Sartin ("L'amitié des Poètes" 1994 - éditions Hachette)


L'amitié

Elle est le vent sur la prairie
qui caresse les graminées
les mains douces des alizés.

Elle est l'aube sur la colline
la fleur ouverte que lutine
de ses ailes le papillon.

Elle est la source qui jaillit
dans la nuit verte du vallon,
au fond du cœur une chanson.

Elle est l'oiseau venu du ciel
la colombe de l'espérance
portant le rameau de paix ;

Elle est le Prince sous son heaume
qui nous conduit vers le royaume
où commence l'enchantement.

Pierrette Sartin ("L'amitié des Poètes" 1994 - éditions Hachette)


27 avril 2007

"L'autre" - Pierre Seghers

Pierre Seghers (1906-1987) est un poète et un éditeur de poésie (Les éditions Seghers publient toujours).
Il est le créateur de la revue des poètes de la Résistance : Poésie 40, qui publie, aussi des textes actuels et de la collection "Poètes d’aujourd’hui", ainsi que de nombreuses anthologies poétiques. On trouve sur ce blog (catégorie PAROLES et musique) le texte "Merde à Vauban", mis en musique par Léo Ferré.

Les hommes

Le sang doux des arbres
coule dans tes mains,
Le vent du désert
ensable les marbres.

Le chant de la vie
Rouge dans ta voix
Le temps qui s’avoue
Plus vite que toi.

Écoute, on dirait
que la biche brame,
Les bois ont des bras
Des poings, les forêts,

La terre a, profond
De hauts corps en marche,
Des hommes debout
Venus pour parler.

Ils disent qu’ils sont
Le nombre et la masse,
Chacun son regard
Plus clair d’espérer,

Chacun son pas d’homme
Son cœur et sa force,
Ils viennent ici
du fond du passé

Brûler au feu noir
qui fit notre histoire,
Il faudra les croire
Ou bien les tuer !

Pierre Seghers ("le Futur Antérieur")


27 avril 2007

"L'autre" - Alain Serres

Alain Serres est né en 1956. Il a publié de nombreux textes, histoires et poèmes pour enfants et adolescents.

Toi-même

C'est fou ce qu'il y a de merveilles
Dans le creux de ton oreille
C'est fou ce qu'il y a de chemins
Dans le creux de ton poing
C'est fou ce qu'il y a de poèmes
Dans le creux de toi-même.

Alain Serres


27 avril 2007

"L'autre" - Jean-Pierre Siméon

Jean-Pierre Siméon est né en 1950. Il a publié aux Éditions Cheyne de nombreux recueils de poésies pour les enfants et les adolescents. Il est aussi l'auteur de pièces de théâtre. Il est actuellement directeur du "Printemps des poètes".

La différence

Pour chacun une bouche deux yeux
deux mains deux jambes

Rien ne ressemble plus à un homme
qu'un autre homme

Alors
entre la bouche qui blesse
et la bouche qui console

entre les yeux qui condamnent
et les yeux qui éclairent

entre les mains qui donnent
et les mains qui dépouillent

entre les pas sans trace
et les pas qui nous guident

où est la différence
la mystérieuse différence ?

Jean-Pierre Siméon ("La Nuit Respire" - - éditions Cheyne, 2003)


Lettre aux gens très sages

Non il n'est pas fou
Celui qui parle au vent
Aux murs aux rues aux lampadaires

A l'ombre du chat sur la fenêtre
Aux mains fragiles
Qui l'aiment et le connaissent

Il n'est pas fou
Celui qui voit la mer
Dans son miroir
Et des chiens bleus
Dans les nuages

Non il n'est pas fou
Il rêve il rêve
Et nous attend
Sous le manteau de son mystère
Au cœur du monde imagé.

Jean-Pierre Siméon


Tu ne veux plus tu voudrais

Tu ne veux plus habiter ton quartier
parce que le mur ne promet rien
sous son écorce grise
parce que les rues
n'ont pas de noms d'enfants
parce que l'ombre
y est froide

Tu voudrais que l'air
soit sucré
qu'il soit chaud
comme un feu
qu'il cajole et rassure
comme une barque lente

Tu ne veux plus tu voudrais
simplement être heureux

Jean-Pierre Siméon ("À l'aube du buisson" - éditions Cheyne, 1985)


Racistes

Voilà ce qu’ils disent :
l’anémone est plus intelligente que la rose
le sable est plus beau que le chat
et la pierre a toujours été
supérieure au potiron

Ils reprochent au noir
d’être plus noir que le blanc
comme si on reprochait au feu
d’être plus chaud que la neige
et au miel d’être plus sucré que la vague

Et s’ils ont peur de leur ombre
c'est qu’ils se doutent un peu
que haïr l’étranger
c’est avoir peur de soi.

Jean-Pierre Siméon ("Sans frontières fixes" - éditions Cheyne, 2001)


 

27 avril 2007

"L'autre" - Philippe Soupault

Philippe Soupault (1897-1990) est  un des poètes du mouvement Dada, et l'un des fondateurs, avec André Breton, du surréalisme. Il est aussi romancier.

"On ne pardonne pas à son ami ses erreurs, on ne les excuse pas non plus. On les comprend" ...
"On doit mieux aimer ses amis pour leurs défauts que pour leurs qualités".

Philippe Soupault ("L'Amitié", recueil pour la collection "Notes et maximes - Hachette - 1965 - épuisé)

Un autre texte : Pour la liberté, est en catégorie POÉSIES pour la CLASSE - CYCLES 2 et 3


C'est demain dimanche

Il faut apprendre à sourire
Même quand le temps est gris.
Pourquoi pleurer aujourd'hui
Quand le soleil brille ?
C'est demain la fête des amis
Des grenouilles et des oiseaux
Des champignons des escargots
N'oublions pas les insectes
Les mouches et les coccinelles.
Et tout à l'heure à midi
J'attendrai l'arc-en-ciel
Violet indigo bleu vert
Jaune orange et rouge
Et nous jouerons à la marelle

Philippe Soupault ("La nouvelle guirlande de Julie" - éd Ouvrières)


Mélancolie, Mélancolie

Mélancolie, Mélancolie
Quel joli nom pour une jeune fille
Neurasthénie, Neurasthénie
Quel vilain nom pour une vieille fille

Je cherche un nom pour un garçon
Un nom d'emprunt, un nom de guerre
Pour la prochaine et la dernière
Pour la dernière des dernières

Espoir ou peut être Agénior
Ou singulier ou Dominique
Un nom à coucher dehors
Au temps des bombes atomiques.

Philippe Soupault


Au crépuscule

Bonsoir doux amour
Comme disait Shakespeare

Bonsoir mon petit pote
Comme disait Jules

Bonsoir mon père
Comme disait l'enfant de chœur

Bonsoir mon fils
Comme disait le curé

Bonsoir vieille noix
Comme disait le jardinier

Bonsoir les enfants
Comme disent les enfants

Ariane bonsoir ma sœur
Comme aurait dit Racine

Bonsoir mon trésor
Comme disent les banques

Bonsoir ma cocotte
Comme dit la fermière

Bonsoir mon loup
Comme dit la bergère

Bonsoir bonsoir bonsoir

Philippe Soupault ("Poèmes à lire et à rêver" - texte emprunté à "Mon Premier Larousse des Poésies"- éditions  Larousse 2005)

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