Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

lieu commun

1 mars 2008

René-Guy CADOU - le féminin en poésie

René Guy Cadou (1920-1951) avait écrit, comme une prémonition : "Je ne ferai jamais que quelques pas sur cette terre". À partir de 1943, Hélène Cadou, poète comme lui, l'accompagne pour ce court séjour. C'est pour elle qu'il écrit "Hélène ou le règne végétal", publié en février 1951 (Le poète est mort de maladie en mars de la même année, à 31 ans). On trouvera trois textes sur ce blog dans la catégorie POÉSIES PAR THÈME : l'école, et d'autres, dans diverses catégories pour la classe, dont celui-ci :

L'enfant précoce

Une lampe naquit sous la mer
Un oiseau chanta
Alors dans un village reculé
Une petite fille se mit à écrire
Pour elle seule
Le plus beau poème
Elle n'avait pas appris l'orthographe
Elle dessinait dans le sable
Des locomotives
Et des wagons pleins de soleil
Elle affrontait les arbres gauchement
Avec des majuscules enlacées et des cœurs
Elle ne disait rien de l'amour
Pour ne pas mentir
Et quand le soir descendait en elle
Par ses joues
Elle appelait son chien doucement
Et disait
« Et maintenant cherche ta vie ».

René-Guy Cadou ("Les amis d'enfance" - 1965)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Sainte-Reine-de-Bretagne

Sainte-Reine de Bretagne
En Brière où je suis né
A se souvenir on gagne
Du bonheur pour des années !

Est-ce toi qui me consoles
Lente odeur des soirs de juin
Le foin mûr des tournesols
Le chant d'un oiseau lointain ?

C'est la pluie ancienne et molle
Qui descend sur le jardin
Et ma mère en robe blanche
Un bouquet dans chaque main.

René-Guy Cadou ("Les amis d'enfance" - 1965)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Parmi toutes mes roses

Parmi toutes mes roses
La plus rouge sera pour le mendiant
Qui boite plus bas que la route
La jaune sera pour un jockey
C'est la couleur des champs de courses
J'en donnerai une aussi à Marie
Qui pleure en cachette le dimanche
Mais la plus belle oh ! la plus belle
Je la réserve pour ma mère
Ma mère aimait tant les roses !

René-Guy Cadou ("Les amis d'enfance" - 1965)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Un texte à la mémoire detoutes les femmes victimes des camps d'extermination :

Ravensbrück

À Ravensbrück en Allemagne
On torture on brûle les femmes

On leur a coupé les cheveux
Qui donnaient la lumière au monde

On les a couvertes de honte
Mais leur amour vaut ce qu’il veut

La nuit le gel tombent sur elles
La main qui porte son couteau

Elles voient des amis fidèles
Cachés dans les plis d’un drapeau

Elles voient. Le bourreau qui veille
A peur soudain de ces regards

Elles sont loin dans le soleil
Et ont espoir en notre espoir.

René-Guy Cadou (écrit en 1943 (à vérifier) - "Poésie la vie entière" - 1965, et "La Résistance et ses poètes" - éditions Pierre Seghers, 1974)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Je t'atteindrai* Hélène

Je t’atteindrai* Hélène
A travers les prairies
A travers les matins de gel et de lumière
Sous la peau des vergers
Dans la cage de pierre
Où ton épaule fait son nid

Tu es de tous les jours
L’inquiète la dormante.
Sur mes yeux
Tes deux mains sont des barques errantes
A ce front transparent
On reconnaît l’été
Et lorsqu’il suffit de savoir ton passé
Les herbes les gibiers les fleuves me répondent

Sans t’avoir jamais vue
Je t’appelais déjà
Chaque feuille en tombant
Me rappelait ton pas
La vague qui s’ouvrait
Recréait ton visage
Et tu étais l’auberge
Aux portes des villages.

Je t’atteindrai* Hélène, et non "je t'attendrai". Ce contre-sens est assez répandu, y compris sur le blog, mais c'est rectifié !
René-Guy Cadou ("La vie rêvée" - 1944)



Publicité
1 mars 2008

Maurice CARÊME - le féminin en poésie

Merci à la Fondation Maurice Carême

Maurice Carême, instituteur et poète belge (1899-1978) est présent dans chaque cahier de poésie des élèves de France et de Navarre (et de Belgique bien sûr), et ses textes se baladent un peu partout sur le blog. Explorez les catégories !

textes corrigés de leurs fautes de frappe

Fantaisie

L'homme habitait un quart de pomme ;
La femme, un huitième de poire.
Leur vieille cousine Opportune
Vaquait dans une demi-prune.
Il y avait monsieur Léon
Qui débordait d'un gros citron
Et sa sœur, madame Émérence,
Qui emplissait toute une orange.
Quant à moi, chétive fillette,
Je tenais dans une noisette
Et, comme je n'étais pas grosse,
Il arrivait, les jours de fête,
Que je m'y déplace en carrosse.

Maurice Carême

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Belle de jour ...

Belle de jour, belle de nuit
Joue de velours, fleur de Paris,
A glisser, patins étincellent ;
Cœur, à roucouler s'enhardit
Et devient un jour tourterelle.
Est toujours belle qui sourit ...
Et douce glisse la souris.

Maurice Carême ("L'oiseleur")

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

 L'écolière

Bon Dieu ! que de choses à faire !
Enlève tes souliers crottés,
Pends donc ton écharpe au vestiaire,
Lave tes mains pour le goûter,

Revois tes règles de grammaire.
Ton problème, est-il résolu ?
Et la carte de l'Angleterre,
Dis, quand la dessineras-tu ?

Aurai-je le temps de bercer
Un tout petit peu ma poupée,
De rêver, assise par terre,
Devant mes châteaux de nuées ?
Bon Dieu ! que de choses à faire !

Maurice Carême ("La grange bleue")

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Berceuse pour une rose

Dors petite rose
Aux joues roses, dors.
Des carabes d'or
Bercent ton lit rose.

À son rouet d'or,
Le grillon sommeille
Et la blonde abeille
Dans la treille, dort.

Si tu ne t'endors,
La grosse araignée
Pendue au fil d'or
Va te dévorer.

Dors, rose aux joues rondes,
Le monde s'endort
Et l'oiseau des songes
Ouvre son bec d'or.

Maurice Carême ("La lanterne magique")

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Tu es belle, ma mère

Tu es belle, ma mère,
Comme un pain de froment.
Et, dans tes yeux d'enfant,
Le monde tient à l'aise.

Ta chanson est pareille
Au bouleau argenté
Que le matin couronne
D'un murmure d'abeilles.

Tu sens bon la lavande,
La cannelle et le lait ;
Ton cœur candide et frais
Parfume la maison.

Et l'automne est si doux
Autour de tes cheveux
Que les derniers coucous
Viennent te dire adieu.

Maurice Carême ("Mère" - Editions Ouvrières)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Pour ma mère

Il y a plus de fleurs,
Pour ma mère, en mon cœur,
Que dans tous les vergers ;

Plus de merles rieurs
Pour ma mère, en mon c
œur,
Que dans le monde entier ;

Et bien plus de baisers
Pour ma mère, en mon c
œur
Qu'on en pourrait donner.

Maurice Carême ("La lanterne magique" - Editions Ouvrières)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Ronde

Dans cette ronde
Entrez la blonde;

Entrez la brune
Avec la lune;

Vous, la pluie douce,
Avec la rousse;

Vous, la châtaine,
Avec la plaine;

Vous, la plus belle,
Avec le ciel.

J'y entre moi,
Avec la joie.

Maurice Carême ("La lanterne magique" - Editions Ouvrières)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

La dînette

Patience, patience, poupées !
Je ne puis servir à la fois
Des gâteaux et du chocolat.
Comme vous, je n'ai que dix doigts.
Vous ai-je si mal élevées
Que vous ne puissiez demeurer
Plus calmes que de petits rats ?

Patience, patience, poupées !
On dirait que voici des mois
Que vous n'avez rien mangé.
Hier, n'ai-je pas partagé
Mon gros nougat avec vous trois ?
Heureusement que notre chat
Dédaigne cake et chocolat :
Vous lui videriez son écuelle
Derrière mon dos, péronnelles !

Maurice Carême ("Fleurs de Soleil" - Editions Ouvrières)



1 mars 2008

Philippe CHABANEIX - le féminin en poésie

Philippe Chabaneix, (1898-1982) est un poète français. Il appartient à la seconde génération des "poètes fantaisistes". 

Les deux gitanes

De ta plus jeune sœur qui demandait l'aumône
Je garde souvenir,
Et je te vois encore, Inès, en robe jaune
Vers moi soudain venir

Du fond de cette place, à l'ombre des platanes,
Quand s'approchait le soir,
Belle de tout l'éclat singulier des gitanes
Aux yeux de soleil noir.

Philippe Chabaneix



1 mars 2008

René CHAR - le féminin en poésie

René CHAR (1907-1988) est un poète français marqué par le surréalisme. Il a été au centre du Printemps des Poètes 2007, "Lettera amorosa" pour son œuvre et le centenaire de sa naissance. Retrouvez plus d'éléments biographiques et d'autres textes, ici sur le blog : René Char.

Léonides

Es tu ma femme ? Ma femme faite pour atteindre la rencontre du présent. L'hypnose du phénix convoite ta jeunesse. La pierre des heures l'investit de son lierre.
Es tu ma femme ? L'an du vent où guerroie un vieux nuage donne naissance à la rose, à la rose de violence.
Ma femme faite pour atteindre la rencontre du présent.
Le combat s'éloigne et nous laisse un cœur d'abeille sur nos terres, l'ombre éveillée,  le pain naïf. La veillée file lentement vers l'immunité de la Fête.
Ma femme faite pour atteindre la rencontre du présent.

René Char ("Fureur et mystère", 1948")



1 mars 2008

François-René de CHATEAUBRIAND - le féminin en poésie

François-René de Chateaubriand (1768-1848), est le plus grand écrivain romantique français, auteur connu des Mémoires d'outre-tombe, parmi une importante oeuvre littéraire. C'est aussi un homme politique et un poète, romantique évidemment.

Souvenir du pays de France

Combien j'ai douce souvenance
Du joli lieu de ma naissance !
Ma soeur, qu'ils étaient beaux les jours
De France !
O mon pays, sois mes amours
Toujours !

Te souvient-il que notre mère,
Au foyer de notre chaumière,
Nous pressait sur son coeur joyeux,
Ma chère ?
Et nous baisions ses blancs cheveux
Tous deux.

Ma soeur, te souvient-il encore
Du château que baignait la Dore ;
Et de cette tant vieille tour
Du Maure,
Où l'airain sonnait le retour
Du jour ?

Te souvient-il du lac tranquille
Qu'effleurait l'hirondelle agile,
Du vent qui courbait le roseau
Mobile,
Et du soleil couchant sur l'eau,
Si beau ?

Oh ! qui me rendra mon Hélène,
Et ma montagne et le grand chêne ?
Leur souvenir fait tous les jours
Ma peine :
Mon pays sera mes amours
Toujours !

François-René de Chateaubriand ("Poésies diverses")

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Les tombeaux champêtres (strophe II complète)

II. À Lydie

Lydie, es-tu sincère ? Excuse mes alarmes :
Tu t'embellis en accroissant mes feux ;
Et le même moment qui t'apporte des charmes
Ride mon front et blanchit mes cheveux.

Au matin de tes ans, de la foule chérie,
Tout est pour toi joie, espérance, amour ;
Et moi, vieux voyageur, sur ta route fleurie
Je marche seul et vois finir le jour.

Ainsi qu'un doux rayon quand ton regard humide
Pénètre au fond de mon coeur ranimé,
J'ose à peine effleurer d'une lèvre timide
De ton beau front le voile parfumé.

Tout à la fois honteux et fier de ton caprice,
Sans croire en toi, je m'en laisse enivrer.
J'adore tes attraits, mais je me rends justice :
Je sens l'amour et ne puis l'inspirer.

Par quel enchantement ai-je pu te séduire ?
N'aurais-tu point dans mon dernier soleil
Cherché l'astre de feu qui sur moi semblait luire
Quand de Sapho je chantais le réveil ?

Je n'ai point le talent qu'on encense au Parnasse.
Eussé-je un temple au sommet d'Hélicon,
Le talent ne rend point ce que le temps efface ;
La gloire, hélas ! ne rajeunit qu'un nom.

Le Guerrier de Samos , le Berger d'Aphélie*,
Mes fils ingrats, m'ont-ils ravi ta foi ?
Ton admiration me blesse et m'humilie :
Le croirais-tu ? je suis jaloux de moi.

Que m'importe de vivre au delà de ma vie ?
Qu'importe un nom par la mort publié ?
Pour moi-même un moment aime-moi, ma Lydie,
Et que je sois à jamais oublié !

* deux oeuvres de l'auteur
François-René de Chateaubriand ("Poésies diverses")



Publicité
1 mars 2008

Jacques CHARPENTREAU - le féminin en poésie

Jacques Charpentreau (né en 1928), est un poète français. Il est l'auteur d'anthologies, aux éditions Ouvrières, qui ont fait connaître beaucoup de poètes pour la jeunesse, et il a publié de nombreux recueils. Quelques-unes de ses poésies sont présentes sur le blog. 

La réunion de famille

Ma tante Agathe
Vient des Carpates
À quatre pattes

Mon oncle André
Vient de Niamey
À cloche-pied

Mon frère Tchou
Vient de Moscou
Sur les genoux

Ma sœur Loulou
Vient de Padoue
À pas de loup

Grand-mère Ursule
Vient d’Ashtabule
Sur les rotules
Grand-père Armand
Vient de Ceylan
En sautillant

Ma nièce Ada
Vient de Java
À petits pas

Mon neveu Jean
Vient d’Abidjan
Clopin-clopant

Oncle Firmin
Vient de Pékin
Sur les deux mains

Mais tante Henriette
Vient à la fête
En bicyclette

Jacques Charpentreau (dans son anthologie "La nouvelle Guirlande de Julie"- éditions Ouvrières,1976)

fille_verte_cr_ation__PP10Avec les prénoms féminins :

En s'inspirant du poème ci-dessus, associer des prénoms féminins ( ceux des filles de la classe par exemple) à des noms de lieux (villes, pays) connus des élèves, à diverses activités ou occupations, ou encore comme dans l'exemple 3, imaginer un texte sur un thème (cadeaux, collections ...) 

Exemple 1Mes projets de voyage  

Je partirai au Sahara sur mon chameau* avec Emma
Je visiterai l'Australie en kangourou avec Lucie, etc.
* D'accord,  il n'y a pas de chameaux au Sahara, ce sont des dromadaires , mais on peut imaginer ...

Exemple 2 : Le métier de mes amis

Noémie découpe les confettis
Mariam tricote des bananes, etc.

Exemple 3 : Le Père Noël bizarre (c'est lui qui raconte)

J'ai cueilli des radis pour Annie
des rideaux et des radeaux pour Anna

J'ai trouvé un pantin persan pour Marie
un tapis percé pour Myriam.

J'ai acheté un lapin de Noël pour Isabelle
un sapin de soleil pour Célia  ...

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Un texte pour servir de base à une création poétique :

Le laveur de carreaux

Suspendu comme une araignée
Au bout de son fil argenté
Le laveur de carreaux descend
Du haut de la tour. En passant,
Il dit bonjour aux habitants :

30 Le monsieur du trentième étage
Qui ne mange que du fromage.

29 Celui de l’étage au-dessous
Qui n'aime que la soupe aux choux.

28 Les gens qui viennent de Pluton
Et marchent les pieds au plafond

27 Le baryton de l’opéra
Qui se fait des oeufs sur le plat.

26 Ceux qui ont semé du gazon
Pour rendre plus gai leur béton.

25 Ceux qui élèvent des lapins
Sur l’herbe d’un salon de jardin.

24 Ceux qui ont mis dans leur baignoire
Un bébé phoque blanc et noir.

23 Le chat qui vit seul, noir et blanc,
(Il a dû louer l’appartement).

22 Le vieil Auvergnat à moustaches
Qui che regarde dans la glache.

21 Le militaire en permission
Qui compte ses décorations.

20 La foule du vingtième étage
C'est la réception d'un mariage.

19 La receveuse de la poste
Qui ne grignote que des toasts.

18 L’académicien nostalgique
Qui s'amuse au train électrique.

17 L'élève de Napoléon
Qui range ses soldats de plomb.

16 Le collectionneur de timbales
Qui joue du violon à pédales.

15 Un abbé qui fait du trapèze
Sur un bâton entre deux chaises.

14 L’amateur de scie musicale
Qui coupe l’Internationale

13 Le passionné d’exploration
Qui chasse le tigre au salon

12 Deux bustes de marbre au nez grec
Qui contemplent un jeu d’échecs.

11Un athlète en maillot de corps
Qui s'est allongé et qui dort .

10 La dame du dixième étage
Qui garde un sapajou en cage.

9 Plus bas une belle famille
Les parents et quatorze filles.

8 Des campeurs chantant à mi-voix
En rond autour d’un feu de bois

7 Un grand polytechnicien morne
Qui ne porte que son bicorne.

6 Un peu plus bas un éléphant
Prisonnier dans l’appartement.

5 Un couple se bat au cinquième
À coup de tartes à la crème.

4 La petite fille aux yeux bleus
Qui a les yeux verts quand il pleut.

3 La jeune fille du piano,
Qui se tricote un allegro.

2 La dentiste qui vient d’extraire
Une redoutable molaire.

1 Le petit garçon du premier
Qui fourre ses doigts dans son nez.

0 Tout est vide au rez-de-chaussée
La concierge est dans l’escalier.

On voit les secrets de la ville
Quand on descend au bout d’un fil.

Jacques Charpentreau ("La ville enchantée" - éditions de l'École, 1976)

  fille_verte_cr_ation__PP10Création poétique sur le thème du féminin à la manière de "Le Laveur de carreaux"

La structure répétitive de ce texte découpé en paires de vers rimés suscite des expériences intéressantes. Par exemple ici :
http://alain.digiovanni.free.fr/print1.htm

On pourrait imaginer, en s'inspirant des strophes 19 - 10 - 9 - 4 - 3 - 0 (deux vers rimés), un immeuble avec des situations, des saynètes, pas toujours uniquement composées d'un ou plusieurs personnages féminins, mais dans lesquelles ces personnages féminins seraient les acteurs principaux (la grand-mère, la couturière, une maman et son bébé, divers métiers exercés par des femmes ...)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

La soupe de la sorcière

Dans son chaudron la sorcière
Avait mis quatre vipères
Quatre crapauds pustuleux
Quatre poils de barbe-bleue
Quatre rats, quatre souris
Quatre cruches d’eau croupies
Pour donner un peu de goût
Elle ajouta quatre clous

Sur le feu pendant quatre heures
Ça chauffait dans la vapeur
Elle tourne sa tambouille
Et touille et touille et ratatouille
Quand on put passer à table
Hélas c’était immangeable
La sorcière par malheur
Avait oublié le beurre

Jacques Charpentreau

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Dans son recueil "POÉSIE EN JEU", Jacques Charpentreau propose différents types de textes poétiques. On trouvera dans la catégorie PRINT POÈTES 2009 : L'HUMOUR des poètes, au paragraphe "JEUX", d'autres amusements littéraires et poétiques de divers auteurs.

Voici un acrostiche pour une idée de création poétique au féminin :

Prénom

Je viens de perdre mon prénom
Au bord d'une page nouvelle,
Ce plaisantin, ce vagabond
Qui se sauve quand je l'appelle.
Un lecteur peut-il le chercher
Et me dire où il s'est caché ?
Saurez-vous me le retrouver ?

Jacques Charpentreau ("Poésie en jeu" - éditions Ouvrières, 1981)

fille_verte_cr_ation__PP10Acrostiche féminin à la manière de "Prénom"

Le principe serait de décrire (qualités, défauts, caractère...) en vers rimés ou non, une élève de la classe, avec la contrainte de l'acrostiche : chaque lettre de son prénom est dans l'ordre, l'initiale d'un vers. Variante, utiliser les syllabes pour réduire la longueur du poème, l'écrire à l'envers, etc.

ExempleMon amie : Je la connais depuis longtemps  / Un peu timide mais souriante / Le regard bleu, les cheveux blonds / Il faut que je vous la présente / Appellez-la par son prénom !   

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

La recherche

Certains la cherchent dans les airs
Parmi les oiseaux des nuages,
D'autres dans les fleurs du bocage
Ou dans les algues de la mer.
Ils s'en vont la chercher en Chine,
Dans un temple ancien, à Pékin,
Dans les pages d'un vieux bouquin,
Dans les secrets d'une machine...
Pourquoi remuer la planète ?
Moi, comme je t'aime beaucoup,
Dans les cheveux blonds de ton cou
Je cherche la petite bête.

Jacques Charpentreau

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

La fuyante

Vous me croyez douce et soumise
Mais malgré vos yeux grands ouverts,
Moi, je vous échappe à ma guise
Et je joue la fille de l'air.
Fille de l'air, enfant du songe,
Je pars au gré de mon caprice,
Sur une brise je m'allonge,
Dans un courant d'air je me glisse.
Quand je suis lasse, je repose
Sur un blanc coussin de nuage,
Avec le parfum de la rose
Sur l'aile du vent je voyage.

Jacques Charpentreau ( "Poèmes pour peigner la girafe"- éditions Hachette, 1994)

fille_verte_cr_ation__PP10Un caractère féminin

Choisir une qualité ou un défaut, un trait de caractère bien marqué à attribuer à une fille ou une femme, à la manière de "La fuyante". On peut se décrire soi-même (si on est une fille !) : la douce, la colérique, la paresseuse, l'étourdie, etc. Il s'agit de ne pas rester dans le description fidèle : comme dans le modèle, céder à l'exagération, s'éloigner du réel pour l'imaginaire, le fantastique.

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Le ciel de mon cœur

Le ciel est gris lorsque tu grondes :
Tombe la pluie, souffle le vent,
Et, dans un tourbillon, le monde
Se courbe et fuit en m’emportant
Au fond d’une forêt profonde
Où mon coeur souffre en attendant
Que s’apaise cet ouragan.

Le ciel est bleu quand ton sourire
Brille comme un jour de printemps.
Pas un nuage ne soupire,
L’aubépine a mis drapeau blanc.
Les oiseaux chantent pour te dire
Qu’aujourd’hui mon coeur est content :
Tu fais la pluie et le beau temps.

Jacques Charpentreau



1 mars 2008

André CHÉNIER - le féminin en poésie

André Chénier, de son vrai nom André Marie de Chénier (1762-1794) est considéré comme le précurseur des Romantiques.
Chénier a écrit ce texte en prison, peu de temps avant son jugement par le tribunal révolutionnaire et son exécution (il a été guillotiné. "La jeune captive" était comme lui détenue à la prison de Saint-Lazare, mais fût libérée. Elle s'exprime par sa plume (guillemets), mais le poète exprime aussi ses propres angoisses de condamné.

La jeune captive

" L'épi naissant mûrit de la faux respecté ;
Sans crainte du pressoir, le pampre tout l'été
Boit les doux présents de l'aurore ;
Et moi, comme lui belle, et jeune comme lui,
Quoi que l'heure présente ait de trouble et d'ennui,
Je ne veux point mourir encore.
Qu'un stoïque aux yeux secs vole embrasser la mort,
Moi je pleure et j'espère ; au noir souffle du Nord
Je plie et relève ma tête.
S'il est des jours amers, il en est de si doux !
Hélas ! quel miel jamais n'a laissé de dégoûts ?
Quelle mer n'a point de tempête ?
L'illusion féconde habite dans mon sein.
D'une prison sur moi les murs pèsent en vain.
J'ai les ailes de l'espérance :
Échappée aux réseaux de l'oiseleur cruel,
Plus vive, plus heureuse, aux campagnes du ciel
Philomène chante et s'élance.
Est-ce à moi de mourir ? Tranquille je m'endors,
Et tranquille je veille ; et ma veille aux remords
Ni mon sommeil ne sont en proie.
Ma bienvenue au jour me rit dans tous les yeux ;
Sur des fronts abattus, mon aspect dans ces lieux
Ranime presque de la joie.
Mon beau voyage encore est si loin de sa fin !
Je pars, et des ormeaux qui bordent le chemin
J'ai passé les premiers à peine,
Au banquet de la vie à peine commencé,
Un instant seulement mes lèvres ont pressé
La coupe en mes mains encor pleine.
Je ne suis qu'au printemps, je veux voir la moisson ;
Et comme le soleil, de saison en saison,
Je veux achever mon année.
Brillante sur ma tige et l'honneur du jardin,
Je n'ai vu luire encor que les feux du matin ;
Je veux achever ma journée.
Ô mort ! tu peux attendre ; éloigne, éloigne-toi ;
Va consoler les c
œurs que la honte, l'effroi,
Le pâle désespoir dévore.
Pour moi Palès encore a des asiles verts,
Les Amours des baisers, les Muses des concerts.
Je ne veux point mourir encore. "
Ainsi, triste et captif, ma lyre toutefois
S'éveillait, écoutant ces plaintes, cette voix,
Ces vœux d'une jeune captive ;
Et secouant le faix de mes jours languissants,
Aux douces lois des vers je pliais les accents
De sa bouche aimable et naïve.
Ces chants, de ma prison témoins harmonieux,
Feront à quelque amant des loisirs studieux
Chercher quelle fut cette belle :
La grâce décorait son front et ses discours,
Et, comme elle, craindront de voir finir leurs jours
Ceux qui les passeront près d'elle.

André Chénier ("Dernières poésies")



1 mars 2008

CHRESTIEN DE TROYES - le féminin en poésie

Chrestien (ou Chrétien) de Troyes, (1135-1185, dates approximatives) est un poète français, poète et auteur de romans de chevalerie.

La condition de la femme au Moyen-âge, les tisseuses de soie :

Complainte des tisseuses de soie

Il vit jusqu'à trois cents jeunes filles,
Occupées à divers travaux.
Elles travaillaient des fils d'or et de soie
Chacune de son mieux,
Mais dans une telle misère
Que beaucoup étaient sans coiffe et sans ceinture...
Leurs robes étaient déchirées,
Et leurs chemises sales dans le dos.
De faim et de mal elles avaient
Cous grêles et visages pâles.

Nous tisserons toujours des étoffes de soie
Et n'en serons jamais mieux vêtues.
Toujours nous serons pauvres et nues
Et toujours nous aurons faim et soif ;
Jamais nous ne saurons gagner
Assez pour avoir à manger.
Nous avons du pain à grand-peine,
Un peu le matin, moins le soir ;
Car jamais du travail de ses mains,
Chacune n'aura pour vivre
Plus de quatre deniers à la livre.
Avec cela nous ne pouvons pas
Avoir assez de nourriture et d'étoffe ;
Car qui gagne chaque semaine
Vingt sols n'est pas hors de peine.
Sachez-le bien :
Il n'y a aucune de nous
Qui gagne vingt sous ou davantage.
Un duc serait riche avec cela !
Notre pauvreté est grande
Et il est riche de notre misère
Celui pour qui nous peinons.
Nous veillons une grande partie de la nuit
Et tout le jour pour avoir un gain
;

Mais que vous raconterai-je ?
Nous avons tant de mal et de honte
Que je ne puis vous en dire le cinquième.

Chrestien de Troyes

 

fille_verte_cr_ation__PP10 Un métier féminin à la manière de Chrestien de Troyes 

On listera des métiers plutôt exercés par des femmes (de nombreuses activités professionnelles ne sont plus le "privilège" des hommes et à contrario des femmes): infirmière, sage-femme .. qu'on peut élargir à d'autres métiers autrefois féminins : couturière, fleuriste, et à des métiers qui jusqu'à récemment leur étaient interdits  : routier, pilote d'avion, militaire, mécanicienne, astronaute ...
A la première personne du singulier, dans un poème (rimes), une femme décrit le métier qu'elle exerce, dans ses difficultés et ses plaisirs, avec réalisme comme dans le texte du poète, ou avec humour. Variante : choisir un métier inhabituel (Présidente de la république française ...) ou totalement imaginaire ...



1 mars 2008

Georges-Emanuel CLANCIER - le féminin en poésie

Georges-Emmanuel Clancier, né en 1914, est un écrivain romancier, poète, critique littéraire, journaliste (presse écrite et radio). Son grand roman en plusieurs tomes, Le pain noir (éditions Robert Laffont, à partir de 1956), qui raconte l'histoire de sa famille maternelle (on parlerait aujourd'hui d'une saga familiale), est son œuvre la plus connue. D'autres textes de cet auteur sont ici sur le blog : PRINT POÈTES 2008 : L'AUTRE (France)

Juliette

Ces chemins de l'enfance qui nous mènent
A des trésors à des amis à des domaines
De sable et de ciel qui nous attendent,
Je les devine avec l'aube de tes yeux,
Je les caresse avec la fleur de tes doigts,
Ma Juliette des prés des sources et des bois.

Georges-Emmanuel Clancier ("Vrai visage" - Seghers, 1953 - Robert Laffont, 1965)



1 mars 2008

Jean COCTEAU - le féminin en poésie

livre_Cocteau_folio

Jean Cocteau (1889-1963) auteur de théâtre,  poète et cinéaste français, était aussi sculpteur, céramiste, peintre, dessinateur...
Le théâtre lui doit en particulier La Machine infernale, Les Parents terribles, Antigone.

image : livre "Choix de poèmes" -  Gallimard, Folio junior poésie, 2004)

Le texte présentés ici n'est pas représentatif de l'oeuvre poétique de Cocteau, à découvrir. Ils estt une illustration du travail sur la phonétique et les jeux de mots dont on peut sinon s'inspirer, du moins s'amuser comme lui un peu ... au féminin

Odile               

Odile rêve au bord de l'île,
Lorsqu'un crocodile surgit;
Odile a peur du crocodile
Et, lui évitant un "ci-gît",
Le crocodile croque Odile.

Caï raconte ce roman,
Mais, sans doute, Caï l'invente
Odile alors serait vivante
Et, dans ce cas-là, Caï ment.

Un autre ami d'Odile, Alligue
Pour faire croire à cette mort
Se démène, paye et intrigue
D'aucuns disent qu'Alligue à tort.

Jean Cocteau ("Le Potomak", 1919, 1924 et réédition Passage du Marais, 1999)



Publicité
Publicité