Jean L'ANSELME - le féminin en poésie
Jean L'Anselme, nom d'auteur de Jean-Marc Minotte (1919- 30 décembre 2011) est un poète vivant, comme on l'écrivait ici. Maintenant qu'il a disparu physiquement de notre horizon, il reste un poète atypique, comme on le dit parfois des auteurs qui déconcertent, qui n'entrent pas dans les catégories normalisées.Comme on le dit parfois des auteurs qui déconcertent, qui n'entrent pas dans les catégories poétiques normalisées, c'est un poète atypique.
Quelques titres d'ouvrages de Jean L'Anselme, tous parus aux éditions Rougerie :
Ça ne casse pas trois pattes à un canard et après (2005) ; La chasse d'eau, les poèmes cons, manifeste suivi d'exemples, Le ris de veau (1995) ; Pensées et proverbes de Maxime Dicton, banalités, bêtises, paradoxes, balivernes, lieux communs et autres propos sérieux de l'auteur (1991).
Voici un passage à lire aux élèves :
"...On ne naît pas poète, on naît comme on est, c'est-à-dire comme tout le monde. N'importe qui peut être poète, je suis moi-même n'importe qui. Il n'y a d'ailleurs pas d'école où on enseigne la poésie pour en ressortir avec un CAP alors que, dans les autres domaines de l'art, il existe des conservatoires et des académies. C'est une réalité à laquelle on ne songe guère. Nous sommes donc des millions de poètes comme toi. Souvent sans le savoir ..."
et il termine presque par ceci : "À présent oublie tout ce que je viens de te dire et n'écoute pas les autres..."
Jean L'Anselme - Conseils à un jeune poète (éditorial du n° 13 de la revue Poésie Première, à lire intégralement ici : http://poesiepremiere.free.fr/Lanselme.html).
On trouve sur le blog d'autres textes de Jean L'Anselme ici : PRINT POÈTES 2009 : L'HUMOUR des poètes
Un poème atypique donc :
La femme qui a un gros ventre
Il faisait froid
très froid même
qu'elle avait les cuisses roses
et tout tout sec
et tout frissonnant
comme un poulet qui n'a plus de plumes
et dessus son ventre tout rond
qu'on disait qu'il tenait de la vie en conserve
et les poètes eux parlaient du blé de demain
c'est son blé qui relevait sa robe à fleurs
sur ses cuisses roses
comme aussi font les abat-jour
sur les lampes
Jean L'Anselme (Vers dépolis, dans le recueil "La Foire à la ferraille" - Éditeurs Français Réunis, 1974)
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C'est le grand amour
Elle avait des lunettes
et lui aussi
si bien qu'ils se voyaient mieux
pour se regarder dans les yeux.
Elle avait un Sonotone
et lui aussi
si bien qu'ils s'entendaient bien
et restaient sourds à tout
ce qui les entourait.
Mais, il avait un grand nez
et elle était obligée
de se mettre très en biais
pour l'embrasser.
Et sa moustache
ça la chatouillait ...
Il n'y a pas de bonheur complet.
Jean L'Anselme ("Le Ris de veau" - Éditions Rougerie, 1995)- source : Poéthèque du Printemps des Poètes
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La mort de la machine à laver
à la princesse Diana
Pendant bien, bien des années
elle brassa le linge à grande eau
comme aurait fait la Mère DENIS
pour vous le rendre aussitôt
blancheur OMO garantie.
Puis, sous le harnois, elle vieillit
et de la mort suivit la pente ...
On appelait souvent DARTY
le meilleur médecin d'après-vente,
liés à cet homme de science
par un contrat de confiance.
Il lui prescrivit une jouvence
dont le traitement lui fut bon
puisque, malgré sa déchéance,
elle retourna au charbon.
Mais le calcaire fut son calvaire :
on n'utilisait pas de CALGON !
Elle est morte un jour sans trompette
dans un grand roulement de tambour,
recrachant slips et chemisettes,
lingerie de nuit et de jour.
Puis, après un sursaut, sa turbine
dans un hoquet à fendre l'âme
vomit sa flotte dans la cuisine
aux yeux affolés de ma femme.
Cela s'est passé un matin.
C'était une ARTHUR MARTIN.
NB - Par le plus grand des hasards, ce poème est né le jour même de l'anniversaire de la mort de la Princesse Diana. C'est pourquoi il lui a été dédié. (cette note est de l'auteur, comme la dédicace)
Jean L'Anselme - source : le site du poète Guy Allix : http://guyallix.art.officelive.com/jeanlanselme.aspx