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1 avril 2008

PP 09 - L'humour de JEAN-HUGUES MALINEAU

- Jean-Hugues Malineau -

Jean-Hugues Malineau (né en 1945), est un poète d'aujourd'hui,  et l'un des acteurs essentiels pour la diffusion, la connaissance des auteurs et des textes en milieu scolaire, animateur d'ateliers de création poétique.
"Jean-Hugues Malineau propose des rencontres scolaires (de la maternelle à l'université) sur la poésie, ou des ateliers d'écriture durant lesquels il s'adresse à la sensibilité, à l'humour, à l'imagination, au sens rythmique, à la sensualité comme à la logique ou à la culture de l'enfant." Plus d'infos à son adresse Web (lien cliquable) :
http://jhmalineau.free.fr/


livre_Malineau_pas_si_b_tesLe ragondin

Un ragondin ragondait
Les gontes de milles et une gouttes
Aux grenouilles qui égoutaient
Gaptivées en gassant la groûte.

Jean-Hugues Malineau ("Pas si bêtes, les animaux" - Éditions de L'École des loisirs, 2003)

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Le perroquet

C'est très coquet
Un perroquet


Des plumes rouges
Bleues violettes
Ça vit ça bouge
Et ça répète


C'est très coquet
Un perroquet


Dans un baquet
Un perroquet
Ça fait trempette
Et ça répète


C'est très coquet
Un perroquet


C'est beau, c'est sec
Après toilette
Et ça répète
Du bout du bec


C'est très coquet
Un perroquet


Tais ton caquet
Vieux perroquet
Mais ça répète
Saperlipopette

C'est très coquet
Un perroquet

Jean-Hugues Malineau ("Prête-moi tes plumes" - Éditions de L'École des loisirs, 1978)

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1 avril 2008

PP 09 - L'humour de STÉPHANE MALLARMÉ / les quatrains-adresses

- Stéphane Mallarmé -

Stéphane Mallarmé (1842-1898), est plus connu pour son oeuvre poétique difficile, ses pièces de théâtre ou ses traductions d'Edgar Poë que pour ses quatrains-poèmes, jugés mineurs.
D'autre part, l'humour n'est pas sa principale caractéristique. Voici pourtant un quatrain -adresse, parmi les nombreux qu"il a écrits sur des enveloppes,  courriers réeellement envoyés et parvenus à destination. On trouvera cet exemple et d'autres trésors, dans le gros livre de Claude Gagnière, "Au bonheur des mots" (éditions Robert Laffont, 1990)

image_Mallarm__quatrains_adresses

Ci-dessus :
à Léon Vanier,son ami, éditeur de Paul Verlaine :

A toutes jambes, Facteur, chez l'
Editeur de la décadence,
Léon Vanier, Quai Saint Michel
Dix-neuf, gambade, cours et danse !

Le quatrain-adresse qui suit est de Georges Fourest (Voir pages précédentes le paragraphe consacré à cet auteur).
Il est cité par Claude Gagnière dans "Au bonheur des mots", et on observera que c'est aussi un acrostiche !
Ce poème est destiné à son ami Halary, comme on peut le lire verticalement.

Haïssant la tourbe incongrue
Au numéro 9 de la rue
Lecourbe, Halary dans Paris
A fixé, facteur, sa demeure :
Rapide et léger, va sur l'heure
Y porter ces vers manuscrits.

Une adresse pour d'autres quatrains-poèmes de Mallarmé :
http://www.corpusetampois.com/cle-19-mallarme-abbema.html

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logo_cr_ation_po_tique Poème-adresse et Art postal

1. Poème-adresse

Le quatrain-adresse à la manière de Mallarmé est un art difficile. Il impose aux élèves des contraintes : rimes, métrique, mentions obligatoires.

On peut en simplifier la création :

  • Le poème prend la forme choisie, rimé, vers libres, quatrain ou pas.
  • Le poème et l'adresse du destinataire peuvent être dissociés, en partie ou totalement. Le texte apparaîtra sur l'enveloppe à côté de l'adresse. Écrit pour être lu par le destinataire, il vantera par exemple ses qualités ou ses défauts, de manière amusante, précisera les raisons de l'envoi de la lettre : invitation à un anniversaire ou autre événement, lettre de réclamation...
  • Le support est une enveloppe de lettre ou,  pourquoi pas, un colis.
  • Le destinataire une personne ou un animal, réel, imaginaire...
  • Si l'adresse est fictive, elle peut jouer avec le poème (exemple ci-dessous), donner des indications.
  • L'Art Postal (voir plus bas) est indissociable de la création poétique pour un projet abouti.


Exemple d'adresse :

Monsieur Lapin
12, rue des Terriers
Le Bois Joli


avec texte associé :

Veuillez trouver dans ce colis
en promotion chasse et nature
nos bouchons d'oreille anti-bruit
à régler avant l'ouverture*

(*de la chasse)

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2. Poème-adresse + Art postal

Le petit paquet, réalisé (virtuellement) avec les textes ci-dessus,  manque d' habillage plastique :

lettre___Monsieur_Lapin_apl

L'enveloppe ou le colis postal sera illustré, de toutes les manières possibles (peinture, collages...), en accord avec les textes.
Deux adresses Web entre autres pour l'art postal (Mail art) :
http://www.roswitha-guillemin.com/mailart/mailartcalls/expo/expomailartcall.htm
et
http://s110.photobucket.com/albums/n82/floxland/

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1 avril 2008

PP 09 - L'humour de PIERRE MENANTEAU

- Pierre Menanteau -

Pierre Menanteau (1895-1992), enseignant et poète, est l'auteur d'anthologies poétiques ("Florilèges"), dans lesquelles il s'attache à faire connaître les auteurs anciens et contemporains pour la jeunesse.
Ses Oeuvres poétiques complètes en plusieurs tomes sont parues  aux Éditions Soc et Foc.

Ah ! que la Terre est belle

Ah ! que la Terre est belle.
Crie une voix là-haut,
Ah ! que la Terre est belle.
Sous le beau soleil chaud !

Elle est encore plus belle,
Bougonne l’escargot
Elle est encore plus belle
Quand il tombe de l’eau.

Vue d’en bas, vue d’en haut,
La Terre est toujours belle
Et vive l’hirondelle
Et vive l’escargot.

Pierre Menanteau ("Bestiaire pour un enfant poète" - éditions Pierre Seghers, 1958)

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Au gui l'an neuf

Pour le meilleur et pour le pire
Le houx, le gui sont mariés.
La brume les a fiancés,
Noël conjugue leurs sourires.
Au gui, l'an neuf pour toutes peines,
Au gui, l'an neuf pour le bonheur
Des enfants qui chauffent leur coeur
Au vieux soleil des joies humaines !

Pierre Menanteau

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Le grillon

- Je suis grillé, dit le grillon
Le feu a pris dans ma maison.
- Il est grillé, dit la fourmi
Quel bon rôti pour mon dîner !
Mais les pompiers, la sauterelle et le criquet
Ont mis l'échelle pour arroser cette maison
Où le grillon allait griller.
Enfin sauvé ! Merci pompiers !
Tous les cris-cris vont s'accorder
Et dans le rond de l'amitié
Toute la nuit nous danserons.

Pierre Menanteau ("À l'école du buisson" - éditions Saint-Germain-des-Prés, 1971)

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1 avril 2008

PP 09 : L'humour d'HENRI MICHAUX

- Henri Michaux -

Henri Michaux (1899-1984) est né en Belgique. Il a acquis en 1955 la nationalité française. Il découvre Lautréamont (Les chants de Maldoror), dont on retrouve l'empreinte dans son œuvre écrite poétique, à la marge du Surréalisme. Il écrit des carnets de voyages (Écuador), d'autres récits, imaginaires ceux-là, de voyages (en Asie notamment), et des récits de ses expériences avec les drogues ...
Voir sur ce blog la catégorie qui lui est consacrée :
HENRI MICHAUX et ses "Propriétés"

Le grand combat

Il l'emparouille et l'endosque contre terre ;
Il le rague et le roupéte jusqu'à son drâle ;
Il le pratéle et le libucque et lui baroufle les ouillais ;
Il le tocarde et le marmine,
Le manage rape à ri et ripe à ra.
Enfin il l'écorcobalisse.
L'autre hésite, s'espudrine, se défaisse, se torse et se ruine.
C'en sera bientôt fini de lui ;
Il se reprise et s'emmargine... mais en vain
Le cerveau tombe qui a tant roulé.
Abrah ! Abrah ! Abrah !
Le pied a failli !
Le bras a cassé !
Le sang a coulé !
Fouille, fouille, fouille,
Dans la marmite de son ventre est un grand secret.
Mégères alentours qui pleurez dans vos mouchoirs;
On s'étonne, on s'étonne, on s'étonne
Et on vous regarde,
On cherche aussi, nous autres le Grand Secret.

Henri Michaux ("Qui je fus" - NRF, 1927, paru en Poésie-Gallimard)

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Mes occupations

Je peux rarement voir quelqu'un sans le battre. D'autres préfèrent le monologue intérieur. Moi, non. J'aime mieux battre.
Il y a des gens qui s'assoient en face de moi au restaurant et ne disent rien, ils restent un certain temps, car ils ont décidé de manger.
En voici un.
Je te l'agrippe, toc.
Je te le ragrippe, toc.
Je le pends au porte-manteau.
Je le décroche.
Je le repends.
Je le redécroche.
Je le mets sur la table, je le tasse et l'étouffe.
Je le salis, je l'inonde.
Il revit.
Je le rince, je l'étire (je commence à m'énerver, il faut en finir), je le masse, je le serre, je le résume et l'introduis dans mon verre, et jette ostensiblement le contenu par terre, et dis au garçon : " Mettez-moi donc un verre plus propre. "

Mais je me sens mal, je règle promptement l'addition et je m'en vais.

Henri Michaux ("La nuit remue" - NRF, 1937, paru également en Poésie-Gallimard)

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1 avril 2008

PP 09 : L'humour de MICHEL MONNEREAU

- Michel Monnereau -

Michel Monnereau, est un écrivain et journaliste français, né en 1948.
Dernier roman : "On s'embrasse pas" (La Table Ronde, 2007) ; dernier recueil de poèmes : "27 poèmes pour la route" (L’épi de seigle,
collection Poésie jeunesse, 2008).

Un soir... (titre proposé)

Un soir les diligences roulaient sur le toit
les cochers avaient le sang à la tête
les chevaux usaient poil à poil leur crinière.
A l'auberge les palefreniers marchaient sur la tête.
les tables, les quatre fers en l'air,
supportaient ainsi les verres.
Les bougies fondaient en larmes.
les chats se déplaçaient par roulades.
les œufs tombaient des nids.
La lune était accrochée par une ficelle.
Une pendule hoquetait.
Le vin ne restait pas sur l'estomac...

- Enfin, me dit ma mère,
tu vois bien que tu tiens ton livre à l'envers.

Michel Monnereau ("L'arbre à poèmes" - Nouveaux Cahiers de Jeunesse, 1973

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1 avril 2008

Andrée Hyvernaud, Anne-Marie Kegels

Andrée Hyvernaud  (1910-2005)

Un poème un peu en retard sur le calendrier. L'année prochaine ?

Galette des Rois

Qui a la fève et la couronne ?
Papier d'or ou papier d'argent ?
La galette était bonne
Et la fève dedans.

Petit roi d'amour aux yeux de velours
Choisis la reine de ta cour !
Gentil Roi, bois ! Mais n'oublie pas
Que le bonheur même des Rois
Ne dure souvent qu'un seul jour ...

Andrée Hyvernaud

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Les mots

Les mots ont leur façon à eux
de s'éprendre les uns des autres
on n'y peut pas souvent grand-chose
et cela vaut peut-être mieux

Andrée Hyvernaud



Anne-Marie Kegels  (1912-1980) est une poète belge de langue française. 

Automne

Ne me dis pas que l'octobre
Me parle chaque soir
Du frisson de la neige.
Mais ouvre la fenêtre,
Surprends-le au verger,
Et vois comme il me donne
De tous ses ors crispés
Un plaisir qui me brûle.

Anne-Marie Kegels 

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La Fenêtre

Pour les autres, pour les passants,
tu es simplement la fenêtre.
Pour moi qui t'aime du dedans
tu es ma plus profonde fête.

Celle qui accroît le regard
et limite chaque nuage,
la gardienne du paysage
où je viens me perdre le soir.

J'ai le monde sous mes paupières
mon front à ta vitre appuyé
et tu es glissante lisière
sur le bord de l'illimité.

Reste ma sœur très patiente,
fais-moi l'aumône d'un oiseau,
redis-moi les paroles lentes
de cet horizon sans défaut.

Et posée entre ciel et terre
sois ce chemin aérien
près duquel doucement je viens
apaiser ma faim de lumière.

Anne-Marie Kegels



1 avril 2008

PP 09 : l'humour de JEAN-LUC MOREAU

livre_Moreau_souris_verte

- Jean-Luc Moreau -

Jean-Luc Moreau est né en 1937.

<< Les Poèmes de la souris verte (Le livre de Poche Jeunesse, Hachette - Fleurs d'encre, édition 2003 illustrée par Marie-Aude Waymel) - environ 190 pages, 5 € en librairie.

Poète et universitaire, il a publié des histoires et des poèmes pour les enfants et les adolescents, (L'arbre perché, Poèmes à saute-mouton, Devinettes, Les Poèmes de la souris verte, Dans ma famille* ), pour les plus grands (La Bride sur le cœur, Sous le masque des mots), ainsi que des anthologies et des traductions de poèmes. On trouve d'autres textes de cet auteur dans d'autres catégories du blog.

* dernier recueil pour les enfants paru : Dans ma famille (illustré par Eva Offredo, collection Gautier-Languereau, 2008) - environ 30 pages et 5 € en librairie.

Ce premier texte se trouve dans le recueil Les Poèmes de la souris verte, au chapitre "Le carré de l'hypoténuse"

Locataires

J'ai dans mon cartable
(C'est épouvantable !)
Un alligator
Qui s'appelle Hector.

J'ai dans ma valise
(Ça me terrorise !)
Un éléphant blanc
Du nom de Roland.

J'ai dans mon armoire
(Mon Dieu, quelle histoire !)
Un diplodocus
Nommé Spartacus.

Mais pour moi le pire,
C'est sous mon chapeau
D'avoir un vampire
Logé dans ma peau.

Jean-Luc Moreau ("Les Poèmes de la souris verte" Le livre de Poche Jeunesse Hachette - Fleurs d'encre, 1992 et 2003)

logo_cr_ation_po_tique Poèmes à la manière de "J'ai dans  mon cartable..."

En utilisant la structure et l'esprit de ce poème, un document présente la démarche pédagogique d'une séance ICI (à partir de la page 28). Voyez aussi un travail réalisé ICI par des élèves de CE1, dans un CM2 ICI, ou encore ICI dans un CP.

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La cour de mon école

La cour de mon école
Vaut bien, je crois,
La cour de Picrochole,
Le fameux roi :
Elle est pleine de charme,
Haute en couleur;
On y joue aux gendarmes
Et aux voleurs;
Loin des Gaulois, des Cimbres
Et des Teutons,
On échange des timbres,
À croupetons;
Des timbres des Antilles,
De Bornéo…
Et puis on joue aux billes
Sous le préau.
Qu'on ait pris la Bastille,
C'est merveilleux,
Mais que le soleil brille,
C'est encor mieux !
Orthographe et problèmes
Sont conjurés.
École, ah ! que je t'aime
À la récré !

Jean-Luc Moreau ("Les Poèmes de la souris verte" Le livre de Poche Jeunesse Hachette - Fleurs d'encre, 1992 et 2003)

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Le cerf-volant

Soulevé par les vents
Jusqu'aux plus haut des cieux,
Un cerf-volant plein de superbe
Vit, qui dansait au ras de l'herbe,
Un petit papillon, tout vif et tout joyeux.

- Holà ! minable animalcule,
cria du zénith l'orgueilleux,
Ne crains-tu pas le ridicule ?
Pour te voir, il faut de bons yeux
Tu rampes comme un ver...
Moi je grimpe je grimpe
Jusqu'à l'Olympe,
Séjour des dieux.

- C'est vrai, dit l'autre avec souplesse,
Mais moi, libre, à mon gré,
je peux voler partout,
Tandis que toi, pauvre toutou,
Un enfant te promène en laisse.

Jean-Luc Moreau  (dans "La poésie comme elle s' écrit" de Jacques Charpentreau - Collection Enfance heureuse - Éditions ouvrières, 1979)

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La télévision

Quand on branche la télé,
Mes amis, quel défilé !
Le négus, le roi d’Écosse,
De vieux gus et de grands gosses,
Cendrillon dans son carrosse,
La véloce Carabosse
Chevauchant son balai-brosse,
Des prélats, des porte-crosses,
De beaux blonds, des rousses rosses,
Des colosses,
Des molosses,
Des rhinocéros atroces...
Et quand c’est le plus joli :
« Les enfants ! C’est l’heure ! Au lit ! »

Jean-Luc Moreau  (dans "La poésie comme elle s' écrit" de Jacques Charpentreau - Collection Enfance heureuse - Éditions ouvrières, 1979)

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Chanson de l'heure qu'il est

- Monsieur, Monsieur , s'il vous plaît,
Dites-nous qu'elle heure il est !

- Il est ma petite fille 
L'heure où l'escargot s'habille ;
Il est, mon petit garçon
L'heure où sort le limaçon,

L'heure étrange et solennelle
Où chantent les coccinelles

Où la puce et ses enfants 
Vont dîner chez l'éléphant ;

Il est l'heure où la panthère
Épouse un coléoptère,

L'heure où tout peut arriver...
Où je dors... où vous rêvez...

Jean-Luc Moreau

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Trois petits pantins

Dans le clair matin,
Quand le lac est lisse,
Pétris de malice,
Trois petits pantins,
Trois gentils lutins
Quittent leur pelisse,
Trois lutins mutins
Mettent leurs patins.
Alors - ô délice,
O rire argentin !
Charmant tableautin,
Sur la glace glissent
Trois petits lutins
Malins comme Ulysse,
Trois beaux diablotins
Au rire enfantin
Dans le clair matin.

Jean-Luc Moreau ("L'Arbre perché" - Enfance heureuse, Éditions ouvrières, 1976)

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Si ...

Si la sardine avait des ailes,
Si Gaston s'appelait Gisèle,
Si l'on pleurait lorsque l'on rit,
Si le Pape habitait Paris,
Si l'on mourait avant de naître,
Si la porte était la fenêtre,
Si l'agneau dévorait le loup,
Si les Normands parlaient zoulou,
Si la Mer Noire était la Manche,
Et la Mer Rouge la Mer Blanche,
Si le monde était à l'envers,
Je marcherais les pieds en l'air,
Le jour je garderais la chambre,
J'irais à la plage en décembre,
Deux et un ne feraient plus trois...
Quel ennui ce monde à l'endroit!

Jean-Luc Moreau ("L'Arbre perché" - Collection Enfance heureuse, Éditions ouvrières, 1976)

logo_cr_ation_po_tiquePoèmes à la manière de "Si ..."

 À partir de ce texte, des élèves de classe unique ont imaginé... ICI

Voir aussi le texte Avec des si ... de Claude Roy

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L'oncle Octave

J'ai bourlingué, dit l'oncle Octave,
De Vancouver à Tamatave,
De ShangaÏ au Cap et jusqu'à
San José de Costa Rica.
Souventes fois je rêve encore
DeTimor et de Travancore,
Mais sachez-le, par-dessus tout
J'aime le Perche et le Poitou.

Jean-Luc Moreau ("L'Arbre perché" - Collection Enfance heureuse, Éditions ouvrières, 1976)

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Une comptine pour les petits :

Quand le chat…

Quand
le chat
met ses
chaussettes,
c’est
la fête
aux sou-
ricettes.

Quand
le chat
joue au
cerceau,
c’est
la fête
aux sou-
riceaux.

Jean-Luc Moreau ("L'Arbre perché" - Collection Enfance heureuse, Éditions ouvrières, 1976)

logo_cr_ation_po_tique Comptine à la manière de "Quand le chat..."

Cette petite comptine permet la création poétique de construction simple avec des noms d'animaux, prédateurs et proies potentielles, en utilisant rimes ou assonances  :

Quand le lion joue à la marelle / c'est la fête à la gazelle
Quand le lion joue à la belote / c'est la fête à l'antilope

[exemple proposé par le blog]

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Voici deux fables ou contrefables, allez savoir, qu'on trouve parmi d'autres dans le chapitre "Le Bidule et le Machinchose (Fables et contrefables)" du recueil "Les Poèmes de la souris verte" :

L'éléphant rose et la souris blanche

L'éléphant rose, un jour bouscula la souris
(pour un éléphant rose ,il était un peu gris !) ;
la souris quoique blanche, en eut une peur bleue,
(surtout que le balourd lui marcha sur la queue !)
"madame, excusez-moi, vraiment je suis navré..."
(il était si confus qu'il en aurait pleuré!)
Un éléphant qui pleure, est-il pire infortune ?
La souris toute émue, oublia sa rancune :
"Ce n'est rien, lui dit-elle en le réconfortant,
J'aurais pu vous en faire autant."
On tirera de cette histoire
une double moralité :
d'abord qu'un éléphant ne doit jamais trop boire
(et cela ne pas hésiter à le dire, à le répéter !)
mais surtout que ma souris blanche
est un fort bon exemple à donner aux enfants :
pour peu qu'elle eut pris sa revanche,
qu'eussions-nous fait de l'éléphant ?

Jean-Luc Moreau ("Les Poèmes de la souris verte" Le livre de Poche Jeunesse Hachette - Fleurs d'encre, 1992 et 2003)

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L'hippopotame

Par la Seine un hippopotame
S’en vint un jour jusqu’à Paname.
Il descendit dans le métro,
Changea même à Trocadéro
Mais quand il fut à la Concorde,
Il s’écria: «Miséricorde !»
Et par la Porte des Lilas
S’en alla.

Jean-Luc Moreau ("L'Arbre perché" - Collection Enfance heureuse, Éditions ouvrières, 1976)

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Le renard et le corbeau
ou si l'on préfère
la (fausse) poire et le (vrai) fromage
 

Or donc, Maître Corbeau,
Sur son arbre perché, se disait: « Quel dommage
Qu'un fromage aussi beau,
Qu'un aussi beau fromage
Soit plein de vers et sente si mauvais.

Tiens ! voilà le renard : je vais,
Lui qui me prend pour une poire,
Lui jouer, le cher ange, un tour de ma façon.
Ça lui servira de leçon ! »
Passons sur les détails, vous connaissez l'histoire
Le discours que le renard tient,
Le corbeau qui ne répond rien
(Tant il rigole !),
Bref, le fromage dégringole...
Depuis, le renard n'est pas bien ;
Il est malade comme un chien.

Jean-Luc Moreau ("Les Poèmes de la souris verte" Le livre de Poche Jeunesse Hachette - Fleurs d'encre, 1992 et 2003)

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1 avril 2008

PP 09 - L'humour des POÈTES - poèmes en ANGLAIS et en ESPAGNOL

- Poèmes  d'humour traduits de l'anglais ou de l'espagnol -


Des comptines traduites de l'anglais et de l'espagnol sont ici :
L'HUMOUR des COMPTINES - ANGLAIS et ESPAGNOL

et des textes traduits d'autres langues étrangères sont  ici :
L'HUMOUR des POÈTES - AUTRES LANGUES (sauf anglais-espagnol)

 choisis parmi ceux déjà placés sur ce blog l'année dernière, et dont on peut retrouver l'intégralité, tous thèmes confondus, dans la catégorie PRINT POÈTES 2008 : L'AUTRE (Monde)

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- en anglais -

Angleterre

Voir la catégorie L'humour des COMPTINES - ANGLAIS-ESPAGNOL

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États-Unis d'Amérique

Emily Dickinson (1830-1886) est une des plus importantes poètes des USA.

Si quelqu'un veut se coller à la traduction ...

The Robin (Le rossignol)  

The Robin is the one

That interrupts the morn
With hurried, few, express reports
When March is scarcely on.

The robin is the one
That overflows the noon
With her cherubic quantity,
An April but begun.

The robin is the one
That speechless from her nest
Submits that home and certainty
And sanctity are best.

Emily Dickinson

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Irlande

Samuel Beckett  (1906-1989), né à Dublin, est sans doute, avec James Joyce (voir plus bas), le plus connu des écrivains irlandais.

La mouche

entre la scène et moi
la vitre
vide sauf elle

ventre à terre
sanglée dans ses boyaux noirs
antennes affolées ailes liées
pattes crochues bouche suçant à vide
sabrant l'azur s'écrasant contre l'invisible
sous mon pouce impuissant elle fait chavirer
la mer et le ciel serein.

Samuel Beckett ("Poèmes suivi de Mirlitonnades" - éditions de Minuit, 1978, rééd augmentées 1992, 1998)

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- - - - - - - - - - - - - - en espagnol - - - - - - - - - - - - -

Cuba

Nicolas Guillén (1902-1989) est sans doute le plus connu des poètes cubains.
Sa poésie parle du métissage, du respect de l’autre, du refus de l’injustice, contre l’impérialisme et la colonisation.

Un son para niños antillos      

Por el Mar de las Antillas
anda un barco de papel
anda y anda el barco barco,
Sin timonel.

De la Habana a Portobelo,
de Jamaica a Trinidad,
anda y anda al barco barco,
Sin capitan.

Una negra va en la popa
va en la proa un español :
Anda y anda el barco barco,
con ellos dos.

Pasan islas, islas, islas,
muchas islas, siempre mas ;
anda y anda el barco barco,
sin descansar.

Un cañon de chocolate
contra el barco disparo,
y un cañon de azucar, zucar,
le contesto.

¡Ay, mi barco marinero,
con su casco de papel !
¡Ay, mi barco negro y blanco
sin timonel !

Alla va la negra negra
junto junto al español ;
anda y anda al barco barco
con ellos dos.

Nicolas Guillén ("El son entero")

Traduction de Claude Couffon :

Une chanson pour les enfants antillais

Voguant sur la Mer des Antilles
avance un bateau de papier
le bateau avance, avance,
sans timonier.

De La Havane à Portobel,
de Jamaïque à Trinité,
le bateau avance, avance,
sans capitaine.

Une négresse est à la poupe
à la proue est un espagnol :
le bateau avance, avance,
avec eux.

Passent des îles et des îles,
des îles et puis d’autres îles ;
le bateau avance, avance,
sans repos.

Un canon tout en chocolat
a tiré contre le bateau,
qui de son canon tout en sucre,
a répondu.

Ah ! mon bateau filant sur l’eau
avec sa coque de papier !
Ah ! mon bateau tout noir et blanc,
sans timonier !

Sur le bateau va la négresse
et l’espagnol
le bateau avance, avance
avec eux.

Nicolas Guillén

Nicolas Guillén ("Poésie Cubaine du XXème siècle" - Patiño, 1998)

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Un largo lagarto verde (extrait) - titre proposé

Por el Mar de las Antillas
(que también Caribe llaman)
batida por olas duras
y ornada de espumas blandas,
bajo el sol que la persigue
y el viento que la rechaza,
cantando a lágrima viva
navega Cuba en su mapa :
un largo lagarto verde,
con ojos de piedra y agua.

Un long lézard vert

Dans la mer des Antilles
(Qu'on nomme aussi Caraïbe)
fouettée de violentes vagues
et ornée de blanche écume,
sous le soleil qui la persécute
et le vent qui la repousse,
chantant à chaudes larmes
Cuba navigue sur sa carte :
long crocodile vert
aux yeux d'eau et de pierre.

Nicolas Guillén

Nicolas Guillén ("Un largo lagarto verde" - 1958) traduction Lieucommun

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Guatemala

Humberto Ak’abal, né en 1952, est un poète Maya du Guatemala. Les Mayas représentent plus de la moitié de la population de ce pays, mais c'est un peuple qui lutte pour son existence et sa culture (300 000 indiens mayas ont été tués dans les années 80). On trouvera ici sur le blog, d'autres petits poèmes de cet auteur.

Les deux poèmes qui suivent sont parus dans le journal "La Jornada" (La Journée) sous le titre La memoria del árbol (La mémoire de l'arbre), présentés par Eduardo Galeano. Ak'abal les a écrits en maya quiché et traduits en espagnol. Nous vous en proposons la traduction en français.

B'alam

K'o taq mul in b'alam,
kinxak'in pa taq siwan,
kinch'opin puwi' taq ri tanatik
kinb'inib'ej, kinq'axaj juyub'.

Kinwil ri unimal ri kaj,
ri uchowil, jela' che ri ja',
ri uk'ux ri ulew.

Kintzijon ruk' ri q'ij,
kinetz'an ruk' ri ik',
kinb'oq' ch'umil
kinnak' chuwij.

Kinsilob'aj ri nuje',
kinq'oyi' cho ri le'anik
kinkosik', kinwesaj ri waq'.

Humberto Ak’abal

en espagnol :

Jaguar

Otras veces soy jaguar,
corro por barrancos,
salto sobre peñascos,
trepo montañas.

Miro más allá del cielo,
más allá del agua,
más allá de la tierra.

Platico con el sol,
juego con la luna,
arranco estrellas
y las pego a mi cuerpo.

Mientras muevo la cola,
me echo sobre el pasto
con la lengua de fuera

Humberto Ak’abal (dans le quotidien "La Jornada" du 17 février 1999)

Traduction en français proposée par Lieucommun :

Jaguar

Parfois, je suis jaguar,
je cours par les ravins,
je saute par-dessus les rochers,
j'escalade les montagnes.

Je regarde au-delà du ciel,
au-delà de l'eau,
au-delà de la terre.

Je parle avec le soleil,
je joue avec la lune,
J'arrache des étoiles
et je les fixe sur mon corps.

En remuant la queue,
je me précipite dans l'herbe,
la langue dehors.

Humberto Ak’abal

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Rapapem

In inchikop :
ri nurapapem
kinb'an pa ri wanima'.

Vuelo

Soy pájaro :
mis vuelos son
dentro de mí.

Humberto Ak’abal

Traduction proposée par Lieucommun :

Je vole

Je suis un oiseau :
je vole
à l'intérieur de moi-même.

Humberto Ak’abal 

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Las luciérnagas

Las luciérnagas
son estrellas
que bajaron del cielo

y las estrellas
son luciérnagas
que no pudieron bajar.

Apagan y encienden sus ocotíos
para que les duren
toda la noche.

Humberto Ak’abal

Traduction proposée par Lieucommun :

Les lucioles

Les lucioles
sont des étoiles
descendues du ciel

et les étoiles
sont des vers luisants
qui n'ont pas pu descendre.

Ils éteignent et allument leur petits braseros
pour avoir de la lumière
toute la nuit.

Humberto Ak’abal

 

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Amérique Centrale - Mexique - poésie aztèque

L'empire Aztèque occupait aux XIVe, XVe et XVIe siècles une grande partie du Mexique, dont la capitale était Tenochtitlan, aujourd'hui Mexico, capitale du Mexique.
La
langue náhuatl, parlée par les Aztèques est aussi la langue actuelle des "Nahua", leurs descendants, qui constituent au Mexique et au Salvador une population de un à deux millions de personnes.

Miguel León-Portilla, qui a préfacé l'ouvrage Poésie náhuatl d'amour et d'amitié (éditions La Différence, 1991), a lui-même écrit des poèmes en náhuatl et en espagnol dans son livre réunissant des textes de poètes náhualt : Poesía Náhuatl, la de ellos y la mía.(Poésie Náhuatl, leur poésie et la mienne).


Tochin in metztic

Yohualtotomeh
inchan omanqueh:
cenca quiahuia yohualnepantla.

In ihcuac oyahqueh in tlilmixtli,
yohualtotomeh patlantinemih,
azo quittayah tochin in metztic.

Nehhuatl huel oniquimittac
in yohualtotomeh
ihuan tochin in metztic.

En espagnol :

El conejo en la luna

Los pájaros de la noche
se quedaron en su casa;
mucho llovía a la mitad de la noche

Cuando las nubes negras se fueron,
los pájaros estuvieron revoloteando,
tal vez veían al conejo en la Luna

Yo pude contemplar
a los pájaros de la noche
y también al conejo en la Luna.

Miguel León-Portilla

Miguel León-Portilla (Poesía Náhuatl, la de ellos y la mía - éditions Diana, 2006)

Traduction en français proposée (par Lieucommun) :

Le lapin de la lune

Les oiseaux de nuit
sont restés chez eux ;
il a beaucoup plu au milieu de la nuit.

Quand les nuages sombres sont partis,
les oiseaux se sont mis à voleter,
peut-être ont-ils aperçu le lapin dans la lune ?

Moi j'ai pu contempler
les oiseaux de nuit
et aussi le lapin dans la lune.

Miguel León-Portilla (Poésie Náhuatl, leur poésie et la mienne - éditions Diana, 2006)

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Espagne

Federico García Lorca (1898-1936) est un poète et auteur de pièces de théâtre espagnol. Il a été l'ami de Luis Buñuel (cinéaste) et de Salvador Dalí.
Il est mort fusillé au début de la Guerre civile par les troupes du Général Franco.

Le Romancero Gitano (1928) est son recueil de poèmes le plus connu. 

Naranja y limón (1) 

Naranja y limón
¡Ay de la niña
del mal amor!
Limón y naranja
¡Ay de la niña
de la niña blanca!
Limón
(Cómo brillaba el sol).
Naranja
(En las chinas del agua).

 

Federico García Lorca

(pas de traduction, juste pour la musique de la langue) : le titre seulement : Orange et citron

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Agua, ¿dónde vas ?

Agua, ¿dónde vas ?
Riendo voy por el río
a las orillas del mar.

Mar, ¿a dónde vas ?
Río arriba voy buscando
fuente donde descansar.

Chopo, y tú ¿qué harás ?
No quiero decirte nada
yo… ¡temblar!

¿Qué deseo, qué no deseo,
por el río, por el mar ?
¡Cuatro pájaros sin rumbo
en el alto chopo están!

Federico García Lorca

Eau, où vas-tu ?

Eau, où vas-tu ?
Je vais riant par la rivière
jusqu'aux rivages de la mer.

Mer, où vas-tu ?
Par la rivière je cherche
une fontaine où me reposer.

Peuplier, et toi, qu'est-ce que tu fais ?
Je ne veux rien te dire
moi ... je tremble !

Ce que j'espère, ce que je ne voudrais pas,
par la rivière, par la mer ?
Quatre oiseaux perdus
Sont sur le haut peuplier !

Federico García Lorca

 (libre adaptation en français : lieucommun)

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Août

Contrastes de pêche et de sucre,
et le soleil dans l'après-midi
comme le noyau dans un fruit.
L'épi de maïs garde intact
son rire jaune et dur.
Août.
Les enfants mangent
le pain brun et la délicieuse lune.

Federico García Lorca

(Traduction proposée par Lieucommun)

Agosto

Contraponientes de melocotón y azucar,
y el sol dentro de la tarde,
come el hueso en una fruta.
La panocha guarda intacta
su risa amarilla y dura.
Agosto.
Los niños comen
pan moreno y rica luna.

Federico García Lorca 

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Chanson bête

Maman,
Je voudrais être en argent.

Mon fils,
Tu auras bien froid.

Maman,
Je voudrais être de l'eau.

Mon fils,
Tu auras bien froid.

Maman,
Brode-moi sur ton oreiller.

D'accord !
tout de suite !

 Federico García Lorca

(Traduction proposée par Lieucommun)

Canción tonta
          
Mamá.
Yo quiero ser de plata.

Hijo,
tendrás mucho frío.

Mamá.
Yo quiero ser de agua.

Hijo,
tendrás mucho frío.

Mamá.
Bórdame en tu almohada.

¡Eso sí!
¡Ahora mismo!

Federico García Lorca (" Canciones" - 1928) 

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José Agustín Goytisolo (1928-1999) était un écrivain, traducteur et poète de Catalogne, de langue castillane (espagnol) et catalane. 

Érase una vez

Érase una vez
un lobito bueno
al que maltrataban
todos los corderos.

Y había también
un príncipe malo,
una bruja hermosa
y un pirata honrado.

Todas estas cosas
había una vez
cuando yo soñaba
un mundo al revés.

José Agustín Goytisolo 

Il était une fois

Il était une fois
un petit loup gentil
qui était maltraité
par tous les moutons.

Et il y avait aussi
un mauvais prince,
une jolie sorcière
et un pirate honnête.

Il était une fois
toutes ces choses-là
quand je rêvais
d’un monde à l’envers.

José Agustín Goytisolo 

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Antonio Machado (1875-1939) est un poète espagnol de la Génération de 98, mouvement "Moderniste" initié par le poète de langue espagnole et voyageur, certes, mais nicaraguyen, (merci de nous avoir signalé cette erreur) Rubén Darío (1867-1916).

La plaza

La plaza tiene una torre,
la torre tiene un balcón,
el balcón tiene una dama
la dama tiene una flor.

Antonio Machado

La place 

La place a une tour,
la tour a un balcon,
le balcon a une dame,
la dame a une fleur.

Antonio Machado

 (adaptation en français : lieucommun)

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Le soleil est une boule de feu

Le soleil est une boule de feu,
La lune est un disque violet.

Une blanche palombe se pose
Au sommet du cyprès centenaire.

Les parterres de myrtes semblent
fanés et couverts de poussière

Le jardin et le calme de l'après-midi ! ...
L'eau chante à la fontaine de marbre.

Antonio Machado

Traduction et adaptation Lieucommun  du texte original ci-dessous

El sol es un globo de fuego

El sol es un globo de fuego,
la luna es un disco morado.

Una blanca paloma se posa
en el alto ciprés centenario.

Los cuadros de mirtos parecen
de marchito velludo empolvado.

¡El jardín y la tarde tranquila!...
Suena el agua en la fuente de mármol.

Antonio Machado 



1 avril 2008

PP 09 - L'humour de CARL NORAC

- Carl Norac -

Carl Norac est un poète et romancier belge né en 1960, auteur de recueils de poésie et d'albums pour la jeunesse. C'est le fils de Pierre Coran (son nom d'auteur est un anagramme).

Ci-après, un poème-acrostiche - voir le paragraphe JEUX de la page 1 de cette catégorie (par retour au sommaire) pour d'autres acrostiches et des idées de création livre_Carl_Norac_lettres_du_g_ant

Étoile ou étincelle

Pour qu'elle soit plus belle*,
Osons déshabiller nos phrases
Et nos pensées.
Surprise, elle devient
Imaginairement
Etoile ou étincelle
.

* au singulier, la phrase se réfère à la poésie, sous-entendue en acrostiche.
Carl Norac (dans "Lettres du  géant à l’enfant qui passe suivi du ..." - Labor Éditions, collection Espace Nord, 2002)

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Poème du cartable rêveur

Pendant que tu étais
Sur la plage, cet été,
Ou bien dans la forêt,
As-tu imaginé
Que ton cartable rêvait ?
Il rêvait d’avaler
Des crayons, des cahiers,
Puis d’aller, comme on vole,
Sur le chemin de l’école.

Carl Norac

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1 avril 2008

Vénus Khoury-Ghata, Anise Koltz, Marie Krysinska

Vénus Khoury-Ghata est une poète libanaise francophone contemporaine.

À Yasmine

Tu es mon point du jour
mon île colorée en bleu
ma clairière odorante

Tu es ma neige volée
mon pétale unique
mon faune apprivoisé

Tu es ma robe de caresses
mon foulard de tendresse
ma ceinture de baisers

Tes cils épis de blé
Tes gestes moulin à vent
et l'on pétrit le rire
Dans la cuve de ta bouche

Tu es mon pain dodu
mon nid

Vénus Khoury-Ghata ("Anthologie personnelle " - Actes Sud, 1999)

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La forêt a peur

Une forêt peureuse
panique à la vue du soir
Tout l'angoisse
les cris des chouettes
leur silence
Le regard froid de la Lune
et l'ombre de son sourcil sur le lac
Le bouleau claque des dents
en se cachant derrière le garde-champêtre
Le frêne s'emmitoufle dans son écorce
et retient sa respiration jusqu'au matin
Le pin essuie sa sueur
et appelle son père le pin parasol
La tête entre les jambes
le saule pleure à chaudes feuilles
et fait déborder le ruisseau
Le roseau qui ne le quitte pas des yeux
L'entend supplier le ver luisant
d'éclairer les ténèbres
Seul le chêne garde sa dignité
à genoux dans son tronc
il prie le dieu de la forêt
de hâter l'arrivée du jour

Vénus Khoury-Ghata ("La voix des arbres" - Le Cherche-midi, 1999)

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La surface d'un automne

La surface d'un automne
est inversement proportionnelle à la hauteur de sa tristesse
le nuage interrogé multiplie sans difficulté le basilic par le safran.

Répète après moi :
la distance entre deux pluies se mesure par arpents de silence
et le périmètre d'un mois est divisible par son rayon de lune.
Cela va de soi.

Vénus Khoury-Ghata ("Quelle est la nuit parmi les nuits" - Mercure de France, 2004)

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Ma mère au tronc creux

Ma mère au tronc creux
Aux mains qui se ramifient dans la terre
Ma mère rapiéçait le feu

Mon père chargé de porter le silence
Était devenu pilier

Et la guerre lâchait ses chevaux à nos portes
La mer dans nos lits hennissait

Il y a pleins d'océans vides à louer ...

Vénus Khoury-Ghata

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Source des textes de Vénus Khoury-Ghata reproduits ci-dessous : http://www.printempsdespoetes.com/

La voie lactée ...

La voie lactée mène à l'école
Les enfants l'empruntent soir et matin
Les tabliers au passage frôlent une étoile dormante
Qui crie dans son sommeil
Et jette des étincelles
La Grande Ourse rêve d'une couette
La Petite Ourse rêve d'un jardin
Et de trèfles à quatre feuilles
Le temps est à la somnolence et à la paresse
L'instituteur dort en marchant
Les élèves sont en papier

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À quoi sert l'école ?
À enfermer entre les mêmes murs livres et enfants

À chaque chose son temps et sa couleur
Dit le peintre
Et il ajoute une aile jaune à l'écureuil
Le cyprès qu'il peint en noir
Fait des grimaces derrière son dos
La vache est très contente
Elle aime le nuage rose dessiné sur son dos
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À quoi sert un nuage ?
À fondre en pluie dés qu'on l'essore de travers

Vénus Khoury-Ghata ("À quoi sert la neige" - Le cherche midi éditeur - Recueil sélectionné pour le prix poésie jeunesse 2010 Lire et Faire Lire)



Anise Koltz est une poète luxembourgeoise née en 1928. Elle a publié plusieurs recueils de poèmes, les premiers en allemand. Ses textes sont souvent très courts. Le thème central, en particulier dans le recueil "Le porteur d'ombre" en est souvent la poésie, l'écriture, le (la) poète et son rapport au monde.

J’avance sans filet

J’avance sans filet
d’une étoile à l’autre
glissant à travers les trous noirs
je saute de lunes en soleils

Je me balance aux bords
de la terre
déjà je ne lui appartiens plus

Parce que ce poème est un mensonge
il a le droit d’être beau

Anise Koltz ("Le porteur d'ombre" - éditions Phi, 2001)

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Le mot change

Le mot change
une fois posé
sur le blanc de la page

La lumière ne l’atteint plus
coupées de leur environnement
les tempêtes tourbillonnent sans lui

Dans le recueil fermé
sa solitude
est sans nom

Anise Koltz ("Le porteur d'ombre" - éditions Phi, 2001)

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Dans ce monde

Dans ce monde
démuni de sens
la langage est notre ultime refuge

C’est lui qui appelle notre présent
à exister

J’appâte le papier
pour qu’il se couche
sous mon écriture

Anise Koltz ("Le porteur d'ombre" - éditions Phi, 2001)

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Couchée dans le désert

Couchée dans le désert
je suis insomniaque
sous des milliards d'étoiles
Etant de la même matière
je commence à émettre de la lumière

Anise Koltz ("Béni soit le serpent" - éditions Phi, 2004)

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J'écris les yeux grand ouverts

J'écris les yeux grand ouverts
souvent je fais fausse route
je me perds dans mon poème
je m'enlise avec ses mots
dans le marécage de l'alphabet

Anise Koltz ("Béni soit le serpent" - éditions Phi, 2004)

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Le mur du son (c'est le titre du recueil dont voici quelques poèmes)


Dépassant le mur du son
je me libère de toute mesure
la voix perd la parole

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Mes poèmes
des fourmilières

parmi les paroles noires
et grouillantes

des reines fécondes
des milliers d'ouvrières sans ailes

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Je t'offre un poème
comme un verre d'eau

Il ne désaltère pas
Il te présente un lac
où tu couleras à pic

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Je n'invente pas le poème
il existe quelque part
dans l'univers
ou pend hors d'un rêve
tel un micro cassé

Anise Koltz ("Le mur du son" - éditions Phi, 1997) - Ce recueil a obtenu le prix Apollinaire en 1998.

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L'ailleurs  des mots (c'est le titre du recueil dont voici quelques poèmes)

Comment supporter
de vivre et de mourir
dans cette boucherie anonyme
où nos membres deviendront
des cierges pour l’éternité

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Les sables dévorent le désert

Je lègue ma carcasse aux rapaces
au vent qui léchera mes os
au soleil qui les croquera

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Pour moi
ma mère a marqué
de pierres blanches
son parcours dans l’au-delà

M’appellera-t-elle
comme jadis
pour me faire rentrer
sous son toit ?

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Des rapaces
je revendique
ailes
serres
becs pointus

Comme eux
je fonce sur ma proie
d’une violence
qui risque de me tuer

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À ma mère

Cachée dans tes entrailles
comme dans une tranchée
j’étais prête à me lancer
dans la bataille

La mort dévalait
derrière nous
tandis que je subissais
la fatigue de ton sang

Tu devenais de plus en plus lente

Mais moi je voulais durer
être éternelle

Anise Koltz ("L'ailleurs des mots" - Éditions Arfuyen, 2007)



Marie Krysinska  (1864-1908).

"Elle devient la seule femme membre actif des cercles littéraires des Zutistes, des « Hirsutes » et des « Jemenfoutistes » qui se réunissaient au cabaret du Chat noir. Elle accompagne au piano les chansons et les poèmes qu'on y déclame. Dès la première année de parution de La Revue du Chat noir, elle y publie ses propres poèmes." (source Wikipédia)

"Marie Krysinska fut peut-être chronologiquement la première à faire publier des vers libres, aux alentours de 1882 et 1883" ... (source : "Naissance du vers libre" - Mémoire de Master I - Université Stendhal (Grenoble III)– Lettres et Arts, présenté par Sabine Garcia en juin 2009)

La gigue

Les Talons
Vont
D’un train d’enfer,
Sur le sable blond,
Les Talons
Vont
D’un train d’enfer
Implacablement
Et rythmiquement,
Avec une méthode d’enfer,
Les Talons
Vont.

Cependant le corps,
Sans nul désarroi,
Se tient tout droit,
Comme appréhendé au collet
Par les
Recors
La danseuse exhibe ses bas noirs
Sur des jambes dures
Comme du bois.

Mais le visage reste coi
Et l’oeil vert,
Comme les bois,
Ne trahit nul émoi.

Puis d’un coup sec
Comme du bois,
Le danseur, la danseuse
Retombent droits
D’un parfait accord,
Les bras le long
Du corps.

Et dans une attitude aussi sereine
Que si l’on portait
La santé
De la Reine.

Mais de nouveau
Les Talons
Vont
D’un train d’enfer
Sur le plancher clair.

Marie Krysinska ("Rythmes pittoresques" - Alphonse Lemerre, 1890)

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Villanelle

                   À E. Mesplés

Vous êtes la grâce jeune des matins
Et le clair rire des flûtes pastorales
Roses fleuries !
Mais le charme des tristesses très chères est en vous
Et, notes de clavecins, s’évanouissent vos pétales
Roses fanées !
Vous êtes revêtues des robes d’aurore
Et, des tendres nuées d’Avril s’illuminent vos seins
Roses fleuries !
L’or mélancolique des couchants d’Automne
A mis sa beauté dans vos cœurs mourants
Roses fanées !
Vos parfums sont l’ivresse neuve des étreintes
L’allégresse de vivre et l’extatique encens
Roses fleuries !
Mais, dans les Urnes pieuses de vos défunts calices
Repose l’immortel arôme du Souvenir
Roses fanées !

Marie Krysinska ("Rythmes pittoresques" - Alphonse Lemerre, 1890)

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Reprise (sonnet renversé)

Restons ainsi, ne disons rien,
La main seulement liée à la main
D’une faible étreinte attendrie.
Entends ces vagues de mélancolie,
Les douleurs souffertes, se briser
Dans nos coeurs d’un baiser.
Je ne veux de toi ni serments, ni même
Que tu me dises si tu m’aimes ;
Ne me demande pas, non plus — ce serait mal —
Où mon coeur tenta d’apaiser son mal !
Goûtons cette minute éperdue,
Grisés, comme d’un vin vermeil,
De nos pleurs pareils à la neige fondue
Par le Soleil.

Marie Krysinska ("Nouveaux Rythmes pittoresques", Chansons - Alphonse Lemerre, 1894)

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Devant le miroir

Cette grave entrevue
Est fertile en émois,
L’image, pourtant connue,
Surprend toujours ; — est-ce bien soi
Cette soudaine apparue ?
Et les petites mines d’aller
Pour calmer l’inquiétude qui vient
De n’être pas — il se peut — aussi bien
Que l’on voudrait ;
Mais, bientôt, une distribution de récompenses
Généreuses, commence.
Les cheveux ? ah ! les cheveux, parfait !
Surtout de profil ; on dirait
De telle peinture d’artiste admiré ;
Puis on retrouve à des détails menus,
Le souvenir du même visage des jours révolus
Des jours enfantins si vite — en somme — disparus.
Et l’on songe à cet autre miroir enchanté
Si impressionnant pour nos jeunes coeurs :
L’eau de l’étang que l’on croyait
Un morceau de ciel tombé
Où poussaient aussi des herbes et des fleurs.

Marie Krysinska ("Nouveaux Rythmes pittoresques", Chansons - Alphonse Lemerre, 1894) 

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Le sabbat

                       À Jean Lorain

Par la clairière,
Blême de lumière
De lune,
La folle ronde
Tournoie et gronde —
Comme la rafale
Chevauchant la pâle
Lagune.
C’est la gaieté — combien morose ! —
C’est la peur et la soif de l’oubli guérisseur,
De l’oubli destructeur
De toute chose,
Qui enlace : riant et criant,
Ces pauvres êtres en proie
À la pire joie ;
Et fait ces fulgurantes étreintes d’amour —
Sans Amour.
Mais, de cette ivresse, triste comme la Mort,
Où les vivants damnés veulent fuir la Vie
— Ses deuils, ses crève-coeur, ses crimes, ses remords —
D’autres êtres vont naître — et l’odieuse Vie
Germera triomphante en ces baisers de Mort.
Par la clairière,
Blême de lumière
De lune,
La folle ronde
Tournoie et gronde ...

Marie Krysinska ("Nouveaux Rythmes pittoresques", Chansons - Alphonse Lemerre, 1894)

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Marion

                       À Steinlen

Marion cueille des fleurs dans les prés
Et les fleurs la voyant si belle
— C’est notre soeur — disent-elles ;
Ah ! Ah !
Marion va promener au bois
Et les oiseaux l’entendant chanter
Se taisent pour l’écouter ;
Ah ! Ah !
Marion rencontre un chevalier
Qui prend son coeur tout entier
Et puis s’en va.
Ah ! Ah !
Maintenant le joli bois est muet
Et se fanent les fleurs dans les prés
À voir Marion pleurer.
Ah ! Ah !

Marie Krysinska ("Nouveaux Rythmes pittoresques", Chansons - Alphonse Lemerre, 1894)



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