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1 août 2007

L'hiver de Pierre Gamarra

Pierre Gamarra est né en 1919. Il est romancier, auteur de théâtre et poète, (nombre de ses romans et de ses recueils sont destinés aux enfants) et a dirigé la revue littéraire "Europe", créée par Romain Rolland puis par Louis Aragon en 1946, après la guerre.

Des romans choisis : Le maître d'école, La victoire de l'ourse (publié en 2006)

Où donc est passé le feu ?

Où donc est passé le feu ?
Je n'ai pas de cheminée !
Quand l' hiver au gros nez bleu
Vient à la fin de l'année,

Quand décembre blanc et noir
vient siffler devant ma porte
et quand la tempête emporte
les arbres au fond du soir,

je m'en vais à ma croisée,
je suis triste un petit peu,
je n'ai pas de cheminée.
Où donc est passé le feu ?

Pierre Gamarra ("La tarte aux pommes", 1977 - L'école des loisirs)


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1 août 2007

L'hiver de Théophile Gautier

Théophile Gautier (1811-1872) est un écrivain et un poète, également critique d'art reconnu.
Plus peut-être que ses poèmes, on connaît ses romans classiques pour la jeunesse, régulièrement réédités et parfois adaptés au cinéma : Le Capitaine Fracasse, Le Roman de la momie.

Décembre (titre proposé, ce passage est extrait du long poème "Intérieurs")

Un brouillard épais noie
L'horizon où tournoie
Un nuage blafard,
Et le soleil s'efface,
Pâle comme la face
D'une vieille sans fard.
La haute cheminée,
Sombre et chaperonnée
D'un tourbillon fumeux,
Comme un mât de navire,
De sa pointe déchire
Le bord du ciel brumeux.
Sur un ton monotone
La bise hurle et tonne
Dans le corridor noir :
C'est l'hiver, c'est décembre,
Il faut garder la chambre
Du matin jusqu'au soir.
Les fleurs de la gelée
Sur la vitre étoilée
Courent en rameaux blancs,
Et mon chat qui grelotte,
Se ramasse en pelote
Près des tisons croulants.

Théophile Gautier (recueil "Intérieurs" dans "Premières Poésies, Albertus, La Comédie de la Mort, Les Intérieurs et les paysages" , 1845)


Fantaisies d’hiver (extrait : strophes I et II sur les 5 strophes de ce poème)

I

Le nez rouge, la face blême,
Sur un pupitre de glaçons,
L’hiver exécute son thème
Dans le quatuor des saisons.

Il chante d’une voix peu sûre
Des airs vieillots et chevrotants ;
Son pied glacé bat la mesure
Et la semelle en même temps ;

Et comme Haendel, dont la perruque
Perdait sa farine en tremblant,
Il fait envoler de sa nuque
La neige qui la poudre à blanc.

II

Dans le bassin des Tuileries,
Le cygne s’est pris en nageant,
Et les arbres, comme aux féeries,
Sont en filigrane d’argent.

Les vases ont des fleurs de givre,
Sous la charmille aux blancs réseaux ;
Et sur la neige on voit se suivre
Les pas étoilés des oiseaux.

(...)

Théophile Gautier ("Émaux et camées")


Cette dernière feuille pour l'hiver :

La dernière feuille

Dans la forêt chauve et rouillée
Il ne reste plus au rameau
Qu'une pauvre feuille oubliée,
Rien qu'une feuille et qu'un oiseau.

Il ne reste plus en mon âme
Qu'un seul amour pour y chanter,
Mais le vent d'automne, qui brame
Ne permet pas de l'écouter ;

L'oiseau s'en va, la feuille tombe,
L'amour s'éteint, car c'est l'hiver.
Petit oiseau, viens sur ma tombe
Chanter, quand l'arbre sera vert !

Théophile Gautier ("Poésies")


La bonne soirée

Quel temps de chien ! - il pleut, il neige ;
Les cochers, transis sur leur siège,
Ont le nez bleu.
Par ce vilain soir de décembre,
Qu'il ferait bon garder la chambre,
Devant son feu !
...

On n'entend rien dans le silence
Que le pendule qui balance
Son disque d'or,
Et que le vent qui pleure et rôde,
Parcourant, pour entrer en fraude,
Le corridor.

Théophile Gautier ("Émaux et camées", 1852)


1 août 2007

L'hiver de Fernand Gregh

Fernand Gregh (1873-1960) est journaliste et poète. C'est le fils du compositeur Louis Gregh (1843-1915).
Il entre en 1953 à l'Académie Française.

Un soir

Nous sommes là, ce soir, paisibles sous la lampe.
Mon père lit, sa main pâle contre sa tempe ;
Mon frère est accoudé, les yeux ailleurs, auprès
De ma mère qui brode avec des doigts distraits
Où luit le reflet lent du foyer sur ses bagues ;
Parfois le chien, perdu dans ses beaux songes vagues,
Etire de paresse et d'aise son flanc creux ;
Et je rêve, parmi le grand silence, heureux.
Nous sommes là, ce soir d' hiver, humble famille,
Écoutant à l'horloge indécise qui brille
Dans l'ombre, palpiter les instants fugitifs,
Groupés devant le feu, comme des primitifs.

Fernand Gregh ("Les clartés humaines" - 1904)


1 août 2007

L'hiver d'Eugène Guillevic

Eugène Guillevic a une catégorie à lui sur ce blog (voir colonne de gauche), dans le cadre du Printemps des Poètes 2008.

L'ennemi (titre proposé)

Il y aura toujours dans l'automne   
Une pomme sur le point de tomber.

Il y aura toujours dans l'hiver 
Une fontaine sur le point de geler.

L'ennemi, 
Nous le connaissons.

Eugène Guillevic ("Gagner" - collection Poésie des éditions Gallimard, 1981)


Arbre l'hiver

L'arbre, ici, maintenant, debout,
Rien que du bois,
Comme un oiseau figé debout
La tête en bas.

L'arbre vécu
Comme du bois
Et comme oiseau
Ne bougeant pas.

Eugène Guillevic ("Sphère" - éditions Gallimard, 1963)

 


1 août 2007

L'hiver de Franz Hellens

Franz Hellens (1881-1972), de son vrai nom Frédéric Van Ermengem, est un romancier et poète belge.
Pierre Menanteau, poète (voir le sommaire), est l'auteur du Florilège poétique de Franz Hellens, illustré par Michel Ciry (L'Amitié par le Livre - 1963)

Manège d'hiver (titre proposé)

La terre ce matin s'enroule
Dans ses beaux draps de neige.
Allons nous mettre en boule
Et roule, roule mon manège,
Tourne, tourne entre terre et ciel
Jusqu'au prochain dégel.

Franz Hellens


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1 août 2007

L'hiver de Victor Hugo

Victor Hugo (1802-1885) est un romancier et poète qu'on ne présente pas.

La bise

Va-t'en, me dit la bise,
C'est mon tour de chanter.
Et tremblante, surprise,
N'osant pas résister,

Fort décontenancée
Devant un Quos ego,
Ma chanson est chassée
Par cette Virago.

Pluie. On me congédie
Partout, sur tous les tons.
Fin de la comédie.
Hirondelles, partons.

Grêle et vent. La ramée
Tord ses bras rabougris ;
Là-bas fuit la fumée
Blanche sur le ciel gris.

Une pâle dorure
Jaunit les coteaux froids.
Le trou de ma serrure
Me souffle sur les doigts.

Victor Hugo ("Les Chansons des rues et des bois")


Le même passage se retrouve dans cet extrait d'un autre poème, publié dans un recueil posthume, et dont on propose en classe élémentaire (en général), la strophe en couleur :

La bise

Le temps mène le deuil de notre destinée ;
La terre est un sépulcre, et la lugubre année,
Gardienne pâle des tombeaux,
Autour du cénotaphe où gît, couvert de voiles,
Le genre humain couché sous le drap des étoiles,
Allume ses douze flambeaux.

La bise fait le bruit d'un géant qui soupire ;
La fenêtre palpite et la porte respire ;
Le vent d'hiver glapit sous les tuiles des toits ;
Le feu fait à mon âtre une pâle dorure ;
Le trou de ma serrure
Me souffle sur les doigts.

Victor Hugo ("Dernière Gerbe" - 1941) - titre donné et textes choisis par Paul Maurice parmi les manuscrits de l'auteur pour cette édition posthume


 

1 août 2007

L'hiver d'Illberg

Illberg (Gérard Illberg), écrivain et poète contemporain, a publié de nombreux recueils de poèmes et des contes et légendes de sa région natale, les Vosges.
Voici un joli texte pour la classe :

Toc ! Toc ! ouvrez-moi !

Toc ! Toc ! bonnes gens, ouvrez-moi !
Ayez pitié d’une mésange.
Puis-je venir dans votre grange ?
Dans le verger, il fait si froid.

Toc ! Toc ! bonnes gens, ouvrez-moi !
La neige recouvre la terre ;
Je suis seule et n’ai plus de mère.
Il fait si chaud sous votre toit.

Toc ! Toc ! bonnes gens, ouvrez-moi !
Je me contenterai des miettes
Qui resteront dans vos assiettes.
Comme on doit être bien chez soi !

Toc ! Toc ! bonnes gens, ouvrez-moi !
Je serai toujours propre et sage,
Mais ne me mettez pas en cage ;
Il est si triste, cet endroit.

Toc ! Toc ! bonnes gens, ouvrez-moi !
Je ne serai pas une ingrate ;
Je chanterai une sonate,
Pour vous, au printemps, dans le bois.

Gérard Illberg ("Choix de poésies pour enfants de 8 à 12 ans" - édit André Bonne, 1961)


1 août 2007

L'hiver de Francis Jammes

Francis Jammes (1868-1938) est l'auteur de "La Prière", poème chanté par Georges Brassens (voir la catégorie BRASSENS chante les poètes) et de "J'aime l'âne si doux" . Qualifié parfois de "poète naturaliste", il porte une tendresse particulière à cet animal.

Ce texte d'hiver n'est pas à ranger parmi les plus gais de l'auteur.

Il va neiger

                à Léopold Bauby

Il va neiger dans quelques jours. Je me souviens
De l'an dernier. Je me souviens de mes tristesses
Au coin du feu. Si l'on m'avait demandé : "Qu'est-ce ?"
J'aurais dit : "Laissez-moi tranquille. Ce n'est rien".

J'ai bien réfléchi, l'année d'avant, dans ma chambre,
Pendant que la neige lourde tombait dehors.
J'ai réfléchi pour rien. A présent comme alors
Je fume une pipe en bois avec un bout d'ambre.

Ma vieille commode en chêne sent toujours bon.
Mais moi j'étais bête parce que ces choses
Ne pouvaient pas changer et que c'est une pose
De vouloir chasser les choses que nous savons.

Pourquoi donc pensons-nous et parlons-nous ? C'est drôle ;
Nos larmes et nos baisers, eux ne parlent pas,
Et cependant nous les comprenons, et les pas
D'un ami sont plus doux que de douces paroles.

On a baptisé les étoiles sans penser
Qu'elles n'avaient pas besoin de nom, et les nombres
Qui prouvent que les belles comètes dans l'ombre
Passeront, ne les forceront pas à passer.

Et maintenant même, où sont mes vieilles tristesses
De l'an dernier ? A peine si je me souviens.
Je dirais : "Laissez-moi tranquille, ce n'est rien,"
Si dans ma chambre on venait me demander "Qu'est-ce ?"

Francis Jammes ("De l'angélus de l'aube à l'angélus du soir" - 1888)


1 août 2007

L'hiver de Jules Laforgue

Jules Laforgue (1860-1887) est un poète "décadent" (mouvement littéraire précurseur du symbolisme et teinté de naturalisme), et ce qui n'arrange rien, "Hydropathe" (groupe littéraire lui aussi précurseur du symbolisme, dont fut membre Alphonse Allais).

J’aurai passé ma vie le long des quais
À faillir m’embarquer
Dans de biens funestes histoires
Tout cela pour l’amour
De mon cœur fou de la gloire d’amour.
Jules Laforgue ("Derniers vers", 1890)

Deux poèmes qui trahissent la douleur de vivre de Jules Laforgue :

Couchant d'hiver (extrait)

Quel couchant douloureux nous avons eu ce soir !
Dans les arbres pleurait un vent de désespoir,
Abattant du bois mort dans les feuilles rouillées,
A travers le lacis des branches dépouillées
Dont l'eau-forte sabrait le ciel bleu-clair et froid,
Solitaire et navrant, descendait l'arbre-roi.
Ô Soleil ! l'autre été, magnifique en ta gloire,
Tu sombrais, radieux comme un grand Saint-Ciboire,
Incendiant l'azur ! A présent, nous voyons
Un disque safrane, malade, sans rayons,
Qui meurt à l'horizon balayé de cinabre,
Tout seul, dans un décor poitrinaire et macabre,
Colorant faiblement les nuages frileux
En blanc morne et livide, en verdâtre fielleux.
Vieil or, rose fané, gris de plomb, lilas pâle,
Oh ! c'est fini, fini ! Longuement le vent râle,
Tout est jaune et poussif ; les jours sont révolus,
La Terre a fait son temps ; ses reins n'en peuvent plus.

...

Jules Laforgue ("Le sanglot de la terre" - 1901)


Pâle soleil d'hiver
(Sonnet)

Pâle soleil d'hiver, tu filtres du ciel gris
Un rayon souffreteux qui fait plus triste encore
La cité s'éveillant dans sa rumeur sonore ;
Et c'est sous ce jour faux que tu veux voir Paris.
Tu songes à ces temps où, pur de son mépris,
L'homme ignorait le spleen, ce mal qui nous dévore,
Jouissait d'un beau vers, du galbe d'une amphore,
Et vivait sans remords sous l'azur incompris.

Tu te dis, n'est-ce pas, que la Terre, ta fille,
Nourrit en ce moment une pauvre famille ?
Et qu'elle a fait son temps ? - Mais, ne sois pas si fier !

Devant l'Éternité, tu n'es qu'une fusée
Qui passe. Et tu mourras, ô vieille lampe usée,
Soleil jaune et poussif, pâle soleil d'hiver.

Jules Laforgue ("Le sanglot de la terre" - 1901)


1 août 2007

L'hiver d'Annaïk Le Leard

Annaïk Le Léard est une poétesse bretonne du XXe siècle.

Quand la neige tombe

Quand la neige tombe,
Est-ce une colombe
Qui secoue au vent
Son plumage blanc ?
Ou tout un cortège
De blancs perce-neige
Qui suit en dansant
Le Prince Charmant ?

Annaïk Le Léard


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