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PRINT POÈTES 11 : PAYSAGES en français - SOMMAIRE
Les textes publiés n'ont pas tous fait l'objet d'une demande d' autorisation.
Les ayants droit peuvent nous en demander le retrait.
"Exprimer les liens profonds qui unissent l'homme à la nature, les célébrer ou les interroger est un des traits les plus constants de la poésie universelle. Mers et montagnes, îles et rivages, forêts et rivières, ciels, vents, soleils, déserts et collines, la plupart des poèmes porte comme un arrière-pays la mémoire des paysages vécus et traversés.
Se reconnaître ainsi tributaire des infinis visages du monde, c'est sans doute, comme le voulait Hölderlin, habiter en poète sur la terre".
Jean-Pierre Siméon, directeur artistique du Printemps des Poètes
- Dans cette page et les suivantes,
des textes d'auteurs
de langue française - On trouvera ici des poèmes traduits d'autres langues sur le thème du paysage :
PRINT POÈTES 11 : PAYSAGES - traductions
- ici, des textes de quatre auteurs mis à l'honneur cette année :
PRINT POÈTES 11 : Butor Depestre Velter White
- et ici, des textes de poètes d'Outre-mer, mis également à l'honneur cette année :
PRINT POÈTES 11 : poètes d'OUTRE-MER
Quelques pistes pour la création poétique accompagnent les textes
Beaucoup d'autres sont rangées dans les catégories précédentes
du Printemps des Poètes, et en particulier
>> PRINT POÈTES 2009 : L'HUMOUR des poètes
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sommaire (cliquer sur le n° de page ou sur les textes souhaités)
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- page 1 (vous y êtes) : comptines, chansons... et A B -
comptines, chansons, haïkus
COMPTINES et CHANSONS
HAÏKUS
auteurs de langue française
page 1 (vous y êtes) : Adrover à Besse
Claudia ADROVER - La Loire au plus près
Corinne ALBAUT - Les gratte-ciel
Pierre ALBERT-BIROT - Admiration ; Le jardin suspendu ; L'oreille fine ; Poème-pancarte
Guillaume APOLLINAIRE - Automne ; Automne malade ; Saltimbanques
Marc ALYN - Un printemps tout neuf ; Bulletin de santé
Paul ARÈNE - Paysage ; Chronique d'automne
Théodore de BANVILLE - À la Forêt de Fontainebleau ; L'hiver
Charles BAUDELAIRE - L'étranger : L'Homme et la mer ; Invitation au voyage ; Harmonie du soir ; Le coucher de soleil romantique ; Le soleil ; Paysage
Pierre BÉARN - Usine de campagne
Luc BÉRIMONT - La nuit d'aube ; Comme des eaux qui se dénouent ; Je t'attends aux grilles des routes
Michel BESNIER - Mes résidences
Robert BESSE - L'arc-en-ciel ; Le lézard
page 2 (cliquez sur l'auteur recherché) : Bonnefoy à Chesneau
Yves BONNEFOY / Que ce monde demeure ; Rouler plus vite ; La maison natale ; Le soir ; La seule rose ; La charrue ; Les flambeaux ; Une voix ; La tâche d'espérance ; De grands blocs rouges ; Le nuage rouge
Alain BOSQUET / Un enfant m'a dit ; Arbre ; J'écrirai ; Mer
Alain BOUDET / Elle souffle sur la lune ... ; L'éclair joint le feu à la source ...
Nicolas BOUVIER / Les Indes galantes ; Les feuilles des noyers ; Novembre ; Printemps kurde ; Morte saison
Jacques BREL / Le plat pays ; Les Marquises
Michel BUTOR / voir la catégorie dédiée (en haut de page)
Hélène CADOU / Plus d'avenir ; Le temps réconcilié ; L'arbre ; Encore un dimanche à rêver ... ; Il faut laver ce que tu dis ...
Maurice CARÊME / Entre Margny et Breux ; Le ciel ; L'automne ; Le nuage ; La grille est toute blanche ; Le brouillard ; Automne en ville ; L'homme et l'enfant ; Il a neigé ; Le sentier se perdait ; Que la mer est belle ! ; Je sais ... ; La mer ; Sur la plage ; Gare isolée ; Étranges fleurs ; L'écureuil
André CASTAGNOU / Le fleuve
Blaise CENDRARS / Prose du Transsibérien ; Mississipi ; Paysage ; Îles ; Coucher de soleil ; Couchers de soleil ; A tribord Bahia ; Bleus ; Trouées ; Dans le train
Gilbert CESBRON / Les nuages blancs
Anne-Marie CHAPOUTON / Rêve 4
René CHAR / La Sorgue
Jacques CHARPENTREAU / Les fils de la vierge ... ; La clé des champs ; La mer s'est retirée
Andrée CHEDID / Les routes
Marc CHESNEAU / Paysage
page 3 (cliquez sur l'auteur recherché) : Clancier à Gamarra
Georges-Emmanuel CLANCIER / Les ajoncs, la pierraille ... ; Escales ; Le guet
Paul CLAUDEL / Salut, pays ! Paysage français
Pierre CORAN / Orage
Charles CROS / Songe d'été
Lise DEHARME / Le pêcheur endormi ; Curieuse ( avec texte de Max Rongier)
Robert DESNOS / Les rivières claires ; Le carré pointu ; Par un point situé sur un plan ... ; L'anneau de Moebius ; Ma sirène
Robert DESNOUES / Marche en Provence ; La mort du peintre
Joachim DU BELLAY / Heureux qui, comme Ulysse ... ; D'un vanneur de blé aux vents
Chantal DUPUY-DUNIER / Saorge
Marie-Jeanne DURRY / Chanson
Paul ÉLUARD / Monde ébloui, Monde étourdi ; Je te l'ai dit ; La terre est bleue
Pierre EMMANUEL / Par delà les vergers ... ; Dédicace d'Orphée
Jean FERRAT / La montagne ; Ma France ; Raconte-moi la mer ; autres passages de chansons
Maurice FOMBEURE / Images du village ; "Terre-Terre" ; Le coquillage ; Présence des automnes
Paul FORT / La mer ; La ronde autour du monde ; Autour de l'océan ; La Méditerranée ; Montagne ; La pluie
André FRÉNAUD / Pays retrouvé ; Où est mon pays ?
Pierre GAMARRA / Barcarolle dans la ville ; Paysage ; Secrets ; La pluie
page 4 (cliquez sur l'auteur recherché) : Gautier à Leconte de l'Isle
Théophile GAUTIER / Décembre ; Le pin des Landes ; Le sentier ; Soleil couchant ; Premier sourire du printemps ; Promenade nocturne ; La fleur qui fait le printemps ; Paysage ; Pensées d'automne ; En allant à la Cahrtreuse de Miraflorès
Rosemonde GÉRARD / L'année ; Paysage ; Le jardin vivant ; Les peupliers
Marie GEVERS / Octobre ; Chanson pour apprendre aux cinq sens à aimer la pluie ; Repas du matin
Marc-Adolphe GUÉGAN / Poèmes courts (6 textes)
Yvan GOLL et Claire GOLL / Renouveau ; Faal ; Le semeur d'hexagones ; Transmutations ; d'Yvan à Claire
Julien GRACQ / Aubrac ; L'Èvre ; Qu'est-ce qui nous parle dans un paysage ?
Luce GUILBAUD / Arbre au bord de la route ... ; Le nuage ; Une petite maison ; Le vent ; J'étais perdue ; Je jouais
Louis GUILLAUME / Noir comme la mer ; Soir ; Maison de vent
GUILLEVIC / La plaine, les vallons plus loin ... ; Recette ; Image ; Le vent ; La pomme ; Le soleil ; Arbre l'hiver ; LA forêt ; Inclus ; L'arbre ; La saison ; La vague ; L'arbre (deuxième texte) ; Requis ; Habitations ; Un mur ; Cerisier ; Hirondelle ; Regarder ; Carnac ; Azur ; Transparences ; Rivière
Anne HÉBERT / La neige ; La nuit ; Leçons de ténèbres
Franz HELLENS / Manège d'hiver
Émile HENRIOT / Le village ; Paysages ; Aquarelles
José María de HEREDIA / Les conquérants ; Le récif de corail ; Bretagne
Victor HUGO / Le semeur ; Printemps ; Le feu du ciel ; Une nuit qu'on entendait la mer sans la voir ; La source ; L'expiation ; Stella ; Le poète s'en va dans les champs ; Va-t-en, me dit la bise ; Bièvre ; Promenade dans les rochers ; Spectacle rassurant ; Pluie d'été ; Joie des choses ; Le matin - En dormant ; Le Vésuve
Philippe JACCOTTET / Les eaux et les forêts ; Nouvelles notes pour la semaison ; Je marche dans un jardin ... : Fruits ; L'aurais-je donc inventé ? ... ; Jour à peine plus jaune ... ; Chemin de montagne
Francis JAMMES / Un jour bleu de l'été ... ; Le vieux village ; Le pays natal ; Ô Jammes (poème de Charles Guérin)
Georges JEAN / Ville inconnue ; Dans un bistrot
Vénus KHOURY-GHATA / À Yasmine ; La forêt a peur ; La surface d'un automne ; La voie lactée ... ; À quoi sert l'école ? ; À quoi sert un nuage ?
Jules LAFORGUE / Chanson d'automne ; Couchant d'hiver ; Crépuscule de dimanche d'été
Alphonse de LAMARTINE / Milly ou la terre natale (I) ; Milly ou la terre natale (II) ; Le vallon
Luce LAURAND / Le chemin
Guy LAVAUD / Nocturne ; Un pin ; Combats
Philéas LEBESGUE / Petit village ; Le village ; Terre d'amour ; Le plus beau pays du monde
Charles-Marie LECONTE DE L'ISLE / Les éléphants ; La panthère noire ; Le rêve du jaguar ; La forêt vierge ; Paysage polaire ; Midi
page 5 (cliquez sur l'auteur recherché) : Lebrau à Nerval
page 6 (cliquez sur l'auteur recherché) : Noailles à Serres
Anna de NOAILLES / Chaleur ; Le jardin et la maison (Crépuscule) ; Il fera longtemps clair ce soir ... ; Matin de printemps ; Matin d'été ; Les bords de la Marne
Marie NOËL / Chant de rouge-gorge ; L'île ; Chant de nourrice ; Si j'étais plante
Germain NOUVEAU / En forêt
Jean ORIZET / Sur la prunelle des saisons ; L'or sous le givre ; Haute ponctuation du silence
Louisa PAULIN / voir la catégorie PRINT POÈTES 11 : PAYSAGES - traductions
Charles PÉGUY / Présentation de la Beauce à Notre-Dame-de-Chartres
Benjamin PÉRET / Les temps révolus
Cécile PÉRIN / Aube ; Danse ; Arc-en-ciel ; Oasis ; Chant à voix basse
Louis PIZE / Montagne
Gisèle PRASSINOS / Dans tes yeux il y a la mer ; La neige
Jacques PRÉVERT / Soyez polis ; Chanson pour chanter à tue-tête et à cloche-pied ; Le paysage changeur ; Immense et rouge ; Un vent fou ; Le ruisseau ; La plage des sables blancs ; Exilé des vacances ; Les palmes et les branches ; La couleur locale ; Tournesol ; Sables mouvants ; Nuages ; Le vrai jardinier ... ; La pluie ...
Raymond QUENEAU / Pins, pins et sapins ; Port ; Vesper
Jeanne RAMEL-CALS / Robes de printemps
Charles-Ferdinand RAMUZ / Le pays ; Le saule ; Chaleur
Henri de RÉGNIER / Le jardin mouillé ; Paysage ; Les pins ; le bois de pins ; Soir d'automne ; La lune jaune ; Promenade ; En forêt
Pierre REVERDY / Calme intérieur ; De la pierre à l'eau ; Horizon ; Heure ; Son de cloche ; La neige tombe ; Temps couvert ; En face ; Les ardoises du toit
Jean RICHEPIN / Le chemin creux ; La neige est belle
Madeleine RIFFAUD / Nuit
Ann ROCARD / Bien au chaud
Pierre de RONSARD / Ode à la Fontaine Bellerie ; Contre les bûcherons de la forêt de Gastine ; Ciel, air et vents, plains et monts découverts
Jacques ROUBAUD / Un matin ; Rondeau étrange des visages et paysages ; mettons ; square de Louvois ; rue de Bretagne ; Les mouettes
Jean ROUSSELOT / On n'est pas n'importe qui ; Pas de vacances
Claude ROY / Météorologie ; L'enfant qui battait la campagne ; La clef des champs ; Étourdis étourneaux ; Les quatre éléments
Marc-Antoine de SAINT-AMANT / L'automne des Canaries
Annie SALAGER / Oyats ; Traces ; Aimez-vous la mer ? ; Tu cours superbe, ô Rhosne, flourissant ; La mer
Albert SAMAIN / Mélancolie ; Chanson d'été ; J’aime l’aube aux pieds nus qui se coiffe de thym
SAMIVEL / La Vanoise, L'automne, Les galets
Cécile SAUVAGE / Le jour ; La lune blanche ; Fumées
Anne SCHWARTZ-HENRICH / L'autre monde
Léopold Sédar SENGHOR / Nuit de Siné ; je suis seul
Victor SEGALEN / Conseils au bon voyageur ; Terre jaune ; Les lacs
Pierre SEGHERS / Décourage en toi le chagrin ; Automne
Alain SERRES / Toi-même
page 7 (cliquez sur l'auteur recherché) : Sodenkamp à Voisard
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COMPTINES et PETITS POÈMES - PRINT POÈTES 11 : PAYSAGES en français
COMPTINES
1, 2, 3, j'irai dans les bois
1, 2, 3, j'irai dans les bois
4, 5, 6, cueillir des cerises
7, 8, 9, dans un panier neuf
10, 11, 12, elles seront toutes rouges
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1,2,3, dans les bois
1, 2, 3,
le lapin
est dans les bois,
4, 5, 6,
il va faire
de l’exercice,
7, 8, 9,
il court plus vite
que le bœuf,
10, 11, 12,
c’est la poule
qui est jalouse !
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1, 2, 3, vous trouverez là
1, 2, 3, vous trouverez là
3, 2, 1, près d’un vieux sapin
1, 2, 3, une maison en bois
3, 2, 1, cachée dans le thym.
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1, 2, 3 tout au fond des bois
1, 2, 3, tout au fond des bois
3, 2, 1, un petit chemin
1, 2, 3, vous mène tout droit
3, 2, 1, chez le roi des nains
1, 2, 3, vous trouverez là
3, 2, 1, près d’un vieux sapin
1, 2, 3, maisonnettes en bois
3, 2, 1, cachées dans le thym.
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Les poules
Quand trois poules
Vont aux champs
La première va devant
La deuxième suit la première
La troisième va derrière
Quand trois poules
Vont aux champs
La première va devant.
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Y a une pie dans le poirier
Y a une pie dans le poirier,
J'entends la mère qui chante
Y a une pie dans le poirier,
J'entends la mère chanter.
J'entends, j'entends, j'entends la mère qui chante
J'entends, j'entends, j'entends la mère chanter
Y a deux pies dans le poirier…
Y a trois pies dans le poirier, etc.
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Six pommes
Six pommes,
rouges bien mûres,
s’ennuient sur le pommier.
1,2,3,4,5,6.
Six pommes
voudraient s’en aller.
1,2,3,4,5,6.
Moineau
ou jardinier,
venez les chercher !
1,2,3,4,5,6.
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Tous les sept
Un coquelicot et un souci
Se sont pris par la main
Avec un pissenlit,
Puis une pomme verte
Et un bleuet
Et encore une prune
Un iris violet.
Et sur la prairie,
Tous les sept, en ribambelle,
Ont joué à l’arc-en-ciel.
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Six pommes
Six pommes,
rouges bien mûres,
s’ennuient sur le pommier.
1,2,3,4,5,6.
Six pommes
voudraient s’en aller.
1,2,3,4,5,6.
Moineau
ou jardinier,
venez les chercher !
1,2,3,4,5,6.
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Un ciel bleu
Un ciel bleu
Deux grands yeux
Trois nuages
Quatre images
Cinq longs doigts
Et voilà !
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Les nuages
Trois petits nuages
S’en venaient de Paris,
Mais oui, mais oui.
Mon Dieu, qu’ils étaient jolis !
Derrière eux le vent riait.
Allez, allez !
Et claque, claque son fouet.
Le premier nuage
Etait léger comme un duvet.
Le second petit nuage
Avait de beaux cheveux frisés.
Passant trop près du soleil,
Le pauvre petit dernier
S’y était brûlé le nez.
Tant pis, tant pis
Ils ne pouvaient pas s’arrêter
Pensez !
Trois petits nuages
S’en allaient au Paradis !
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Il pleut, il mouille
Il pleut, il mouille
C'est la fête à la grenouille
Il mouille, il pleut
C'est la fête au poisson bleu
Il pleut, il fait beau temps
C'est la fête au paysan.
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Un têtard dans la mare
Un têtard dans la mare
Deux fourmis sur le tapis
Trois gros rats sous le hangar
Quatre lézards au bord du trottoir
Cinq lapins
Cachés dans le foin
Autant de petits enfants
Courant dans les champs !
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De 1 à 10
Et de 1,
je cours au soleil
Et de 2,
sa lumière me rend heureux !
Au bord du bois,
Je trouve un trèfle,
un trèfle à 3 feuilles,
ça se voit parfois ;
mais un trèfle
à 4 feuilles,
alors, ça ! ça m’épate !
Autour de moi,
5 papillons font un tourbillon,
6 jolies coccinelles
s’en mêlent.
quelle fête !
Une colonne de criquets
font la causette.
je les compte,
ils sont 7 !
Dans le champ
8 poules font
un bruit assourdissant.
Ce matin, dans mon chapeau,
j’ai trouvé un œuf.
ce soir, ils sont 9
tout ronds et tout chauds.
10, m’a dit un myosotis,
c’est le printemps aujourd’hui.
qu’est-ce que tu en dis ?
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Cette nuit, j’ai vu…
Cette nuit, j’ai vu…
une libellule
éteindre la lune.
Deux oies
casser des noix.
Trois limaçons
jouer du violon.
Quatre canards
courir sur la mare.
Cinq chevaux
cueillir des poireaux
Six souris
manger des radis
Sept poulettes
danser en chaussettes
Huit lapins
faire du patin
Neuf hirondelles
démonter la Tour Eiffel
Et dix fourmis
en chemise de nuit
qui m’ont crié :
réveille-toi !
assez dormi !
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Bonjour monsieur Soleil
Bonjour monsieur Soleil que faites-vous donc là ?
je fais mûrir des bananes pour tous ces enfants là !
Bonsoir madame la Lune, que faites-vous là ?
je fais mûrir des prunes, pour tous ces enfants-là
Bonjour monsieur le Soleil, que faites-vous là ?
je fais mûrir des groseilles pour tous ces enfants-là.
Bonjour monsieur soleil que faites-vous donc là ?
je fais mûrir des bananes pour tous ces enfants là !
etc.
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Dans le ciel bleu
Dans le ciel bleu
les nuages passent
le bleu s'efface
Puis les remplace
le beau ciel bleu.
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Do ré mi, la perdrix
Do ré mi, la perdrix
mi fa sol, elle s'envole
fa mi ré, dans le pré
mi ré do, tombe à l'eau.
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Les feuilles
En automne,
plein de feuilles
En hiver,
plus de feuilles
Au printemps,
petites feuilles
En été,
grandes feuilles.
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Pomme de reinette et pomme d'api
Pomme de reinette et pomme d'api
tapis tapis rouge
Pomme de reinette et pomme d'api
tapis tapis gris
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Sapin
Sapin vert
tout l'hiver,
Sapin blanc
par moments,
Sapin bleu
merveilleux,
Sapin mort
jette dehors.
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La comptine du muguet
Il était, dans la mousse, un tout petit muguet.
Il avait l'âme douce, embaumant la forêt.
Soudain, une fillette passe par le chemin
et voyant la fleurette, la coupe avec la main.
Pourquoi m'as-tu coupée ? dit la fleur de muguet,
tu m'as toute blessée pour parer ton bonnet.
Non, répond la fillette, oh muguet, mes amours,
je ne suis pas coquette, je veux t'aimer toujours.
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Les deux comptines qui suivent ont été trouvées ici : http://www.momes.net/comptines
Paysage d'Afrique
Le crocodile
Croque Odile.
Le féroce rhinocéros
S’est fait des bosses.
L’hippopotame
Joue du tam-tam.
À une branche,
Le serpent se pend.
Le léopard repart.
Et mademoiselle la gazelle
Se trouve très belle
Dans son miroir.
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Brousse
Brousse, brousse
J'aime ma brousse
J'aime ma brousse
Et ma jolie savane (2 fois)
Y'a des tigres, y'a des lions
Y'a des léopards
J'aime ma brousse
Et ma jolie savane (2 fois)
(On recommence en accélérant)
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CHANSONS
Monsieur le vent
Soufflez monsieur le vent,
faites danser les nuages
et les cheveux des enfants sages.
Soufflez monsieur le vent,
Emportez les papiers
et le chapeau du jardinier
Fernande Huc - lien pour la partition musicale, d'autres comptines chantées, et des pistes pédagogiques détaillées : http://www.crdp-strasbourg.fr/cddp68/maternelle/aria/aria.htm#monsieur
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Derrière chez moi
Derrière chez moi devinez ce qu'il y a* ? (bis)
Y a un arbre, le plus bel arbre, arbre du bois
petit bois derrière chez moi
Et la lon là lon lère et la lon là lon là
Et la lon là lon lère et la lon là lon là
Et sur cet arbre devinez ce qu'il y a (bis)
Y a une branche, la plus belle branche, branche sur l'arbre, arbre du bois,
Petit bois derrière chez moi
Et la lon là lon lère et ...
Et sur cette branche devinez ce qu'il y a (bis)
Y a une feuille, la plus belle feuille, feuille sur la branche,
branche sur l'arbre, arbre du bois
Petit bois derrière chez moi
Et sur cette feuille devinez ce qu'il y a (bis)
Y a un nid, le plus beau des nids, nid sur la feuille,
feuille sur la branche, branche sur l'arbre, l'arbre du bois
Petit bois derrière chez moi
Et dans ce nid, devinez ce qu'il y a (bis)
Y a une aile...
Et sur cette aile, devinez ce qu'il y a (bis)
Y a une plume...
Et sur cette plume, devinez ce qu'il y a (bis)
Y a un poil..
Et dans ce poêle, devinez ce qu'il y a (bis)
Y a un feu...
Et dans ce feu devinez ce qu'il y a (bis)
Y a un arbre, le plus bel arbre, arbre du bois
Petit bois derrière chez moi
* variante, pour détourner un peu le langage : "devinez quoi qui n'y a..."
HAÏKUS - PRINT POÈTES 11 : PAYSAGES en français
HAÏKUS
Le poème court appelé haïku obéït à certaines règles de construction, voir HAÏKUS
- poésies des saisons.
Quelques recueils :
- Jean-Hugues Malineau : "Petits Haïkus des saisons" (L'école des Loisirs, 1996) et "Trente Haïkus rouges et bleus" (Éditions Pluie d'étoiles, 2000)
- "Le parfum de la lune" poèmes de Buson Yosa (Éditions Moundarren)
- "Le mangeur de kakis qui aime les haïkus" poèmes de Shiki (Éditions Moundarren)
- "Cent-onze Haïku", Matsuo Bashô (Éditions Verdier, 1998, bilingue, traduit du japonais par Joan Titus-Carmel)
- "Haïkus : Anthologie", Moritake, Onitsura, préfaces de Yves Bonnefoy et Roger Munier
- "Anthologie du poème court japonais", Corinne Atlan et Zéno Bianu (Poésie/Gallimard, 2002) et également "Haiku du XXe siècle : Le poème court japonais d'aujourd'hui", Corinne Atlan et Zéno Bianu(Poésie/Gallimard, 2007)
- "Fourmis sans ombres, le livre du haïku", Maurice Coyaud (Phébus,1999)
- "Mille poètes, mille poèmes brefs", Michel-François Lavaur (L'arbre à paroles, 1997)
- Jean-Hugues Malineau et Françoise Naudin, plusieurs titres, dont : "Onze Haïku et un poème, à propos des pivoines" (éditions "Commune Mesure", 1995)
Auteurs québécois :
- "Chevaucher la lune, anthologie du haïku contemporain en français", 600 haïkus d'auteurs francophones de tous pays, réunis par par André Duhaime, illustrations de Gernot Nebel (couverture) et de Joscelyn Vaillancourt (Éditions David - Canada, 2001).
- "Les couleurs du vent, haÏkus", Micheline Beaudry (Éditions David - Canada, 2004)
- "Soleil rouge", "Arbres lumière", Michel Pleau (Éditions David - Canada, 2004 et 2005)
- "Le sourire de l'épouvantail", "Les saisons de l'épouvantail", Jessica Tremblay (Éditions David - Canada, 2003 et 2004)
Quelques-uns des haïkus qui suivent ont été empruntés ici : http://pages.infinit.net/haiku
Haïkus et poèmes courts modernes
auteurs contemporains de langue française
La rivière
change
de
déshabillé
avec
chaque
tournant
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La pluie
barbouillée
de vent
alla
se laver
les yeux
dans l’étang
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La lumière
mit la main
dans le sac du soir
et en tira
une étoile.
Malcolm de Chazal (extraits de "Sens magique")
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Le jeu du soleil
sur le tronc du
chêne
le temps d'un bonheur
Guillevic ("Du Domaine")
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Au ciel la lune brille laiteuse
comme une perle
au doigt d’une brune
Jacques Charpentreau
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brouillard matinal
sur la montagne
un seul arbre
Jessica Tremblay (Québec)
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Les moutons dans la neige
broutent la vie sauvage
à même le brouillard
Michel-François Lavaur
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des arbres
les couleurs tombées
s'enfoncent sous la terre
Micheline Beaudry (Québec)
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Une perle
au doigt du peuplier
pleine lune
Jean-Hugues Malineau
----------------------
À travers les pins
le bleu du ciel
tiré à quatre épingles
Françoise Naudin
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Dans l'immense plaine
un bouquet d'arbres en fleurs
comme un île au loin
Jean-Claude Touzeil
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silence
la lune est prise
dans les branches
Michel Pleau (Québec)
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Haïkus traditionnels japonais
paysages
Les montagnes
lointaines
se reflètent dans les prunelles
de la libellule
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Splendide la voie lactée
à travers les déchirures
du mur
Kobayashi Issa (1763-1828)
----------------------
Jour de bonheur
tranquille
le Mont Fuji voilé
dans la pluie brumeuse
Matsuo Bashô (1644-1694)
----------------------
Midi haut perché
À tue-tête
Une alouette et un nuage
Shiki Masaoka (1867-1902)
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printemps
La
fumée
dessine à présent
le premier ciel de l'année
----------------------
Ces
fleurs de cerisier
qui tant me ravissaient
ont disparu de la terre
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Tremblant
dans les herbes
des champs
le printemps s'en va
Kobayashi Issa (1763-1828)
------------------------------------------
Par-dessus
la mer
le soleil couchant
dans le filet de la brume
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Au
clair de lune
le prunier blanc redevient
un arbre d'hiver
----------------------
Le
halo de la lune
n'est-ce pas le parfum des fleurs de prunier
monté là-haut ?
----------------------
Dans les fleurs tardives du cerisier
le printemps qui s'en va
hésite
Buson Yosa (1716-1784)
-----------------------------------------------------
été
Montagnes au loin
où la chaleur du jour
s'en
est allée
----------------------
La brise fraîche
emplit le vide ciel
de
la rumeur du pin
Uejima Onitsura (1660-1738)
---------------------
Cheminant
par la vaste lande
les hauts nuages
pèsent sur moi
----------------------
Sous les pluies d'été
le sentier
a
disparu
Buson Yosa (1716-1784)
-----------------------------------------------------
automne
Claire lune automnale
les lapins traversent
le lac Suwa
Buson Yosa (1716-1783)
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Les herbes se couvrent
d'automne
Je m'assieds
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Sur une branche morte
repose un corbeau :
soir d'automne !
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Une
rafale de vent
puis les feuilles
se reposent
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Ce chemin
personne ne le prend
que le couchant d'automne
Matsuo Bashô (1644-1694)
--------------------------------------------
Sur la feuille de lotus
la rosée de ce monde
se distord
Kobayashi Issa (1763-1827)
--------------------------------------------
Appuyé contre l'arbre nu
aux rares feuilles
une
nuit d'étoiles
----------------------
Comme des chapeaux alignés
des chaînes de montagne
vent d’automne
Shiki Masaoka (1867-1902)
-----------------------------------------------------
hiver
La bruine d'hiver
paisiblement imbibe
les racines du camphrier
----------------------
Dans le clair de lune glacé
de petites pierres
crissent sous
les pas
Buson Yosa (1716-1783)
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Ces mêmes montagnes
mon père les eut devant les
yeux
dans l'isolement de l'hiver
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Solitude hivernale
ce soir écoutant
la pluie dans la montagne
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Dans
la gelée blanche du sentier
épanoui oublié
un pissenlit
Kobayashi Issa (1763-1827)
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Un oiseau s'envole
le
vieux cheval tressaille
sur la lande désséchée
----------------------
Une baie rouge
a roulé
sur la gelée blanche du jardin
Shiki Masaoka (1867-1902)
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Une nuit, au clair de la lune
l'énorme silhouette du mont Fuji apparaît
Quel froid !
Dakotsu Iida (1885-1962)
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Haïkus contemporains japonais
paysages
Les autoroutes de Tokyo
ressemblent à des intestins
sous la pleine lune
Sei Imai (né en 1950)
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Plage d'Ichiburi
les crêtes des vagues
se cramponnent à la neige.
Mutsuo Takahashi (né en 1937)
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Le soleil fait briller le grand lac
de tout son éclat
jusqu'à ce qu'il le renverse
----------------------
Funérailles du printemps
des arbres s'arrêtent
dans la colline
Goro Wada (né en 1923)
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Corinne ALBAUT - PRINT POÈTES 11 : PAYSAGES en français
Corinne Albaut , poète contemporaine, est très présente sur ce blog. Ici
par exemple.
Elle écrit, publie, interprète des comptines pour
les petits (Collection "Petits bonheurs" chez Actes Sud junior), et anime des ateliers dans les écoles autour de ses textes, ainsi que des débats universitaires. Elle est ausssi, toujours pour la jeunesse, auteure de romans et de pièces de théâtre.
Voir son blog à cette adresse : http://corinnealbaut.free.fr/
Les gratte-ciel
À New York City,
Sam se sent tout petit,
Quand il regarde en l'air,
pour voir un peu de bleu,
il se cogne les yeux
contre le béton et le verre
des gratte-ciel, plantés, serrés
comme des arbres dans la forêt.
Corinne Albaut
Pierre ALBERT-BIROT, Claudia ADROVER - PRINT POÈTES 11 : PAYSAGES en français
Pierre Albert-Birot (1876-1967), est un écrivain,
metteur en scène et dramaturge de théâtre, et poète. Sculpteur aussi
avec "La veuve", oeuvre monumentale commandée par l'état.Il a côtoyé, dans la revue
SIC (Sons, Idées, Couleurs et Formes) dont il est le fondateur,
Guillaume Apollinaire, Louis Aragon, Max Jacob, Pierre Reverdy, Philippe
Soupault, Tristan Tzara ... Proche des surréalistes, sans vraiment
appartenir à ce mouvement, il joue avec les mots, les sons et les
graphies.
Il écrit le premier livre Grabinoulor, son œuvre
majeure, en 1921, et en poursuivra la construction jusqu'à sa
disparition en 1967. Les Six Livres de Grabinoulor, paru aux éditions
jean-michel place en 1991, constituent une épopée inclassable : Grabinoulor,
héros imaginatif et utopiste, traverse époques, espaces et situations
sans jamais vieillir. Ce roman-poésie fleuve d'un millier de pages
(ci-dessous un passage) est écrit sans aucune ponctuation, car, dit
l'auteur :
"Un bon coeur bat de la naissance à la
mort, un coeur qui a des points est un coeur malade".
"Que vas-tu
peindre, ami ?
- L'invisible.
- Que vas-tu dire, ami ?
- L'indicible, Monsieur,
car mes yeux sont dans ma tête".
N'ayez pas peur, c'est un poète.
Pierre Albert-Birot
Admiration
J'ai
été devant les maisons de la ville
Et j'ai dit C'est admirable
J'ai
été devant les roues et les machines
Et j'ai dit C'est admirable
Et
j'ai été devant les monts immobiles
Et j'ai dit C'est admirable
J'ai
été devant les mers bleues les mers vertes
Et j'ai dit C'est
admirable
J'ai été devant les arbres des forêts
Et j'ai dit C'est
admirable
Et j'ai été devant les grosses bêtes
Et j'ai dit C'est
admirable
Et j'ai été devant les petites bêtes
Et j'ai dit C'est
admirable
Et j'ai été devant les femmes
Et j'ai dit C'est
admirable
Et j'ai été devant les hommes
Et j'ai dit C'est
admirable
J'ai été devant l'ombre
Et j'ai dit C'est admirable
Et devant
la lumière
Et j'ai dit C'est admirable
Parce que j'ai regardé
Pierre Albert-Birot ("Grabinoulor - réédité aux éditions jean-michel place, 2007) - absence de ponctuation respectée
Proche des
surréalistes, sans vraiment appartenir à ce mouvement, il joue avec les
mots, les sons et les graphies.
Le jardin suspendu
(calligramme)
Pierre Albert-Birot ("Les amusements
naturels" - éditions Rougerie, 1985)
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L'oreille fine (titre proposé)
L'herbe dites-vous
Ne fait aucun bruit pour pousser
L'enfant
pour grandir
Le temps pour passer
Vous n'avez vraiment pas
l'oreille fine.
Pierre Albert-Birot (Poème 88 à lire dans "Cent dix gouttes de poésie" - éditions Seghers, 1952)
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Poème-pancarte
Pierre Albert-Birot (poèmes-pancarte dans "La
Lune ou le Livre des poèmes" - éditions Burdy, 1924) Ce recueil a
été réédité aux éditions Rougerie, 1992 dans la trilogie intitulée "La
Triloterie", volume 2 : "Poésie II, 1916-1924)
Claudia Adrover (qui publie aussi sous le nom de Claudia Adrover-Sendra), est née en 1950. Elle a écrit de nombreux ouvrages, dont des recueils de poésie, et en particulier celui dont nous présentons des fragments, mais qu'il faudrait lire et dire entièrement. Il est tout entier consacré à la Loire : "La Loire au plus près", aux éditions "Donner à Voir", en 1999. Ce recueil de 29 pages est vendu à un prix modique, autour de 6 €, comme la plupart des ouvrages de cette collection, mais il est peut-être maintenant épuisé.
On pourra certainement en proposer des passages à la classe :
La Loire au plus près (fragments)
La Loire est une aïeule
qui se souvient
de
son éternité liquide
Elle est l'eau millénaire
où l'arbre
couche son ombre
et tu bois ton rêve
à ses rives vertes
pour
préserver l'imaginaire.
----------------------------------------
L'eau
immobile
nous raconte des fonds imaginaires
où les racines
feuillues
atteignent au centre de la terre. Miroir magique
qui
enfante des arbres bicéphales
douce folie du printemps
née d'un
ciel voilé
percé de mille boutons du jeune soleil.
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Loire reflet
tu témoignes du ciel
dans
la liberté
d'une onde froissée, brisée
par un vent nomade.
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Le
ciel de Loire
est descendu vers nous
mais quel limon
a volé sa
lumière
au désarroi de l'eau ?
Claudia Adrover ("La
Loire au plus près" - éditions Donner à Voir, 1999)
Guillaume APOLLINAIRE - PRINT POÈTES 11 : PAYSAGES en français
Guillaume
Apollinaire (1880-1918), poète français ami de Picasso et de
Max Jacob écrit ses premiers poèmes à l'âge de 17 ans.
Automne
Dans le brouillard s’en vont un
paysan cagneux
Et son bœuf lentement dans le brouillard d’automne
Qui
cache les hameaux pauvres et vergogneux
Et s’en allant là-bas le
paysan chantonne
Une chanson d’amour et d’infidélité
Qui parle
d’une bague et d’un cœur que l’on brise
Oh !* l’automne l’automne a
fait mourir l’été
Dans le brouillard s’en vont deux silhouettes
grises.
*pas d'autre ponctuation
Guillaume
Apollinaire ("Alcools" - Mercure de France 1913 -
réédité en poche Poésie/Gallimard)
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Ce poème difficile est tout aussi triste (on n'en propose souvent aux élèves que la dernière strophe, "Et que j'aime...") :
Automne malade
Automne malade et adoré
Tu
mourras quand l'ouragan soufflera dans les roseraies
Quand il aura
neigé
Dans les vergers
Pauvre automne
Meurs en blancheur et en richesse
De neige et de
fruits mûrs
Au fond du ciel
Des éperviers planent
Sur les
nixes nicettes* aux cheveux verts et naines
Qui n'ont jamais aimé
Aux lisières lointaines
Les cerfs ont bramé
Et que j'aime ô saison que j'aime tes rumeurs
Les fruits tombant
sans qu'on les cueille
Le vent et la forêt qui pleurent
Toutes
leurs larmes en automne feuille à feuille
Les feuilles
Qu'on foule
Un
train
Qui roule
La vie
S'écoule
Guillaume Apollinaire ("Alcools", 1913)
Pas
de ponctuation. *Dans la mythologie germanique
et scandinave les nixes sont des nymphes
aquatiques qu'affectionne l'auteur (cf la Lorelei, qu'il évoque dans un
autre poème). Apollinaire les
qualifie de "nicettes", de l'ancien français "nice" : niais, mignon.
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Le poème d'Apollinaire le plus connu des écoliers, paysage d'actualité :
Saltimbanques*
Dans la plaine les baladins
S'éloignent au long des jardins
Devant l'huis des auberges grises
Par les villages sans églises
Et les enfants s'en vont devant
Les autres suivent en rêvant
Chaque arbre fruitier se résigne
Quand de très loin ils lui font signe
Ils ont des poids ronds ou carrés
Des tambours des cerceaux dorés
L'ours et le singe animaux sages
Quêtent des sous sur leur passage
Guillaume Apollinaire ("Alcools", 1913) - * aucune ponctuation
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Marc ALYN, Paul ARÈNE Théodore de BANVILLE - PRINT POÈTES 11 : PAYSAGES en français
Marc Alyn est né en 1937.
Il est romancier (Le Déplacement, 1964) et poète (une vingtaine
de recueils, dont Le Temps des autres, prix Max Jacob 1957 ; Les
Alphabets de Feu, Grand Prix de Poésie de l'Académie Française,
1994).
Il est aussi critique d'art, essayiste (Le Piéton de
Venise, "roman contemporain", prix Henri-de-Régnier 2005 de
l'Académie française) et auteur d'un "opéra-verbe" (Le Grand
Labyrinthe, 1971).
"Je crois en l'homme simplement
pour sa résistance à la nuit ..."
(Marc Alyn)
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Un printemps tout neuf
Un arbre sourit de
toutes ses fleurs.
Des ramiers s'en vont, à deux, vers le fleuve.
Le
coucou vivant au bois donne l'heure :
Voici le printemps dans sa
robe neuve !
Quel joli printemps aux yeux de pervenche,
Aux lèvres de rose, aux
doigts de lilas !
La vie sur l'hiver a pris sa revanche
Et danse
en chantant un alléluia.
Marc Alyn
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Bulletin de santé (extrait)
[...]
Ma
tour d’ivoire c’est la rue
où se pressent des inconnus
guidés
chacun par leur misère
chacun la sienne pas de jaloux !
Je ne suis pas un alchimiste
Je ne transforme rien en rien
simplement
je suis mon chemin
semant des graines dans les ruines
Toutes ces pierres sous mes pas
me sont précieuses et nécessaires
je
suis riche de cette terre
qu’un jour de pluie on me donna
Je n'ai pas besoin des nuages
pour alimenter ma chanson !
Mon
cœur est plein de ciel
mon regard de chants d'oiseaux
Je crois en l'homme simplement
pour sa résistance à la nuit
...
Marc Alyn ("Liberté de voir" - éditions Terre de Feu - et dans 'Poèmes à dire" choisis par Daniel Gélin - Seghers, 1974)
Paul Arène, ou Paul-Auguste Arène, (1843-1896) est un poète de langue provençale et française, contemporain et proche d'Alphonse Daudet (il aurait participé à l'écriture des Lettres de mon moulin) et de François Coppée (poète présent sur le blog dans la catégorie "Hiver"). Il préside le Félibrige de Paris en 1879 (mouvement littéraire créé par Frédéric Mistral en 1854 pour favoriser et organiser la sauvegarde et la promotion de la langue d’oc).
Si le poème qui suit célèbre la fin de l'automne et l'hiver à Chaville, en région parisienne, c'est la Provence de Sisteron qu'il décrit préférentiellement dans ses nouvelles, poèmes et romans.
Le texte présenté ici, et celui qui suit, sont tirés de l'édition originale du livre, édition posthume de ses Œuvres complètes :
Paysage
L'automne à Chaville est superbe ;
Le bois par place est resté vert ;
Ailleurs, tournant au vent d'hiver
Les feuilles s'abattent sur l'herbe ;
Mais les grands chênes fiers encor,
Gardent leur parure tenace,
Et, sentant que le froid menace
S'habillent de cinabre et d'or.
Qu'importe si le ciel est sombre,
Quand on a la claire forêt,
Son feuillage ardent qui paraît
Plus radieux au sein de l'ombre
Nous garde en ses rameaux vermeils,
Dans ses feuilles d'or pur baignées,
Et de longs rayons imprégnées,
Le souvenir des vieux soleils.
Deux pages plus loin dans ce même recueil, un autre poème est une déclinaison de celui-ci, sous un autre titre et sans doute dans les mêmes lieux. Paul Arène nous donne ainsi le choix :
Chronique d'automne (début du texte)
Il fait bleu ! le temps est superbe ;
Pour se promener en rêvant.
Averse pourpre dans le vent,
Les feuilles s'abattent sur l'herbe ;
Mais les grands chênes fiers encor,
Gardent leur parure tenace,
Et, sentant que le froid menace
S'habillent de cinabre et d'or.
Qu'importe si le ciel est sombre,
Quand on a les bois familiers ?
Le couvert rouillé des halliers,
Plus radieux au sein de l'ombre,
Garde avec des tons de velours,
Dans ses branches d'or pur baignées,
Et de longs rayons imprégnées,
Un vague reflet des beaux jours.
Or, j'allais, songeant à ces choses,
Loin de la grand'ville et cherchant,
Sur quelque pente, au coin d'un champ,
Fatigué des apothéoses,
L'apothéose du couchant.
[...]
* "Le souvenir des vieux hivers" : cette variante qu'on peut rencontrer, n'est pas semble-t-il de la main de Paul Arène.
Paul Arène, écrit en 1883 - ("Poésies de Paul Arène", chapitre "Tableaux parisiens et paysages", préface d'Armand Silvestre, éditions Lemerre, 1900 et "Œuvres Complètes", aux Éditions Culture Provençale et Méridionale)
Théodore de Banville (1823-1891) est un poète parnassien.
À la Forêt de Fontainebleau (passage)
[...]
N'est-ce pas, n'est-ce pas que vous étiez vivant,Noir feuillage, immobile et triste sous le vent,
Comme une mer qu'un dieu rend docile à ses chaînes ?
Et vous, colosses fiers, arbres noueux, grands chênes,
Rien n'agitait vos fronts, par le temps centuplés !
Pourtant vos bras tordus et vos muscles gonflés,
Ces poses de lutteurs affamés de carnage
Que vous conserviez, même à cette heure où tout nage
Dans la vive lumière et l'atmosphère en feu,
Laissaient voir qu'autrefois, sous ce ciel vaste et bleu,
Vous aviez dû combattre, ô géants centenaires !
Au milieu des Titans vaincus par les tonnerres.
Et vous, rochers sans fin, suspendus et croulants,
Sur qui l'oiseau sautille, et qui, depuis mille ans,
Gardez, sans être las, vos effroyables poses,
La mousse et le lichen et les bruyères roses
Ont beau vivre sur vous comme un jardin en fleur,
Ne devine-t-on pas dans quelle âpre douleur
Un volcan souterrain, contre le jour qu'il brave,
Jadis vous a vomis avec un flot de lave !
[...]
Théodore de Banville (recueil "Le sang de la coupe", publié dans "Le Sang de la coupe. Trente-six Ballades joyeuses. Le Baiser", éditions Lemerre, 1890)
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L'Hiver
Au bois de Boulogne, l'Hiver,
La terre a son manteau de neige.
Mille Iris, qui tendent leur piège,
Y passent comme un vif éclair.
Toutes, sous le ciel gris et clair,
Nous chantent le même solfège ;
Au bois de Boulogne, l'Hiver,
La terre a son manteau de neige.
Toutes les blancheurs de la chair
Y passent, radieux cortège ;
Les Antiopes de Corrège
S'habillent de martre et de vair
Au bois de Boulogne, l'Hiver.
Théodore de Banville (recueil "Les Cariatides", éditions Lemerre, 1877)
Charles BAUDELAIRE, Pierre BÉARN - PRINT POÈTES 11 : PAYSAGES en français
La poésie de Charles Baudelaire (1821-1867) s'écarte du modèle classique respecté jusqu'ici. La forme des "Fleurs du mal" n'est pas totalement nouvelle, mais c'est sur le fond qu'il libère la poésie des barrières éthiques et morales de son temps, n'hésitant pas à inviter la laideur et le vice dans les rimes de ce recueil, ce qui lui vaudra quelques ennuis pour "offense à la morale religieuse" et "outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs". Une amende et surtout l'obligation de retirer les textes les plus dérangeants. Ce jugement ne sera "cassé" qu'un siècle plus tard, en 1949... On citera un deuxième ouvrage remarquable par sa liberté d'écriture : "Petits poèmes en prose ou Le Spleen de Paris ", qui ne sera hélas publié qu'à titre posthume.
On ne trouvera évidemment dans le choix de textes pour la classe qui suit, que les poèmes les plus "raisonnables", approchant le thème du paysage.
L'étranger
- Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère,
ta sœur ou bien ton frère ?
- Je n'ai ni père, ni mère, ni sœur, ni
frère.
- Tes amis ?
- Vous vous servez là d'une parole dont le
sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu.
- Ta patrie ?
- J'ignore
sous quelle latitude elle est située.
- La beauté ?
- Je
l'aimerais volontiers, déesse et immortelle.
- L'or ?
- Je le hais
comme vous haïssez Dieu.
- Eh! qu'aimes-tu donc, extraordinaire
étranger ?
- J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas...
là-bas... les merveilleux nuages !
Charles Baudelaire ("Petits poèmes en prose ou Le Spleen de Paris " publication posthume en 1869)
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L'Homme et la mer
Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir,
tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame
Et ton
esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais à plonger au
sein de ton image ;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton cœur
Se
distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte
indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et
discrets ;
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes ;
Ô mer, nul
ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder
vos secrets !
Et cependant voilà des siècles innombrables
Que
vous vous combattez sans pitié ni remords,
Tellement vous aimez le
carnage et la mort,
Ô lutteurs éternels, Ô frères implacables !
Charles Baudelaire ("Les Fleurs du Mal" - 1857)
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L'invitation au voyage
Mon enfant, ma soeur,
Songe à la douceur
D’aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillants à travers leurs larmes.
Là tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l’ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
A l’âme en secret
Sa douce langue natale.
Là tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe calme et volupté.
Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l’humeur est vagabonde ;
C’est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu’il viennent du bout du monde.
– Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D’hyacinthe et d’or ;
Le monde s’endort
Dans une chaude lumière.
Là tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe calme et volupté.
Charles Baudelaire ("Les Fleurs du Mal" - 1857)
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Harmonie du soir
Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.
Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige,
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige !
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige...
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !
Charles Baudelaire ("Les Fleurs du Mal" - 1857)
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Le coucher du soleil romantique
Que le soleil est beau quand tout frais il se lève,
Comme une explosion nous lançant son bonjour !
- Bienheureux celui-là qui peut avec amour
Saluer son coucher plus glorieux qu'un rêve !
Je me souviens ! J'ai vu tout, fleur, source, sillon,
Se pâmer sous son oeil comme un cœur qui palpite...
- Courons vers l'horizon, il est tard, courons vite,
Pour attraper au moins un oblique rayon !
Mais je poursuis en vain le Dieu qui se retire ;
L'irrésistible Nuit établit son empire,
Noire, humide, funeste et pleine de frissons ;
Une odeur de tombeau dans les ténèbres nage,
Et mon pied peureux froisse, au bord du marécage,
Des crapauds imprévus et de froids limaçons.
Charles Baudelaire ("Les Fleurs du Mal" - 1857)
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Le soleil
Le long du vieux faubourg, où pendent aux masures
Les persiennes, abri des secrètes luxures,
Quand le soleil cruel frappe à traits redoublés
Sur la ville et les champs, sur les toits et les blés,
Je vais m'exercer seul à ma fantasque escrime,
Flairant dans tous les coins les hasards de la rime,
Trébuchant sur les mots comme sur les pavés,
Heurtant parfois des vers depuis longtemps rêvés.
Ce père nourricier, ennemi des chloroses,
Eveille dans les champs les vers comme les roses ;
Il fait s'évaporer les soucis vers le ciel,
Et remplit les cerveaux et les ruches de miel.
C'est lui qui rajeunit les porteurs de béquilles
Et les rend gais et doux comme des jeunes filles,
Et commande aux moissons de croître et de mûrir
Dans le cœur immortel qui toujours veut fleurir !
Quand, ainsi qu'un poète, il descend dans les villes,
Il ennoblit le sort des choses les plus viles,
Et s'introduit en roi, sans bruit et sans valets,
Dans tous les hôpitaux et dans tous les palais.
Charles Baudelaire ("Les Fleurs du Mal" - 1857)
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Paysage
Je veux, pour composer chastement mes églogues,
Coucher auprès du ciel, comme les astrologues,
Et, voisin des clochers, écouter en rêvant
Leurs hymnes solennels emportés par le vent.
Les deux mains au menton, du haut de ma mansarde,
Je verrai l'atelier qui chante et qui bavarde ;
Les tuyaux, les clochers, ces mâts de la cité,
Et les grands ciels qui font rêver d'éternité.
Il est doux, à travers les brumes, de voir naître
L'étoile dans l'azur, la lampe à la fenêtre,
Les fleuves de charbon monter au firmament
Et la lune verser son pâle enchantement.
Je verrai les printemps, les étés, les automnes ;
Et quand viendra l'hiver aux neiges monotones,
Je fermerai partout portières et volets
Pour bâtir dans la nuit mes féeriques palais.
Alors je rêverai des horizons bleuâtres,
Des jardins, des jets d'eau pleurant dans les albâtres,
Des baisers, des oiseaux chantant soir et matin,
Et tout ce que l'Idylle a de plus enfantin.
L'Émeute, tempêtant vainement à ma vitre,
Ne fera pas lever mon front de mon pupitre ;
Car je serai plongé dans cette volupté
D'évoquer le Printemps avec ma volonté,
De tirer un soleil de mon cœur, et de faire
De mes pensers brûlants une tiède atmosphère.
Charles Baudelaire ("Les Fleurs du Mal" - 1857)
Pierre Béarn (1902-2004), poète et romancier français, a traversé le XXe siècle entier. Il est connu des écoliers pour ses recueils de fables.
Homme, / qui que tu sois / tu n’emporteras rien / avec toi. Pierre Béarn
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Usine de campagne
Usine ourlant de laideur grise un champ de blé
si honteuse dans sa logique
de dresser là ses murs de briques
qu’on la prendrait pour un grand vaisseau naufragé.
Sa cheminée trop haute et qui semble vétuste
distille une fumée d’hiver
que le vent aussitôt conquiert
pour tracer dans le ciel un fin chemin d’arbustes.
Le lierre et les orties cernent les alentours
et la mousse attendrit ses tuiles
en leur donnant un air fertile
de jachère attendant l’époque des labours.
Mais dans l’été qui dort son haleine est trop forte
pour les papillons audacieux
et les blés ont pris l’air soucieux
des arbres quand ils voient tomber leurs feuilles mortes.
Pierre Béarn ("Couleurs d'usine" - éditions Seghers, 1951)
Luc BÉRIMONT, Michel BESNIER - PRINT POÈTES 11 : PAYSAGES en français
Luc Bérimont (1915 -1983), poète et romancier, de son vrai nom André Leclercq, était un poète engagé. Dans la Résistance pendant la deuxième guerre mondiale, dans ses écrits poétiques, et dans la défense et la promotion de la poésie et de la chanson nouvelles, à l'image du poète-éditeur Pierre Seghers, qu'il a côtoyé.
Il a animé des émissions de radio pour faire connaître chanteurs et poètes (La Fine Fleur).
Des textes de Luc Bérimont ont été chantés par Léo Ferré, Marc Ogeret ("Madame à minuit, croyez-vous qu'on rêve ?...") ou Jacques* Bertin (rectification du 21 mai 2012, voir en commentaires).
Sa poésie est intense et passionnée ("Un feu vivant", à découvrir peut-être d'abord pour entrer dans son univers). Il a écrit des recueils de poésies pour les enfants, en particulier les Comptines pour les enfants d'ici et les canards sauvages (Librairie Saint-Germain-des-Prés, 1974).
Ses œuvres complètes sont en cours de publication au éditions du cherche-midi (seul le tome 1 est paru), mais elles existent déjà en trois volumes sous ce titre : Coffret Luc Bérimont, Poésies complètes (Presses de l'Université d'Angers, 2009). On peut retrouver de magnifiques textes de Luc Bérimont, et un intéressant éclairage sur l'auteur ici : http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/berimont/berimont.html
La nuit d’aube (passages - début et fin du poème)
Une rose a percé la pierre de la neige
Une rose a percé la pierre de l’hiver
Galopez dans le ciel, chevaux blancs des cortèges
Une rose a percé la pierre de la neige.
[...]
Il suffit d’un baiser qui réchauffe la neige
Et notre rose à nous brûle déjà ta main.
Luc Bérimont ("C'était hier et c'est demain", Seghers, 2004)
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Comme des eaux qui se dénouent ...
Comme des eaux qui se dénouent
Sous la neige, parmi les boues
Dans l'éclosion terrible et tendre
D'un bourgeon voulu par le feu
Comme un lac sur des herbes bleues
Comme le flanc frileux des biches
Comme l'envol noir sur les friches
Des oiseaux mouillés du printemps
Mon sang t'environne et t'attend.
Luc Bérimont ("Un feu vivant", Flammarion, 1968)
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je t'attends aux grilles des routes
je t'attends aux grilles des routes
aux croisées du vent du sommeil
je crie ton nom au fond des soutes
des marécages sans oiseaux
du fond de ce désert de fonte
où je pose un à un mes pas
j'attends la source de tes bras
de tes cheveux de ton haleine
j'attends la source de tes bras
de tes cheveux de ton haleine
tu es terrible tu m'enchaînes
tu me dévastes tu me fais
je t'attends comme la forêt
inextricable enchevêtrée
tissée de renards et de geais
mais que le matin fait chanter.
Luc Bérimont ("Un feu vivant", Flammarion, 1968)
Michel Besnier (né en 1945) , enseignant, romancier et poète, écrit pour la jeunesse.
Mes résidences
Je n’habite pas du côté de l’océan
mais du côté de la goutte d’eau
Je n’habite pas du côté de la forêt
mais du côté du brin d’herbe
Je n’habite pas du côté de l’ouragan
mais du côté du courant d’air
Je n’habite pas du côté de l’aigle
mais du côté du pingouin
Dites-moi où vous habitez
si vous habitez mon quartier
Je viendrai un de ces jours
vous dire un petit bonjour
Michel Besnier ("Le Verlan des oiseaux et autres jeux de plumes" illustré par Henri Galeron, éditions Motus, Collection Pommes Pirates Papillons, 1995)
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Robert BESSE - PRINT POÈTES 11 : PAYSAGES en français
Robert Besse est un poète contemporain des plus discrets. Deux recueils connus : "Poèmes pour un oiseau" et "Noce sous la mer".
Les enseignants et les élèves connaissent de lui ce petit tableau, palette de couleurs :
L’arc-en-ciel
De sa cage de nuages et de pluie
Un bel oiseau s’est évadé
pour se poser sur les doigts du soleil
Bleu indigo violet
Vert jaune orangé rouge
Plus un enfant ne bouge
Le bel oiseau a déployé
Ses plumes sur le ciel
Robert Besse ("Poèmes pour un oiseau", éditions Trace)
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Du recueil "Noce sous la mer", ce court poème, pas dans le thème du paysage, mais si juste...
Le lézard
Le seul bruit de ma voix
délivre le lézard
qui s'était pris les pattes
dans la chaleur.
Robert Besse ("Noce sous la mer", éditions Saint-Germain-des-Prés, 1976)